Le Grand Est "terre des orgues"
C'est lors des séances des 26 novembre 2020, 27 mai 2021 et 30 novembre 2021, que la Commission régionale du patrimoine et de l’architecture, section III (objets mobiliers et orgues) a donné un avis favorable à l’inscription au titre des monuments historiques de plusieurs orgues du Grand Est (Alsace et Lorraine) avec vœu de classement.
L’inscription au titre des monuments historiques avec vœu de classement est une belle reconnaissance pour les facteurs d’orgues des Vosges et d’Alsace, très actifs au XIXe et XXe siècles.
Le Grand Est est la région française la plus riches en patrimoine organistique. 2512 orgues sont recensés (sur les 8375 recensés en France), dont 449 protégés au titre des monuments historiques (sur les 1652 orgues inscrits ou classés au niveau national). Les départements Alsaciens et Lorrains détenant le plus grand nombre d'instruments.
Avis favorable au classement pour les six orgues
Les dossiers de ces 6 instruments ont été présentés devant la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) le 8 juin 2023, qui a donné un avis favorable au classement.
Instituée par la loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, la section 5 de la CNPA, « Protection des instruments de musique au titre des monuments historiques et travaux », est composée de représentants de l’État, d’élus locaux, de représentants d’associations ou de fondations ayant pour objet de favoriser la connaissance, la protection et la mise en valeur du patrimoine, et de personnalités qualifiées dans le domaine des instruments de musique patrimoniaux.
Cette commission rend un avis consultatif adressé à la ministre chargée de la Culture, à la lumière duquel pourra être pris l’arrêté de classement au titre des monuments historiques qui fera accéder, le cas échéant, ces instruments au plus haut niveau de protection et de reconnaissance prévu par le Code du patrimoine dans le domaine des monuments historiques.
Les orgues des communes de Pouxeux et Saint-Maurice-sur-Moselle (Vosges)
Les orgues de Saint-Maurice-sur-Moselle et de Pouxeux sont des instruments dus aux frères Géhin, de Saint-Amé (Vosges), actifs entre 1857 et 1876.
Leurs instruments présentent des qualités musicales indéniables, combinant facture romantique et classique. Ils n’ont été que très peu modifiés et présentent encore une authenticité de facture remarquable.
Les buffets quant à eux, également dus à l’entreprise Géhin - puisque l’un des frères était menuisier - présentent un style classique (à Pouxeux) et néogothique (à Saint-Maurice, pour se conjuguer au style de l’édifice et de son mobilier).
L'orgue de Le Val d’Ajol (Vosges)
L’orgue du Val d’Ajol est l'œuvre du célèbre facteur d’orgues lorrain Jean-Nicolas Jeanpierre (1811-1873) et a été construit en 1858 selon une esthétique musicale romantique avec un buffet néogothique très intéressant.
Il est agrandi en 1885 sans que cela nuise à ses qualités.
La manufacture des grandes orgues de Rambervillers, fondée par Jean Nicolas Jeanpierre, est toujours en activité. Elle a déposé ses archives historiques aux archives départementales des Vosges ; une partie de son mobilier en place est inscrit au titre des monuments historiques, ainsi que les bâtiments qui abritent son activité.
L'orgue de Fessenheim (Haut-Rhin)
L’orgue de l’église Sainte-Colombe de Fessenheim (1846) est le dernier instrument d’Antoine Herbuté en Alsace et l’un des mieux conservés du corpus de ce facteur d’orgues.
Inscrit dans la lignée vosgienne de la facture d’orgue, inaugurée par François Cuny et Blaise Chaxel (ou Blasius Schaxel) au XVIIIe siècle, Antoine Herbuté apprend la facture d’orgue à Benfeld, au début des années 1820, avant de s’établir en tant que facteur d’orgues indépendant à Marckolsheim vers 1829.
Auteur d’une dizaine d’orgues neufs en Alsace jusqu’en 1846, on le retrouve ensuite en Auvergne, puis à Genève.
L'orgue de Mulhouse (Haut-Rhin)
L'orgue Walcker de l’église réformée Saint-Etienne de Mulhouse (1866) est commandé en 1862 à Eberhard Friedrich Walcker (1794-1872), l’un des principaux facteurs d’orgue du XIXe siècle.
Construit spécifiquement pour la nouvelle église réformée de la ville et concomitamment, les dessins de l’entreprise Walcker et de l’architecte Jean-Baptiste Schacre pour le buffet de l’orgue présentent une façade néogothique qui s’accorde parfaitement avec l’édifice.
L’orgue Walcker est un exemple unique en France de grand orgue réalisé par Eberhard Friedrich Walcker, alors à l’apogée de sa carrière puisqu’il s’agit de son dernier orgue monumental.
L'orgue de Dorlisheim (Bas-Rhin)
L'orgue de tribune de l’église Saint-Laurent de Dorlisheim a été livré en 1902 par le facteur d’orgue Franz Xaver Kriess pour la nouvelle église catholique de la commune. Originaire d’Allemagne et premier d’une lignée de trois générations de facteurs d’orgues, Kriess est l’un des pionniers de la création d’orgues à traction pneumatique en Alsace.
Sur les 47 orgues neufs construits de son vivant, seuls 4 sont parvenus jusqu’à nous, et celui de Dorlisheim est dans un état de conservation remarquable.
Représentatif de la vision du progrès en ce début de XXe siècle, l’instrument a été composé de sommiers, console et tuyaux commandés à des entreprises allemandes spécialisées, ce qui a permis à cet orgue d’être livré en un temps record. Ces éléments sont encore en place, ce qui vient appuyer le caractère authentique de cet instrument et de sa sonorité.
En savoir plus sur les orgues et la protection
Sur la protection au titre des monuments historiques
Sur l'intervention sur les orgues protégés au titre des monuments historiques
L'inventaire national des orgues
Restauration des orgues des cathédrales du Grand Est
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