La cathédrale Saint-Apollinaire de Valence est classée au titre des monuments historiques depuis 1862 et appartient à l’Etat.
L’altération des façades de la cathédrale Sainte-Apollinaire
Bâtie au XIIe siècle et en partie reconstruite au XVIIe siècle, la cathédrale de Valence a conservé ses formes romanes.
Cependant, cet aspect préservé a subi plusieurs campagnes de restaurations, assez lourdes, au cours des XIXe et XXe siècles pour compenser une faiblesse de l’édifice étroitement liée à son matériau de construction : la pierre de Châteauneuf‐sur‐Isère (la molasse), employée à l’origine sur l’ensemble de la construction.
Cette pierre étant particulièrement sujette à l’altération, les interventions des deux siècles précédents ont préféré remplacer les blocs « malades » par du calcaire, plus claire que la molasse.
Les façades sont alors passées d’un aspect monochrome à un aspect composite, sans régler le problème de la conservation de la pierre d’origine.
L’utilisation de cette pierre « a pixélisé » les harmonieuses et homogènes élévations d’origines.
Cette « sorte d’habit d’Arlequin » pour reprendre les mots d’Allain Tillier, perturbent la lecture des façades.
En 1997, Alain Tillier, architecte en chef des monuments historiques, a expérimenté un protocole de restauration qui a, pour la première fois, cherché à préserver la matière historique du monument.
Le chantier de restauration des façades sud et nord
La première phase du chantier débutera par la restauration des façades sud et nord. Cette opération a pour objectif de concrétiser et affirmer les propositions d’interventions élaborées dans le cadre des diagnostics de 2018 et 2019.
L’édifice ne souffre pas de problèmes de stabilité. La problématique principale des élévations provient du matériau employé dès l’origine de la construction ainsi qu’au moment de sa reconstruction : la molasse.
La dégradation avancée des parements et moulurations est directement liées aux propriétés propres de cette pierre qui a une propension importante à développer des altérations lourdes et évolutives.
Le phénomène d’altération est parfois tellement fort que les pertes de matière sont très importantes. Les contreforts en molasse et la galerie d’arcatures aveugles couronnant le haut de la nef sont les parties les plus lourdement érodées.
La coexistence des pierres en molasse et des greffes en calcaire ou en grès n’est pas un facteur aggravant des pathologies. C’est principalement la différence de nu qui, créant des zones de rétention d’eau, accentue le processus.
L’intervention menée par Allain Tillier en 1997 a proposé la création de solins de mortier pour assurer l’interface entre la molasse abimée et les greffes. Cette solution conservatoire s’est montrée efficace et durable.
Le parti de restauration sera double
- Conserver un maximum de matière d’origine :
par la consolidation des parements de molasse en place par application d'un produit durcissseur reminéralisant.
Il a clairement été démontré que le protocole de restauration mis en place lors de la restauration de 1997 a été efficace : 22 ans après le traitement les blocs de molasse desquamés ne présentent plus de pulvérulence au toucher, la décohésion granulaire est stoppée.
Des solins seront réalisés pour gérer l’écoulement des eaux entre les blocs sains et les blocs fortement desquamés.
Certains parements en molasse, trop altérés (partie basse de la façade sud du transept) seront remplacé par du grès des Vosges, cette pierre est parfaitement compatible puisque ses propriétés sont proches de celles de la molasse.
- Redonner de la cohérence historique aux élévations :
en harmonisant les greffes de calcaire aux parements anciens en molasse. « Ce traitement permettra à la fois d’intégrer les surfaces trop lisses du calcaire aux surfaces irrégulières de la molasse mais aussi de garantir une meilleure accroche de l’eau‐forte d’harmonisation ».
En complément
les verrières, les menuiseries et les systèmes de gestion des eaux pluviales seront restaurés.
Les vitraux feront l’objet d’une restauration légère ils seront déposés et nettoyés en atelier. Leur repose sera associée avec la pose de raquettes de protection en laiton.
Les couvertures en tuiles canal seront ressuivies, notamment côté nord. La couverture en plomb de la tourelle côté place des Clercs sera restaurée en totalité.
Une opération de restauration soutenue dans le cadre du plan de relance
Montant de l’opération
Le montant total des travaux s’élève à 2 281 489 € HT est financé à 100% par l’Etat dans le cadre du plan cathédrales
Durée du chantier de restauration des façades : 16 mois
Maîtrise d’ouvrage : Direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes - Conservation régionale des monuments historiques
Maîtrise d’œuvre : Michel Trubert, architecte en chef des monuments historiques
Les entreprises
Maçonnerie- Pierre de Taille : Vivian et Cie
Menuiserie-Bois : sarl Sud France
Vitraux : Thomas Vitraux
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