Mercredi 11 octobre :
Pour le premier jour du second module, le groupe a été chaleureusement accueilli par l’équipe du Pavillon de l’Arsenal, représentée par Estelle Sabatier – directrice des publics, de la communication, de l’évènementiel et du numérique – qui a présenté les missions et les enjeux du Pavillon et son rôle dans la diffusion de la culture métropolitaine du Grand Paris en insistant notamment sur la nécessité de démocratiser les concepts d’architecture et d’urbanisme pour permettre au grand public de comprendre la dimension de présence culturelle dans l’espace public.
Puis c’est Dimitri Boutleux – paysagiste, urbaniste et adjoint en charge de la culture de la ville de Bordeaux, auditeur de cette cinquième session – qui est intervenu sur la question des mesures à mettre en place pour accompagner la déprise de l’automobile. En prenant l’exemple des initiatives déjà portées par la métropole bordelaise pour favoriser les modes de déplacement doux (ex : vélo) et en présentant les pratiques urbanistiques outre-Atlantique, il a montré combien la forme urbaine de la ville et la façon dont on la pratique gagnent à prendre pied sur un idéal utopique nourri par les réflexions des techniciens mais aussi des intellectuels et des artistes. Cette intervention a donné lieu à un débat sur la place et le rôle des artistes aux côtés des urbanistes et des élus, à la culture de l’espace public dans l’Europe de l’Ouest ou encore à la nécessité de repenser la multiplicité des formes urbaines adaptables aux besoins.
Pour clôturer la matinée, Isabelle de Ponfilly – présidente et fondatrice du cabinet OFISU et Etienne Riot – docteur en urbanisme et directeur de la recherche et de l’innovation de l’agence PCA-STREAM ont présenté au groupe l’étude urbaine d’envergure sur les Champs-Élysées, menée par PCA-STREAM, qui s’est déroulée en trois phases : l’émergence d’une vision pour réenchanter l’avenue, une exposition au Pavillon de l’Arsenal suivie d’une publication et enfin une étude urbaine opérationnelle avec des visions concrètes à horizon 2030. Après avoir évoqué l’histoire des Champs et leur caractère central dans la vie quotidienne parisienne – à la fois lieu de loisir et lieu de diffusion du pouvoir régalien – les deux intervenants ont insisté sur les aménagements nécessaires pour rendre l’avenue durable, inclusive et désirable.
En début d’après-midi, Laurent Roturier – Directeur régional des affaire culturelles d'Ile-de-France et Pierre-Emmanuel Bécherand – responsable de l’architecture et de la culture pour la Société du Grand Paris sont revenus sur les enjeux du Grand Paris Express et notamment sur la création des 68 nouvelles gares dans les territoires périphériques du Grand Paris en soulignant leur rôle dans l’émergence de nouvelles centralités culturelles. Laurent Roturier a rappelé la volonté de placer la culture comme marqueur du projet de réaménagement du territoire urbain et de penser la ville de demain avec en son centre l’art au cœur de l’espace public. Pierre-Emmanuel Bécherand a ensuite présenté les différentes initiatives et manifestations culturelles qui accompagnent le temps des chantiers ainsi que le fonctionnement en tandem artiste/architecte pour concevoir les œuvres qui seront présentes au sein des nouvelles gares.
La journée s’est terminée par l’intervention de Maud Le Floc’h – fondatrice et directrice du POLAU (Pôle Art et Urbanisme, basé à Tours) – sur les potentialités de l’urbanisme culturel. Maud Le Floc’h a insisté sur l’existence de liens de longue date entre l’art et l’urbanisme qui co-existent notamment à travers l’urbanisme culturel où artistes et élus sont consultés dans l’aménagement de l’espace public. Les missions du POLAU s’inscrivent précisément dans cette lignée puisqu’il accompagne les opérateurs culturels et travaille avec les maîtrises d’ouvrages afin de convier des modalités artistiques et culturelles dans l’outillage de projets d’aménagement territorial. Selon elle, pour briser les barrières existantes entre les deux mondes, il s’agit de mettre l’accent sur la formation et montrer en quoi les méthodologies artistiques et culturelles sont bénéfiques à la conception de projet urbain.
Jeudi 12 octobre
Pour débuter cette deuxième journée aux Ateliers Médicis de Clichy-sous-Bois, le groupe a été accueilli par la directrice de l’établissement, Cathy Bouvard, qui a rappelé les missions du lieu qui s’articulent autour de trois pôles : le renouvellement des trajectoires des artistes issus de quartiers populaires par l’accueil de résidence, la formation et l’accompagnement à la professionnalisation dans le monde de la culture pour les jeunes issus des quartiers populaires et enfin la porosité du lieu faisant des Ateliers un lieu de vie quotidien des habitants du territoire.
Noël Corbin – délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle du ministère de la Culture – est ensuite intervenu pour resituer les missions des Ateliers Médicis avec le concept de l’art comme activateur de démocratie culturelle dans l’espace public. Le délégué général a rappelé que chaque être humain est porteur en lui d’une parcelle universelle et constitue un être de culture. Dans la lignée des droits culturels, Noël Corbin a invité l’auditoire à penser les notions de participation, d’œuvre territorialisée en prise avec les habitants de l’espace public où elle se trouve et d’appropriation usagère d’une œuvre par le public.
Nicola Delon – agence Encore Heureux, maître d’œuvre du nouveau bâtiment architectural - en dialogue avec Renan Benyamina, directeur délégué des Ateliers Médicis ont clôturé la matinée en revenant sur les enjeux de projet architectural du nouveau bâtiment des Ateliers Médicis. Il s’agit pour l’architecte de conceptualiser son projet architectural en lien direct avec la population du territoire pour éviter d’en faire un lieu exogène. Cette intervention a permis de révéler les changements de paradigme qui traversent aujourd’hui la profession d’architecte/urbaniste en relation avec les attentes de la population mais aussi des conditions écologiques qui transforme une architecture du résultat en architecture du processus.
Le déjeuner a été l'occasion de découvrir les mets préparés par l'atelier Cuisine Mode d'Emploi, école de cuisine pour personnes en parcours de réinsertion fondée par Thierry Marx et implantée à Clichy-sous-Bois.
Eleftherios Kechagioglou, auditeur de la session et directeur du Plus Petit cirque du Monde, à Bagneux a ensuite présenté l’aventure de ce lieu singulier qui est devenu le premier Centre Culturel de Rencontre dédié à la banlieue et ses patrimoines. Il en a présenté les missions principales structurées autour de la formation, l’éducation artistique et culturelle et l’accompagnement des artistes issus des quartiers du territoire. Il a montré les difficultés à surmonter l’enclavement d’un territoire comme Bagneux, souligné l’importance du symbole que constitué l’existence d’un bâtiment comme celui du Plus Petit Cirque du Monde sur ce site et a également présenté le modèle de gouvernance du CCR, qui prévoit et promeut l’inclusion et la participation des habitants des quartiers.
L’après-midi fut ensuite marquée par la double intervention de Mame-Fatou Niang, artiste et maîtresse de conférences à Carnegie Mellon University (Pennsylvanie, États-Unis), et de Sébastien Kheroufi, comédien, metteur en scène, tous deux en résidence aux Ateliers Médicis. Tous deux sont revenus à la fois sur leur parcours de vie singulier, sur ce qui les a conduit à l’expression artistique, et sur leur production artistique réalisée dans le cadre de leur résidence et la construction de celle-ci en lien avec les habitants du territoire.
Vendredi 13 octobre
Pour cette dernière journée, le groupe s’est rendu sur le chantier du site olympique du village des athlètes sur le territoire de Saint-Ouen et a été accueilli par les équipes de la SOLIDEO (Société de livraison des ouvrages olympiques). Marion Le Paul, directrice adjointe de la SOLIDEO a introduit la journée en présentant les 68 ouvrages olympiques sur l’ensemble du territoire, puis la conception du village des athlètes, et la démarche artistique avec les 16 œuvres qui y seront installées, en faisant dialoguer les attentes pour le bon déroulé des Jeux Olympiques de Paris 2024 et la notion de pérennité et d’héritage du site qui deviendra propriété des habitants du territoire à la suite des Jeux.
Le groupe a ensuite eu la chance de visiter une partie du chantier de construction du Village des Athlètes.
La matinée fut clôturée par Brigitte Guigueno, adjointe au sous-directeur du pilotage, de la communication et de la valorisation des archives, Service interministériel des archives de France et Arthur Gallois, chargé de recherche au service culture & olympisme du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Les deux intervenants ont présenté les modalités de pilotage de la Grande Collecte des archives du sport, conduite dans le cadre des Jeux Olympiques de Paris 2024, initiative labellisée Olympiade Culturelle. Basée sur une mobilisation volontaire des archives privées, le but est de collecter, recenser et valoriser les archives liées à la pratique du sport sur l’ensemble du territoire national.
Sébastien Zonghero, Conseiller municipal de Saint-Ouen-sur-Seine, délégué au patrimoine communal et aux relations institutionnelles, Conseiller territorial en charge de la valorisation de la Seine a présenté la stratégie de développement du territoire de Saint-Ouen, dans laquelle la présence du Village des Athlètes prendra toute sa part.
Le module s’est terminé par une table ronde associant Dominique Hervieu, Directrice culture de Paris 2024 et Sophie-Justine Lieber, Directrice générale de l’Établissement Public du Parc et de la Grande Halle de la Villette, animée par François Laurent, délégué ministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques. François Laurent a d’abord rappelé en quoi la culture était pleinement inscrite dans la pratique de l’olympisme depuis Pierre de Coubertin en montrant que la pratique artistique et culturelle fait partie de l’idéal et de la philosophie des Jeux. Dominique Hervieu a par la suite évoqué les modalités de conception des Olympiades Culturelles sur l’ensemble du territoire national, structurées autour du thème central « Culture et sport ». Sophie-Justine Lieber a présenté les initiatives portées par la Villette dans le cadre des Jeux Olympiques et notamment l’accueil du Club France et les Archi’Folies (construction de pavillons pour les fédérations nationales étrangères en partenariat avec les 20 écoles nationales d’architecture).
Ces deux interventions ont permis de mettre en lumière la complexité du pilotage de projets culturels d’envergure en lien avec une multiplicité d’acteurs à la fois sur un territoire donné et avec l’ensemble des strates du territoire national. La conjonction des acteurs devant se faire en respectant les attentes des Jeux tout en concevant des projets, souvent réalisés dans l’espace public, résonnant avec les réalités des territoires et pensées en terme d’héritage et d’appropriation par le public à la suite de l’évènement.
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