1968-02-09 - « L’affaire Langlois »

09/02/1968
« L’affaire Langlois »
L’affaire Langlois 09_02_1968

Le 9 février 1968, les représentants de l’État au conseil d’administration de la Cinémathèque, association créée en 1936 par Henri Langlois et Georges Franju mais dont le budget est principalement alimenté par l’État, retirent sa direction artistique à Langlois, auquel ils reprochent une gestion hasardeuse et des collections mal tenues et mal conservées. Les cinéastes membres du conseil, dont François Truffaut, refusent d’y siéger plus longtemps et constituent un comité de défense qui rassemble acteurs et intellectuels du monde entier autour du père de la Cinémathèque et qui critique l’ingérence de l’État, avec le soutien de Combat, du Monde et des Cahiers du cinéma et bientôt le relais de l’opposition, dont François Mitterrand et Pierre Mendès-France. Les producteurs, notamment des majors américaines, propriétaires des films déposés à la Cinémathèque (sauf ceux appartenant à Langlois lui-même), interdisent les projections et menacent de retirer leurs dépôts. Des échauffourées ont lieu devant le palais de Chaillot, avec Truffaut, Godard et Michel Simon, et Daniel Cohn-Bendit qui y fait ses débuts politiques. Le 22 avril, la Cinémathèque rétablit Langlois dans ses fonctions. L’épisode accélère la mise en place d’un service d’archives du film au sein du CNC (1969) et du dépôt légal pour les films (acquise en 1977). Conjugué avec les évènements de mai, il entraîne aussi une fronde des cinéastes français pendant le Festival de Cannes, menée par Truffaut, Godard et Claude Berri. Plusieurs membres du jury démissionnent tandis que des réalisateurs demandent le retrait de leurs films en compétition. Le 19 mai, le festival est clôturé de manière anticipée, sans palmarès.