Alors que les revendications sociales liées aux communautés LGBTQIA+ et à l’expression des droits culturels se sont amplifiées au cours des deux dernières décennies, de nombreux professionnels s’interrogent en effet aujourd’hui sur la manière d’ouvrir leur travail ou leurs pratiques à des récits et méthodes venant des contre-cultures ou du champ disciplinaire des études gays et lesbiennes (queer studies). La singularité de cette journée d’étude tenait au choix d’élargir la discussion aux différentes spécialités représentées par l’Institut national du patrimoine : musées, archives, archéologie, patrimoine scientifique, technique et naturel (PSTN), monuments historiques et inventaire. Elle visait à couvrir l’ensemble de la chaîne patrimoniale, de l’invention à la diffusion, en questionnant le devenir des récits et pratiques minoritaires passés par la patrimonialisation.
La visibilité accrue qu’entraîne cette dernière met à jour des tensions liées au partage de la parole par les acteurs institutionnels et non-institutionnels. Comment articuler la minorité et le collectif ? Qui a le droit ou le devoir de parler de quoi ? Comment, surtout, trouver des processus de travail respectant à la fois l’agentivité des communautés concernées, l’expertise et les missions des institutions publiques ? En confrontant des professionnels du patrimoine à des intervenants venus des mondes associatif et militant, la journée d’étude a permis de montrer l’importance d’un dialogue franc, progressif et pérenne pour faire travailler sur des projets culturels communs des personnes parfois partagées entre l’enthousiasme et la crainte de l’instrumentalisation.
L'événement a aussi eu pour objectif de faire le lien entre le travail scientifique des institutions et l’intégration des enjeux d’inclusion aux modes de fonctionnement internes, en soulignant la place centrale de la responsabilité sociale dans l’autorité morale des établissements patrimoniaux. Cette approche professionnelle, qui fait écho à la mission de formation de l’Institut national du patrimoine, a ainsi permis de sensibiliser les publics présents à la lutte contre les discriminations au travail, et aux attentes sociales fortes auxquelles sont aujourd’hui confrontées les institutions publiques.
La journée d’étude a notamment été soutenue par le ministère de la Culture, par le biais de la Mission égalité, diversité et prévention des discriminations et de la Délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation. Ces deux dernières ont également permis la publication des actes. À l’issue de l'événement et à la demande du public, il est en effet apparu nécessaire de pérenniser les échanges tenus, et de proposer en accès libre les ressources présentées à cette occasion.
Actes journée d’étude « Trouble dans le patrimoine ? Héritages LGBTQIA+ et narrations queer. Quel rô
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