Restitution officielle. Lundi 12 juillet, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, a remis au musée du quai Branly le fétiche à clous Nkondé tsangui (Gabon), disparu des réserves du musée de l’Homme, vraisemblablement entre 1944 et 1955 et récemment retrouvé.
Le ministre a salué la collaboration exemplaire entre les acteurs du marché de l'art et les équipes de la Direction générale des patrimoines et du musée du quai Branly, qui a permis le retour de cet objet majeur.
Ce fétiche à clous a été repéré lors de la vente de la collection d’Armand Charles. Lors d’une cérémonie officielle, la fille du collectionneur, Annie Salles, a restitué le fétiche au Musée du Quai Branly et s 'est vue remettre les insignes de chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture et de la Communication.
Statuette de protection. Ce fétiche à clous est une statuette de protection : d’après sa fiche de collecte, celle-ci aurait la propriété de faire mourir à distance un individu déterminé.
La charge magique sur l’abdomen, les clous et les lames de fer enfoncées dans le torse et le visage, le maquillage rituel des yeux au kaolin et poudre rouge l’apparentent à un objet de protection contre la sorcellerie.Sur son front, le motif du losange à 9 pointes est une scarification typiquement Batsangui/Punu, deux peuples du Gabon connus pour leurs masques de jeunes filles blancs qui ont beaucoup séduit les occidentaux à la fin du XIXe siècle.
Objet disparu et retrouvé. Ce fétiche à clous Nkisi ou Nkondé - objet magique personnel ou communautaire - dans l’aire culturelle kongo (ancien royaume kongo qui allait du sud du Gabon jusqu’à l’Angola), a été collecté au Gabon au début du XXe siècle. Donné au Musée d’Ethnographie du Trocadéro en 1931, cet objet rare a disparu du Musée de l’Homme. On le retrouve ensuite dans la collection personnelle d’Armand Charles, collectionneur d’art africain.
Le fétiche à clous réapparaît le 2 décembre 2009, lors de la vente de la collection Armand Charles. En vérifiant les références de l’objet dans le catalogue de vente, l’acheteur s’aperçoit que l’objet appartient à l’origine au musée de l’Homme. La vente est donc annulée. Annie Salles, fille du collectionneur Armand Charles, décide alors de restituer à l'État ce fétiche à clous acheté de bonne foi par son père.
Lutte contre le trafic illicite des biens culturels. Par cette remise officielle, le ministre a tenu à rappeler que la prévention des vols dans les musées et la lutte contre le trafic illicite des biens culturels est une priorité de l'action du ministère de la Culture et de la Communication, comme il l'a d'ailleurs rappelé à l'ensemble des établissements. C'est par une action constante et concertée entre tous les acteurs que sont rendus possibles des retours d'œuvres dans les collections nationales comme celui célébré aujourd'hui.
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