La première journée de ce module consacré notamment aux politiques patrimoniales a débuté au Château de Blois. Après une ouverture de la journée par Jérôme Boujot, 1er adjoint de la Ville de Blois, en charge de l’urbanisme, de l’architecture, du patrimoine bâti, et de la transition écologique des bâtiments, Bastien Lopez, conservateur du patrimoine, directeur du Château royal de Blois a ensuite rappelé l’histoire de ce château royal désormais sous gestion municipale qui représente un exemple unique de l’évolution de l’architecture française du 13e au 17e siècles. Il a notamment rappelé que le château de Blois était originellement entouré de jardins, et conçu pour dialoguer avec le paysage de la Loire. Trois jardins commandés à Gilles Clément vont permettre de relier le château à son histoire paysagère.
S’en est suivie une table ronde sur les projets de territoire et le rôle de l’architecture du paysage et du patrimoine comme leviers de développement. Jérôme Boujot a tout d’abord fait un rappel historique de la construction progressive de la ville depuis les rives de la Loire. Cette matrice essentielle du tissu urbain continue de guider les politiques d’urbanisme pour redynamiser l’existant, redensifier le centre ville et limiter le phénomène d’étalement urbain. Cette politique de requalification est menée dans le cadre du dispositif « Action Cœur de Ville », en lien avec les propriétaires privés et en tenant compte d’un projet de territoire fortement orienté par des ambitions environnementales. Nicolas Orgelet, vice-président à la résilience écologique de la Communauté d’agglomération de Blois, conseiller municipal de Blois, a rappelé que la notion de paysage s’est construite initialement en Val de Loire avec un prisme culturel, en lien avec la présence des châteaux. Aujourd’hui la dimension environnementale prend de l’importance et la nature est perçue comme un patrimoine à part entière. Les politiques publiques doivent donc se construire à partir des attachements culturels des habitants, de ce qui compte pour eux dans leur territoire. En particulier, la Loire devient un élément essentiel dans l’imaginaire, moins pour les usages de loisirs qu’on y avait projetés dans les années 70, que pour son aspect sauvage qui en fait une des premières motivations touristiques aujourd’hui. Christine Diacon, directrice régionale des affaires culturelles Centre Val de Loire a ensuite appelé à ne plus penser l’objectif de développement d’un territoire comme celui d’une extension et d’un accroissement indéfini du bâti, et à envisager plutôt l’action publique en termes de transformations, d’évolutions, pour lesquelles le patrimoine doit être vu comme un « déjà-là » riche de potentiels et non comme une contrainte. La compréhension sensible et empirique des enjeux pour le futur est essentielle, et les interventions artistiques sont précieuses pour cela.
La matinée s’est terminée par une visite du Château de Blois.
L’après-midi s’est poursuivie à l’École de la nature et du paysage - Insa Centre Val de Loire où Lolita Voisin et Olivier Gaudin, tous deux professeurs dans cette école supérieure, ainsi que Dimitri Boutleux, aujourd’hui maire adjoint de Bordeaux mais aussi ancien élève de l’École, sont revenus sur l’historique de création de cette école singulière et sur ses principes pédagogiques. Cette formation, au croisement des pratiques scientifiques et créatives, comprend des enseignements tournés vers la compréhension des sciences du vivant, des enseignements de sciences humaines et sociales, des enseignements d’art plastique et de représentation, des enseignements techniques d’ingénierie du projet de paysage ; l’ensemble de ces enseignements convergent vers la pratique du projet de paysage.
L’École Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage a été, suite à une restructuration architecturale, installée dans l’ancienne chocolaterie Poulain, en plein cœur de ville. Occasion pour le CHEC de se pencher sur le projet architectural de réhabilitation de cette ancienne usine, mené avec une attention forte aux usages et à leurs évolutions potentielles. Occasion également d’une rencontre avec Grégoire Bruzelier, directeur du CAUE (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) du Loir-et-Cher qui a présenté la variété des missions de son institution pour aider les collectivités à réinventer leurs espaces publics, et avec Adrienne Barthélémy, architecte des bâtiments de France, cheffe de l’UDAP du Loir-et-Cher qui est revenue plus globalement sur les projets urbains du Quartier Poulain et du Quartier Gare de Blois.
Enfin, avec Hélène Lebedel-Carbonnel, Inspectrice des patrimoines et de l’architecture, ancienne conservatrice régionale adjointe des Monuments Historiques à la DRAC Centre-Val de Loire et ancienne auditrice du CHEC, les auditeurs ont pu faire une visite du quartier Saint Nicolas et des bords de Loire, prendre la mesure de la richesse architecturale de la ville ainsi que des enjeux importants de conservation, de réhabilitation et d’invention de nouveaux usages des bâtiments patrimoniaux.
En soirée, les auditeurs ont débattu et voté pour le choix du nom de leur promotion : après un débat riche autour de plusieurs propositions, chacune présentée par leurs promoteurs, ils ont choisi Niki de Saint Phalle pour représenter leur Session annuelle, pour l’inventivité sans cesse renouvelée de son œuvre, qu’elle a très souvent pensée pour l’espace public, et pour ses nombreux engagements.
La deuxième journée s’est déroulée au Domaine de Chaumont sur Loire. Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine et du Festival des jardins, Commissaire des expositions a retracé l’histoire de ce lieu patrimonial acquis par la Région Centre-Val de Loire en 2007, qui est devenu un lieu incontournable avec sa triple identité: patrimoniale, artistique et jardinistique puisque Le domaine abrite un Centre d’Arts et de Nature, et organise chaque année le Festival International des Jardins, rendez-vous international dédié à la création, à l’imagination, à la poésie et à la nature.
Jean-François Hebert, directeur général des patrimoines et de l’architecture du ministère de la Culture est ensuite intervenu pour montrer la place que peut prendre la question de l’espace public dans les politiques du patrimoine et de l’architecture. Prenant pour point de départ un paradoxe (le terme d’espace public n’est pas une notion-clé du langage du patrimoine), il a démontré que la dynamique historique de protection des monuments historiques, qui s’est étendue aux abords puis plus largement au territoire qui accueille le monument, embrasse de plus en plus résolument la préservation et la valorisation de l’espace public. Traversées par les enjeux de développement durable, de renaturation de la ville ou de revitalisation des centres anciens, les politiques du patrimoine et de l’architecture sont toujours à la recherche du meilleur point d’équilibre conciliant qualité de vie et préservation du cadre bâti.
En début d’après-midi, les auditeurs ont assisté à une table ronde avec Bruno Marmiroli, architecte paysagiste, directeur de la Mission Val de Loire, Lolita Voisin, et Olivier Gaudin, sur les expérimentations de recherche et de dialogue sur le Val de Loire afin d'appréhender le paysage véritablement comme un espace public.
La journée à Chaumont s’est terminée par une visite du domaine et la découverte du Festival des Jardins en compagnie de Chantal Colleu-Dumont.
Par la suite, Gilles Rion, directeur de la Fondation du doute, a accueilli les auditeurs dans cette institution singulière imaginée par l’artiste Ben Vautier et portée par la Ville de Blois. La Fondation du doute est un lieu atypique dédié à l’art contemporain, qui propose un parcours permanent consacré à Fluxus, mouvement international majeur du 20ème siècle, des expositions temporaires, ainsi qu’un programme riche et varié d’évènements consacrés à la création d’aujourd’hui.
Le module s’est conclu en troisième journée au Château de Cheverny. Après un accueil par Charles-Antoine de Vibraye, propriétaire du château, les auditeurs ont pu assister à une table ronde sur les interactions entre culture et tourisme avec Pierre Dubreuil, Directeur du Domaine national de Chambord, Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, communauté d’agglomération de Blois et Charles-Antoine de Vibraye, et engager le dialogue avec les intervenants Avec des approches culturelles, des statuts et des modèles économiques différents, les grands châteaux de la Loire intègrent complètement la dimension touristique dans leurs projets.
La matinée s’est conclue par une intervention de Lionella Gallard, maire de Cheverny, qui est revenue sur le Printemps de la ruralité auquel sa commune a participé en accueillant une journée de réflexion.
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