3.Constituer des sources
- Archives
Ces sources sont d’abord constituées par des archives dont les plus importantes quantitativement mais aussi qualitativement sont celles de l’École nationale supérieure des beaux-arts, dont le volet administratif a été déposé aux archives nationales sous la cote AJ52 et inventoriée par Brigitte Labat-Poussin. Elle est constituée, en grande partie, par des dossiers d’élèves. Ceux de la section architecture sont en cours d’exploitation sous la direction de Marie Laure-Crosnier Leconte et Christine Mengin en vue de la constitution d’un « Dictionnaire des élèves architectes de l’École des beaux-arts (1800-1968) » déjà partiellement en ligne sur le site de l’Institut national d’histoire de l’art. Cependant c’est à l’École que sont demeurées les travaux scolaires dont une partie est accessible sur la base « Cat’zArts ».
La plupart des écoles détiennent encore leurs propres papiers qui ont pu être partiellement détruits en 1968 et n’ont pas toujours été versées aux archives, municipales ou départementales suivant les cas. Ce sont aussi les dessins et les exercices pédagogiques qui, restés la propriété des élèves, supposent de se tourner vers eux ou leur famille, ce qui pourrait être l’occasion de susciter des témoignages oraux. Ce sont enfin les fonds des sociétés et des associations d’architectes que nous évoquions, actuellement dispersés ou intégrés à des fonds privés. Les rechercher serait précieux, comme le serait l’exploitation des archives des conseils régionaux de l’ordre des architectes, car certains débattirent, durant la guerre, de l’enseignement, de la création de nouveaux diplômes et de l’opportunité d’ouvrir de nouveaux établissements. Enfin une campagne de collecte de témoignages d’enseignants devra être engagée pour recueillir des éléments que nulle administration n’était en charge de recueillir, notamment concernant la « culture d’atelier » très vive parmi les architectes jusqu’en 68.
Une campagne de sensibilisation permettra de repérer ce qui existe et d’éviter une disparition prochaine. Elle sera à mener prioritairement auprès des directeurs et des documentalistes, mais aussi des archivistes.
- Archives orales
L’enseignement de l’architecture a été profondément transformé au cours du XXe siècle, bousculé par sa démocratisation et sa féminisation, mis en cause par l’essor de l’urbanisme et l’apparition du Mouvement Moderne, renouvelé par le développement de programmes sociaux et de nouvelles techniques et matériaux… Centrées sur les principales écoles parisiennes, les publications ont largement ignoré les autres établissements ; fascinées par le XIXe siècle, elles ont laissé dans l’ombre le XXe siècle ; intéressées par les contenus, elles ont privilégié l’étude des traités et des ouvrages. Aussi l’objectif de ce projet est-il d’écrire une histoire de l’enseignement de de l’architecture en France au XXe siècle, abordant toutes ses dimensions qu’elles soient pédagogiques, professionnelles, territoriales ou politiques, et embrassant l’ensemble des établissements. Parmi eux, il en est qui ont une place particulière : les écoles régionales, outil de décentralisation d’un enseignement longtemps dispensé uniquement à Paris. Instituées en 1903, celles-ci sont à l’origine de la plupart des actuelles « Ecoles nationales supérieures d’architecture ». Or, on ne connaît aujourd’hui presque rien de leur histoire.
Le projet a été lancé en février 2016, lors d’une manifestation à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Il s’appuie sur un réseau d’une centaine de chercheurs, enseignants, bibliothécaires, archivistes issus de l’ensemble des écoles. Son ambition est double. Elle est d’une part, d’ouvrir des pistes pour l’écriture de cette histoire à partir des connaissances déjà acquises et de leur mise en perspective européenne. Elle est aussi de conserver des traces qui sont en train de disparaître et de nourrir ainsi des recherches futures. Ce projet bénéficie du soutien institutionnel et scientifique du Ministère de la culture (Service de l’architecture, Mission Archives). Il est coordonné par le Comité d’histoire du ministère de la Culture et piloté par l’école d’architecture de Strasbourg. Il s’appuie sur un comité scientifique de chercheurs français et étrangers spécialistes de ces questions.
La campagne d’archives orales s’inscrit dans ce cadre. Elle a pour but de recueillir et de conserver le témoignage des acteurs et responsables de l’enseignement de l’architecture. Elle est prise en charge par l’ensemble des chercheurs participant au programme selon une méthodologie commune. Le Comité d’Histoire, réalise les entretiens avec les anciens responsables administratifs des ministères en charge de cette politique. Les chercheurs des écoles nationales supérieures d’architecture mènent des entretiens avec des personnalités liées à leurs écoles et aux thématiques transversales du programme. Des personnalités nationales seront aussi interrogées par les pilotes du projet.
Étude préalable au lancement d’une campagne d’archives orales. Quelques pistes de réflexion par Florence Descamps (EPHE)
La consultation des enregistrements se fait uniquement dans les locaux du Comité d’histoire – sur rendez-vous – et après autorisation expresse des auteurs ou ayant-droits.
- Sources imprimées
Les sources de cette histoire sont aussi constituées par des publications faites par l’École nationale des beaux-arts en vue de diffuser ses principes et ses résultats aux établissements de province, ou par des associations d’élèves, d’anciens élèves ou de professionnels. Une partie d’entre elles sont dues à l’éditeur Vincent et Fréal sur lequel il sera intéressant de lancer des travaux de recherche. D’autres sont les bulletins des associations (Élèves et anciens élèves, Grande masse, Société centrale, SADG, Association provinciale, Union syndicale, Société des architectes de Nantes, etc.) qui, édités parfois durant 60 ans sont rarement réunis dans des collections.
Un inventaire de ces publications rares sera une première étape, qu’il faudrait faire suivre par une numérisation qui les mettrait à disposition de tous les chercheurs. Pour qu’elles soient pérennisées, des partenaires sont à trouver du côté de la Bnf, de la Cité de l’architecture ou de l’Institut national d’histoire de l’art. La Bnf a mis en ligne via Gallica le Bulletin de la Société centrale des architectes. Beaucoup d’informations ont également été diffusées par les revues telles que L’Architecture ou L’Architecte qui, numérisées par la Cité de l’architecture, ont un temps été en ligne, mais ne le sont plus actuellement.
Ce travail de d’enquête sur les sources a permis l’établissement par le Comité d'histoire en liaison avec la mission des archives du ministère d’un Guide des sources d’archives de l’histoire de l’enseignement. Il réunit les inventaires de ces nouveaux fonds à ceux des fonds déjà déposés d’anciens professeurs d’élèves ou d’associations. Pour ce faire, un questionnaire a été envoyé, à toutes les institutions et organismes susceptibles de détenir des sources archivistiques et imprimées.
Partager la page