Aujourd’hui, après plus de dix ans d’éclipse, la « Nuit du Jasmin» renaît.
Quel beau symbole alors que le « printemps de Tunis » est encore dans
les mémoires de chacun! Aujourd’hui, cette belle initiative nous permet
manifester notre solidarité et notre soutien au peuple tunisien pour saluer
son courage et son abnégation. Car derrière la légèreté subtile et délicate
du jasmin, il y a les victimes et les morts de la révolution tunisienne.
Oui, au cours des derniers mois, la Tunisie a donné une leçon de courage,
une leçon d’abnégation au monde ; cette leçon nous la faisons nôtre. Nous
avons beaucoup à apprendre de ce qui a été engagé dans ce pays. Et la
présence de 700 000 Tunisiens résidant en France, tout comme les 2
millions de Français qui visitent chaque année la Tunisie, notamment grâce
aux agences et aux opérateurs touristiques nommés ce soir, nous obligent
et nous invitent à l’action.
Je suis donc particulièrement heureux que cette soirée honore des
personnalités issues du monde de la communication et de la presse, mais
aussi issues du monde du tourisme, celles qui sont un « trait d’union »
naturel et constant entre nos deux pays. Dans le domaine de l’audiovisuel
et des médias - qui relève de ma compétence - les télévisions publiques
françaises et tunisiennes souhaitent travailler ensemble autour d’objectifs
partagés et de programmes produits en commun. Je n’oublie pas, cher
Louis Laforge, que le 265e numéro de l’émission Des racines et des ailes a
installé son plateau dans le somptueux musée du Bardo puis dans le palais
du baron d’Erlanger à Sidi Bou Saïd. Je n’oublie pas, chère Annick Cojean,
que le prix Albert Londres – le 73e honorant un journaliste de la presse
écrite et le 27e un journaliste de l’audiovisuel – sera décerné le 14 mai
prochain à Tunis. Entre les mains des journalistes repose en effet la
compréhension des phénomènes complexes du monde d’aujourd’hui et de
la Tunisie de demain.
Dans cette phase particulière, je suis persuadé que la culture a un rôle
déterminant à jouer. Elle peut être le ferment d’une société démocratique,
elle peut contribuer au développement économique et social, à la création
d’emplois dans toutes les régions de la Tunisie, dont le patrimoine est
partout si riche et si diversifié.
La révolution a aussi été un révélateur du ferment, de la vitalité, de
l’inventivité de la scène artistique tunisienne. Les personnalités présentes
ce soir incarnent bien cette jeunesse qui se lève et qui espère.
Mais notre attention et notre soutien à la Tunisie doivent, au-delà de cette
belle soirée, s’inscrire dans la durée. Telle est donc notre ambition
d’accompagner tout au long de l’année l’effervescence créatrice de la
Tunisie, à travers une programmation culturelle qui se fasse l’écho de la
richesse de vos talents.
La transition politique en Tunisie appelle un « nouvel élan » dans nos
échanges. Elle suppose un avenir construit ensemble, un avenir partagé.
C’est le sens des actions de coopération que nous avons d’ors et déjà
engagé dans tous les domaines culturels, le patrimoine, le livre, le
spectacle vivant, les arts plastiques, le cinéma, initiatives que j’ai
présentées lors de ma visite à Tunis le 3 avril dernier.
Parce que la Tunisie a des choses à nous dire, parce qu’elle a des choses
à nous apprendre, nous avons répondu présents. Développer notre
coopération artistique et culturelle, c’est la condition d’un dialogue
harmonieux et serein entre nos peuples, c’est la traduction d’une volonté
forte pour que la « mer séparée » décrite par Etienne Balibar devienne un
territoire mieux partagé. Ce territoire, c’est précisément celui que met en
valeur la « Nuit du Jasmin ».