Inauguré le 21 juin 2025, ce parcours d’œuvres en plein air s’inscrit dans une dynamique de valorisation du territoire par l’art, en multipliant les points d’entrée sensibles et sensoriels sur l’histoire et l’urbanisme caennais.
Un parcours sensible, entre mémoire et création
Le parcours d’œuvres propose une dizaine d’installations réparties dans des lieux emblématiques de la ville, de l’abbaye aux Hommes à l’église Saint-Nicolas, en passant par la Presqu’île, la place de la République, ou encore les rives de l’Orne.
Ces œuvres sont autant de jalons plastiques qui viennent souligner la richesse historique et la transformation constante de la ville, entre passé millénaire et avenir en devenir.
Imaginé comme un cheminement libre et évolutif, ce parcours vise aussi à redonner toute sa place à la contemplation dans l’espace public, en proposant des œuvres souvent monumentales, qui dialoguent avec l’histoire, l’architecture ou les usages du lieu. C’est dans cet esprit qu’a été pensée la commande artistique pour la tour Puchot du château de Caen.
La Pierre et le Sablier, une œuvre de Vincent Mauger
Parmi les projets du parcours, l’installation de Vincent Mauger à la tour Puchot occupe une place singulière. Commandée par la Ville de Caen, soutenue financièrement par la DRAC Normandie, cette œuvre pérenne viendra enrichir les collections du musée des Beaux-Arts de Caen, au sein de son parc de sculptures développé depuis 2005.
La tour Puchot, l’une des treize tours du château de Guillaume-le-Conquérant, devient ainsi un espace de résonance pour une œuvre qui n’entend pas illustrer l’histoire, mais l’habiter autrement.
Intitulée La pierre et le sablier, l’installation de Vincent Mauger transforme l’espace intérieur de la tour en un univers vertigineux et immersif.
À partir de tubes d’acier verticaux, peints dans une teinte minérale, l’artiste compose un paysage abstrait, mouvant, visible uniquement depuis la coursive circulaire en caillebotis, perchée à mi-hauteur. Le spectateur, placé en surplomb, observe un champ de lignes et de volumes qui semble s’enfoncer dans les profondeurs de la tour, comme un cratère ou un sablier inversé. Ce jeu de perceptions, mêlant superpositions graphiques, déformations visuelles et illusions de profondeur, offre une expérience sensorielle singulière, entre matière, architecture et vertige.
La sculpture n’est pas seulement un geste esthétique : elle exploite les particularités du lieu – la voûte, la lumière, le métal, la pierre – pour questionner notre rapport au temps, à l’érosion, à la transformation, à l’inscription dans la durée. Elle s’inscrit ainsi pleinement dans le cadre du Millénaire, en évoquant le passage du temps sans le figer.
Une œuvre soutenue par une commande publique exemplaire
Le projet de Vincent Mauger est le fruit d’un processus rigoureux et collectif. À la suite d’un appel à candidatures à l’été 2024, cinq artistes ont été sélectionnés pour une étude. Le comité de pilotage, composé de représentants de la Ville de Caen, du musée des Beaux-Arts, de la DRAC, de l’école d’art, du FRAC, d’acteurs culturels locaux et d’artistes, a choisi la proposition de Vincent Mauger pour sa qualité sculpturale et son adéquation sensible au lieu.
La réalisation de l’œuvre, confiée à l’entreprise Métalobil, a mobilisé un budget global de 205 000 € TTC, cofinancé par la Ville de Caen et le ministère de la Culture. L’inauguration publique avait lieu ce 20 juin 2025, dans le cadre des festivités du Millénaire, et s’accompagnera de visites, d’ateliers artistiques, de supports de médiation et d’une maquette tactile, rendant l’œuvre accessible au plus grand nombre.
Un projet ancré dans le présent, tourné vers l’avenir
Avec La pierre et le sablier, le château de Caen s’enrichit d’une œuvre contemporaine forte, pensée pour durer, qui interroge autant qu’elle sublime l’espace. Elle rejoint un ensemble cohérent d’œuvres installées dans le parc du musée des Beaux-Arts, où le végétal, la pierre, la ville et le ciel dialoguent avec les formes sculptées.
À travers ce parcours, la Ville de Caen, porteuse de cette initiative, affirme sa volonté de croiser patrimoine et création, de donner aux artistes une place dans la ville et de faire du Millénaire un temps d’expérimentation culturelle. Le projet porté par Mathias Courtet, chargé des arts plastiques au GIP Millénaire, et le GIP Millénaire se poursuit avec d’autres inaugurations dans les mois à venir, faisant de 2025 une année fondatrice pour l’art dans l’espace public à Caen.
À venir pour le Millénaire
D'autres œuvres seront inaugurées cet été, poursuivant ce dialogue entre patrimoine et création contemporaine. À l’automne 2025, l’ensemble du parcours sera enrichi et accompagné de nouveaux dispositifs de médiation. Le Millénaire de Caen s’achèvera en décembre 2025, après une année rythmée par plus de 300 événements culturels, scientifiques et festifs.
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