Je suis très heureux d’être une fois de plus parmi vous en Avignon, pour la
troisième édition de ce Forum. Un Forum qui a été conçu pour permettre
aux milieux de la culture, des médias et de l’entreprise de se rencontrer
afin d'imaginer ensemble les moyens politiques ou industriels permettant
de protéger et de promouvoir la diversité culturelle, dans l’esprit de la
Convention de l’UNESCO de 2005. Le Forum d’Avignon, c’est aussi,
depuis sa naissance lors de la présidence française de l’Union en 2008, un
projet européen et international. C’est mettre de côté, le temps d’un
dialogue, les logiques de profit, les réflexes nationaux, pour prendre
ensemble la mesure du tournant numérique et de son impact considérable
sur toutes les dimensions de la culture.
Depuis au moins quinze ans et la montée en puissance de l’internet,
nombreuses furent les rencontres sur la notion de « société du savoir » et
l’économie de l’immatériel, sur la stratégie de Lisbonne pour une économie
compétitive de la connaissance et sa reprise dans la stratégie européenne
2020. Dans le spectre très large des enjeux liés au tournant numérique, on
croise aussi bien des débats de micro-économie sur l’émergence de
modèles viables pour les entreprises, des questions de droit et de
gouvernance globale touchant au commerce international et à la propriété
intellectuelle ; mais ce sont également des transformations de fond qui se
jouent, relevant de l’anthropologie des pratiques culturelles et d’une
nouvelle écologie de l’esprit.
Une fois de plus, la théorie et le lexique ont souvent un train de retard sur
les révolutions technologiques en cours. On entend encore beaucoup
parler de « l’aube » d’une ère nouvelle, alors que la journée du numérique
est déjà bien avancée. Pour autant, ce retard a ses vertus : il correspond
au temps de la réflexion. Les réunions de tout type se multiplient, les
efforts des prospectivistes aussi, guetteurs de tendance et de « signaux
faibles », et pourtant, rares sont les entrepreneurs, les créateurs, les
décideurs, ou les citoyens du net qui peuvent se targuer en toute
honnêteté d’y voir clair – sauf à jouer le jeu, très souvent intéressé, de la
prophétie auto-réalisatrice, au profit de nouveaux apôtres qui veulent avant
tout vendre leurs tuyaux ou leur « business model ». Face à eux, on trouve
parfois des héros de Western tardif, toujours à cheval tel James Coburn
dans Il était une fois la révolution, qui tentent de ne pas voir que la
modernité et la voiture ont déjà fait leur apparition.
À rebours des postures performatives et du clinquant des certitudes,
j’adopterai avec vous le chemin de la modestie et la prudence, pour
parcourir la ligne de crête de quelques constats simples sur lesquels, je
crois, on peut s’accorder concernant le tournant du numérique.
Une révolution cognitive est en cours
À nouveau avec vous, je voudrais rendre visite à « la pharmacie de
Platon ». Dans le mythe de Theuth, quand le pharaon Thamous reçoit
l’écriture en présent de ce dieu inventeur, il en perçoit d’emblée la double
contrainte. À ses yeux l’écriture est, pour le savoir et la mémoire, un
pharmakon, dont Jacques Derrida dans un texte célèbre nous rappelait
qu’il signifie en grec à la fois remède et poison. Le monde des épopées
transmises oralement, la sacralité de la parole, plus rien ne sera jamais
comme avant. Qu’en est-il aujourd’hui ? On retrouve les thèmes principaux
que Platon abordait dans le Phèdre : nos nouvelles prothèses créent chez
nous un souci de la perte, comme la tablette d’écriture pour Pharaon. Ce
sont d’autres tablettes, bien plus sophistiquées, dont nous disposons
désormais, mais qui génèrent le même sentiment, mêlé, d’une très forte
libération et d’une perte peut-être irrémédiable. La perte du temps,
notamment, est probablement la plus propre à notre tournant
technologique : le temps passé à trier des contenus et à se reconstituer
une grammaire, le temps perdu à zapper, à ne pas pouvoir se fixer, le tout
au profit d’un consumérisme culturel appauvrissant et au détriment du
temps de l’appréciation, du qualitatif, comme l’a noté très justement
Bernard Stiegler.
À ce souci de la perte s’ajoute celui des nouvelles dominations.
L’anthropologue Jack Goody avait parlé dans son ouvrage La raison
graphique de la mise en tableau du monde par l’écriture, dès l’époque
moderne et avant l’industrialisation : peut-être assiste-t-on à une mise en
tableau du monde d’un nouveau type, où les exclusions se joueront non
seulement sur l’accès ou non aux nouvelles technologies, mais également
à leur maîtrise. La fracture numérique, ce n’est pas seulement une
question d’équipement ; c’est aussi une affaire d’acquisition de
compétences, d’une nouvelle approche du savoir.
Ces inquiétudes, nous les connaissons bien. Nous n’avons pas encore les
moyens de savoir si le formidable remède de l’accès et de la vitesse
l’emportera sur le poison de l’abondance et de la perte du temps.
Une révolution pour les créateurs
La même ambiguïté est perceptible dans le domaine de la création. Le
tournant numérique offre à coup sûr des possibilités formidables pour les
créateurs : une capacité démultipliée à toucher leurs publics, bien sûr ; la
perspective, aussi, de voir émerger la possibilité de produire des oeuvres
en réseau, avec des modalités adaptées de gestion des droits d’auteur –
avec par exemple la participation cette année de Creative Commons, nous
aurons probablement un débat riche entre les tenants de l’open source et
ceux qui défendent, pour les industries culturelles, des lignes plus
classiques. Pour l’heure, les modalités de financement des créateurs sur le
net restent encore incertaines. Là aussi, le pharmakon frappe à la porte :
pour une visibilité démultipliée, l’horizon de la rémunération reste encore
bien brumeux. Bien avant les années MySpace, on peut voir, dans la
correspondance de Joseph Haydn et de Mozart, combien ces
compositeurs étaient eux aussi préoccupés par la sécurité de leurs
revenus, eux qui essuyaient les plâtres de la mise en place du droit
d’auteur.
On pourrait encore décliner l’ambigüité du remède et du poison pour bien
d’autres domaines où le tournant du numérique connaît un impact
maximal. Je pense bien sûr à la révolution qu’il implique pour les médias et
le journalisme. Derrière l’accélération de la transmission, sans doute aussi
fulgurante que celle qui avait autrefois porté Martin Luther et les feuilles
volantes de la Réforme, se pose là aussi la question du financement
incertain, dans un horizon où l’instabilité d’un paysage en pleine
recomposition, du papier aux écrans, suscite des inquiétudes légitimes.
Le lecteur est concerné, lui aussi, par le trop plein d’informations, quand
l’accès devient l’excès. La prière de l’homme moderne dont Hegel parlait à
propos de la lecture matinale du journal se joue désormais bien
différemment ; elle est devenue une prière connectée, branchée, tout au
long de la journée. De manière générale, qu’il s’agisse de lire, d’écouter ou
de voir, c’est bien à une révolution des pratiques culturelles que l’on
assiste. L’individualisation et l’atomisation des pratiques en ligne du
lecteur, de l’auditeur, du spectateur, sa solitude et son manque de repères
parfois, s’accompagne aussi d’une liberté inouïe : celle de pouvoir accéder
à des contenus de tous horizons et du monde entier.
Avec le tournant numérique, la tablette que Theuth remet à Pharaon s’est
transformée en pilule dans nos mythologies modernes : c’est le choix que
Neo, dans Matrix, doit faire entre la pilule rouge et la pilule bleue, entre
l’ignorance et le savoir - à ceci près qu’il n’en y aurait qu’une seule, bleue
et rouge à la fois. Que faire quand nous l’avons, tous ou presque, avalée,
du moins dans nos pays industrialisés ? Tout d’abord, peut-être, nous
garder des nouveaux fétichismes que la technologie peut produire, et ne
pas prendre les tuyaux pour des contenus. Nos écrans, qu’ils soient, petits,
grands, plats, portables ou non, sont avant tout des instruments au service
de chacun. Ils peuvent d’ailleurs parfois produire des oeuvres singulières,
comme celle de David Hockney, qui a su reprendre des techniques de
dessin vieilles de Dürer sur des IPhone ou des IPad, en jouant sur les
nouvelles possibilités offertes par ces supports.
Nous avons, en France, très largement pris le virage du numérique ; nous
mesurons les chances extraordinaires dont il est porteur, et les défis qu’ils
posent. Les acteurs publics comme privés s’en sont pleinement emparés.
Reste à savoir, face aux quelques constats que je viens d’évoquer, quelles
sont les responsabilités que nous devons porter ensemble. J’en rappellerai
ce matin quelques unes avec vous.
Garantir l’accès
Tout d’abord, celle de garantir l’accès aux biens et services culturels en
ligne. Je n’affectionne pas particulièrement le terme de « fracture
numérique » : dans le novlangue global, les fractures et les « gaps » se
multiplient. Il n’y aurait plus de problèmes, il n’y aurait que des fractures à
réduire. Le tournant du numérique, c’est une nouvelle dimension pour une
vieille histoire, celle de la production des inégalités. Comme l’indique l’une
des études produites à l’occasion du Forum, le chemin de la
démocratisation des accès à la culture via les médias numériques est
encore long, et les disparités, au niveau local comme au niveau global, ne
sont pas prêtes de se résorber si l’on se contente de rester les yeux fixés
sur la seule augmentation générale des taux de connexion. Sur ce point, la
responsabilité des pouvoirs publics est essentielle, au niveau local et
national comme au niveau global.
Ne pas perdre la mémoire du monde, et « archiver l’avenir »
Parmi les défis que nous pose le tournant du numérique figure également
en bonne place la préservation du patrimoine écrit et audiovisuel. La
numérisation nous offre la chance d’en faire un patrimoine d’autant plus
vivant que son accessibilité sera démultipliée. C’est, comme vous le savez,
une priorité pour mon Ministère et pour l’Etat, qui a décidé de consacrer
une partie importante du Grand Emprunt, 750 millions d’€ en l’occurrence,
aux investissements en faveur de la numérisation des contenus culturels,
scientifiques et éducatifs, dans le cadre de partenariats public-privé.
La numérisation des contenus, c’est aussi, au niveau de l’Union, celle des
bibliothèques virtuelles et notamment d’Europeana, à laquelle nous
pourrons, j’espère, donner prochainement un second souffle. À ce titre,
Madame la Commissaire, soyez sûrs que je prendrai connaissance avec la
plus grande attention des conclusions du Comité des sages que vous avez
créé sur les enjeux de la numérisation.
Parmi ces enjeux, je voudrais rapidement évoquer la question des moteurs
de recherche et la reconfiguration complète du métier d’archiviste qu’ils
impliquent. Disposer de différents moteurs de recherche, c’est bénéficier
d’une pluralité d’approches ; c’est se donner les moyens de pouvoir se
servir, sur l’ensemble des savoirs, de plusieurs cartographies. À ce titre je
me réjouis par exemple de l’accord passé entre une grande compagnie
internationale de communication et la Bibliothèque Nationale de France
pour l’indexation de ses ouvrages numérisés. Pour autant, je dis cela sans
aucune diabolisation de telle ou telle grande entreprise de l’industrie
culturelle, dont la puissance et la capacité d’innovation nous ouvrent sans
aucun doute de très belles perspectives de partenariats ; mais il est bon,
parfois, de rappeler que la régulation n’est pas un concept du passé, et
que l’Etat doit plus que jamais jouer son rôle de garant de l’intérêt collectif.
Le maintien, par ailleurs, d’une pluralité d’acteurs ne peut être qu’un
bienfait pour tous ceux qui sont concernés par cette numérisation, qu’il
s’agisse des établissements publics, des entreprises ou des chercheurs
impliqués. C’est à plusieurs - et non à deux - qu’il nous faut tirer les
conséquences de cette réinvention de la conservation et de l’indexation qui
se déroule en ce moment, afin de mieux « archiver l’avenir », pour
reprendre la belle expression de Milad Doueihi.
La force des nouveaux classements, le besoin d’évaluer pèsent aussi, bien
sûr, sur la diversité linguistique. En tant que Ministre de la langue
française, je pense en particulier aux chercheurs, désormais jugés sur
leurs taux de citations en ligne, dans des publications essentiellement en
anglais. S’il y a bien un domaine où le spectre de l’uniformisation ne se
résume pas à un épouvantail facile, c’est bien celui des modalités
linguistiques de conceptualisation, notamment pour les sciences humaines
et sociales, et en particulier dans des pays où elles s’ancrent
historiquement dans un terreau théorique très productif, comme c’est le
cas par exemple en France et en Allemagne. Je ne dis pas cela pour agiter
le chiffon rouge du français contre l’anglais, ou pour contester vainement la
fonction véhiculaire formidable assumée par l’anglais, bien au contraire.
Mais les langues sont porteuses de façons de penser, et favoriser la
production en français dans le domaine des sciences humaines, c’est là
aussi se donner les moyens de préserver plusieurs angles de vue pour
déchiffrer le monde. La Délégation générale de la langue française et des
langues de France étudie actuellement les possibilités qui s’offrent à nous
pour soutenir la traduction et la mise en ligne en anglais de cette
production scientifique française, suivant un principe simple : traduire et
mettre en ligne en anglais pour pouvoir penser en français – tout en
garantissant au chercheur la visibilité internationale dont il a besoin. Cela
pourrait concerner tout aussi bien le chinois, l’arabe ou le néerlandais mais
aussi, paradoxalement, l’anglais .
Un autre défi majeur du tournant du numérique, c’est la nécessité d’assurer
le dynamisme et le pluralisme de la création. C’est l’objectif du dispositif
que je mets en place avec l’HADOPI, dont je rappelle la fonction avant tout
pédagogique et préventive, et le lancement d’opération comme la carte
musique. La créativité n’est pas en soi une énergie renouvelable ; elle est
une source qui peut très vite se tarir, au même titre que la diversité de
l’offre, si les conditions ne sont plus réunies pour un financement minimal.
Force est de reconnaître que pendant plusieurs années, les partisans de la
gratuité des contenus en ligne étaient porteurs d’un message séduisant :
les biens culturels appartiennent à tous, et doivent échapper à la logique
marchande. Qui, par principe, s’opposerait à une telle proposition, qui a en
plus le mérite moral de reconnaître qu’un bien culturel n’a en soi pas de
prix ? Mais à goûter du doux frisson de ce qui parfois apparaît comme une
subversion finalement bien consensuelle, on oublie au passage les
créateurs qui on subi le piratage de plein fouet. Au regard des ravages que
ce dernier a entraîné ces dernières années sur le financement de la
création et la préservation de sa diversité – je pense évidemment en
premier lieu au secteur de la musique -, les derniers partisans de la
« gratuité à tout prix » ressemblent de plus en plus, pour reprendre le bon
mot de Philippe Muray, à des mutins de Panurge. Heureusement, l’époque
où l’on imaginait, dans une sorte d’emballement sur l’économie de
l’immatériel, que la gratuité règnerait sur l’ensemble de ce qu’on appelle
les « contenus » culturels, tant pour leur production que leur
consommation, est en grande partie révolue, et la gratuité a perdu de son
lustre. La question de la rémunération des créateurs et de la valeur desdits
contenus a repris sa place centrale dans un débat qui vise à articuler offre
numérique légale et dynamisme des filières culturelles de nos économies.
Je profite de cette occasion, Madame la Commissaire, pour saluer l’avis
favorable que la Commission a émis pour la mise en place de la carte
musique en France, en entérinant sa compatibilité avec le régime
communautaire des aides d’Etat.
Soutenir les industries culturelles et créatives
Défendre l’offre légale contre le piratage, ce n’est pas, bien sûr, céder pour
autant à la logique du tout marché. Le tournant du numérique nous amène
à repenser le rapport entre le secteur privé et la puissance publique, dont
la position ne saurait se contenter de garantir et surveiller. L’esprit des
partenariats public-privé que je défends s’inscrit dans une démarche
dynamique de soutien des industries culturelles et créatives, notamment le
tissu des TPE et des PME qui doivent être en mesure d’apporter au
secteur toute leur capacité à innover.
Je prendrai l’exemple d’un secteur émergent : le livre numérique. Le Sénat,
comme vous le savez, vient d’adopter une proposition de loi relative au prix
unique du livre homothétique, afin de prévenir les effets de concentration
excessive qui pourrait nuire notamment à la diversité de la création. Nous
souhaiterions, Madame la Commissaire, sensibiliser dans les prochains
mois d’autres Etats membres de l’Union à cette démarche.
Nombreux sont les domaines où l’intervention de la puissance publique est
plus que jamais nécessaire : je pense par exemple à la TVA à taux réduit
pour les biens culturels en ligne. Il en va du pluralisme de la diffusion : qu’il
s’agisse du livre, de la musique ou de la vidéo, les nouveaux services de
distribution d’oeuvres culturelles en ligne sont encore à la recherche d’un
modèle économique viable, et doivent pouvoir bénéficier d’un
environnement fiscal favorable, comme c’est d’ailleurs le cas au Japon ou
dans une grande partie des Etats-Unis. Nous souhaiterions donc, comme
vous le savez, Madame Kroes, que la directive sur la TVA permette aux
Etats qui le souhaitent d’appliquer des taux réduits sur les biens culturels
en ligne. C’est pour moi, comme pour le Président de la République, un
enjeu culturel et économique essentiel pour notre pays et nos partenaires
européens.
Accompagner les nouvelles pratiques
Je souhaiterais enfin que dans une rencontre comme le Forum d’Avignon,
nous ne perdions pas de vue l’apport d’un acteur essentiel : je veux parler
de la société civile. Les associations, les agitateurs d’idées, les bloggeurs
et les faiseurs d’opinion forment la population bigarrée de cette ensemble
sous lequel on continue à rassembler, par commodité, toutes les énergies
créatrices qui ne relèvent de fait ni de la puissance publique ni du monde
de l’entreprise. Si je parle de la société civile, c’est parce que cette vieille
dame de la philosophie politique connaît une nouvelle jeunesse grâce à
l’internet. Des blogs aux réseaux sociaux, il existe un formidable potentiel
pour l’émergence de communautés d’amateurs, pour l’analyse partagée,
pour la contribution à la critique, qu’il s’agisse de musique, de littérature, de
cinéma ou de jeu vidéo. En donnant les moyens techniques et en
ressuscitant l’envie de croiser les regards, le réseau favorise la
multiplication de ce que j’appellerais des communautés de goût.
Encourager cette dynamique, c’est se donner les moyens de tourner plus
vite la page du consumérisme, de la perte de temps que j’évoquais plus
tôt, de la noyade dans la superficie du virtuel. Ces communautés de goût
en ligne constituent l’une des formes la culture pour chacun qui est en train
de se construire : le devoir de la puissance publique, c’est alors de se tenir
le plus à l’écoute possible des bonnes idées qui émergent du côté de ces
nouveaux réseaux, pour les soutenir, leur donner corps, en faire de
« bonnes pratiques » au sens littéral du terme. Favoriser la culture pour
chacun, c’est aussi cela : remettre le qualitatif au centre des pratiques
culturelles dont l’individualisation est accrue par les nouveaux supports,
pour le meilleur et pour le pire de notre nouvel âge industriel :
l’extraordinaire liberté de choix, la profusion de l’offre, d’un côté ; de l’autre
le « consumérisme podcast », la solitude et l’illettrisme online.
Accompagner et contribuer à structurer les nouvelles pratiques en ligne,
c’est là l’un des thèmes de la consultation sur la culture pour chacun que je
suis en train de lancer aux niveaux régional et national auprès des acteurs
de la culture.
Faire émerger les idées, les exposer, en débattre, c’est justement la
mission ambitieuse de ce Forum, dont la programmation s’annonce une
fois de plus très prometteuse. Je tiens à saluer chaleureusement ses
organisateurs pour la qualité de leur travail leur engagement sans faille, en
particulier Laure Kaltenbach et son équipe. Je salue également les
cabinets d’études qui ont préparé le terrain pour ces deux journées de
discussion et de rencontres, sur des sujets aussi variés que la création de
valeur dans le monde numérique et le micro-paiement, sur les écrits à l’ère
du numérique, sur la culture et le développement des territoires, et sur
l’accès et les pratiques culturelles en ligne. Les débats qui suivront vont à
coup sûr nous aider à y voir plus clair dans les partenariats entre acteur
public et secteur privé que nous pouvons et nous devons monter, tant aux
niveaux local et national qu’européen et international, si nous voulons faire
en sorte que la préservation et la promotion de la diversité culturelle ne
soient pas de vains mots.
Je vous remercie.
Discours
Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion de l'ouverture du Forum d’Avignon
Monsieur le Président du Forum d’Avignon, cher Nicolas Seydoux,Madame la Commissaire, chère Neelie Kroes,Madame la Députée-Maire, chère Marie-José Roig,Mesdames et Messieurs,Chers amis,
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