Mesdames et messieurs,
Cher Stéphane Bern,
Chers amis,
Je suis très heureux de vous recevoir. Très heureux de pouvoir parler du patrimoine avec celles et ceux qui sont engagés pour le faire vivre, aux côtés du ministère de la Culture. Engagés pour identifier le patrimoine en danger, pour le protéger, pour le restaurer.
Cet engagement vous honore. Car le patrimoine touche à ce que nous sommes. Il est notre héritage commun. Ce n’est pas seulement notre lien à hier ; c’est aussi ce qui nous relie à demain. Ce n’est pas seulement ce qui était là avant nous ; c’est aussi ce qui restera après nous.
Ce n’est pas seulement ce que nous recevons ; c’est aussi ce que nous transmettons. Voilà pourquoi le patrimoine appelle toute notre ambition. La mienne se résume en quatre principes clairs : plus de proximité, plus de transversalité, plus d’innovation et plus d’engagement sur le temps long.
Plus de proximité, d’abord. Notre patrimoine, c’est le visage de la France. Il est dans nos villes, nos villages, nos campagnes. Il est partout dans nos territoires. Une commune sur deux abrite un monument historique. Et un monument historique sur deux se situe dans une commune de moins de 5000 habitants. Les politiques patrimoniales doivent donc partir des territoires, et non leur être appliquées uniformément. Nous devons accompagner les projets de territoires, en particulier ruraux ou péri-urbains.
Ils ont un rôle à jouer dans la revitalisation des villes moyennes. Ce rôle de proximité, l’Etat le joue grâce à ses services déconcentrés. Je veux ici les remercier.
Plus de transversalité : c’est le deuxième principe qui guide mon action. Le patrimoine attire de nouveaux visages, de nouvelles générations. Il faut s’en réjouir. Il faut aussi pouvoir les intégrer ; construire un véritable écosystème du patrimoine en France. Ce que je veux, c’est fédérer les acteurs qui partagent la même ambition. Le ministère doit encourager des projets qui associent tous les acteurs : l’Etat bien sûr, les collectivités territoriales, les associations et les professionnels de l’architecture et du patrimoine, le monde économique, et les Français. Nous devons rassembler les énergies et les bonnes volontés. Réunir, autour de la même table, les acteurs publics, associatifs, et privés.
Troisième principe : plus d’innovation. Car le patrimoine, ce n’est pas que la conservation ; c’est aussi l’innovation. Innovation dans les services offerts aux visiteurs, innovation au profit de l’accessibilité des monuments, innovation dans les financements. Vous êtes nombreux aujourd’hui à la représenter. Vous faites de notre patrimoine un patrimoine vivant, ancré dans la modernité. Un patrimoine qui n’est pas figé pour l’éternité, mais qui sait garder son usage ; qui sait se renouveler. Je veux vous en remercier. Vous dire que le ministère de la Culture est là pour vous accompagner. Et qu’il continuera à l’être.
Ce qui m’amène au quatrième axe de mon ambition : plus d’engagement sur le temps long. C’est d’une importance capitale. De même que c’est sur le temps long que le patrimoine se dégrade, c’est sur le temps long qu’il se préserve. Alors oui, il y a urgence à agir. Mais, à la précipitation, je préférerai toujours des réponses pérennes, durables, réfléchies, concertées. A ceux qui, dans leur impatience, bien souvent sans savoir, nous le reprochent, je veux dire que gouverner est une question de tempo.
Ce n’est ni décider dans la hâte, ni décider dans la lenteur. Ce n’est ni se dépêcher, ni attendre. Gouverner, c’est décider au bon moment.
En respectant les règles et les acteurs concernés. Parfois, cela prend du temps. Mais c’est la seule façon d’agir sereinement. Efficacement. Et cela n’enlève en rien la détermination du ministère à mener une politique ambitieuse de conservation du patrimoine, quels que soient son époque et son style.
C’est le sens du budget consacré par le ministère à la préservation du patrimoine, sanctuarisé pour la durée du quinquennat à hauteur de plus de 320 millions d’euros par an. Il permet de porter 6 000 opérations de restauration de monuments historiques chaque année.
C’est le sens, aussi, d’initiatives engagées par ma prédécesseure, qui seront reconduites et amplifiées cette année. Je pense au fonds d’intervention pour le patrimoine des petites communes.
Doté de 15 millions d’euros, il permet à l’Etat d’accroître sa contribution au financement des travaux sur les monuments historiques de communes à faibles ressources. Il joue un rôle incitatif vis-à-vis d’autres financeurs – notamment les régions.
Je pense aussi au dialogue entre les élus et les architectes des bâtiments de France.
Le groupe de travail qui les rassemblait a été une réussite. Je souhaite l’amplifier, notamment dans le cadre d’Action Cœur de Ville, que nous menons de concert avec le Ministère de la Cohésion des Territoires. Nous co-organisons une journée qui réunira les 222 maires concernés, à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, le 19 mars. Choisir ce lieu, c’est une manière pour nous d’affirmer que le patrimoine sera partie intégrante d’Action cœur de ville. Dans ces 222 communes, les projets feront l’objet d’un dialogue, en amont, entre élus et ABF.
Et je pense bien sûr au Loto du patrimoine, voulu par le Président de la République.
Je veux remercier chaleureusement celles et ceux qui, à la demande du Président de la République et aux côtés du ministère, ont porté cette opération inédite.
A commencer par toi, mon cher Stéphane. Sans toi, ce Loto n’aurait pas pu exister. Sans toi, il n’aurait pas eu le même écho, le même retentissement, le même succès populaire. On n’avait pas autant parlé de patrimoine depuis longtemps !
Merci à la Fondation du patrimoine d’avoir joué un rôle éminent. D’avoir mené la sélection et l'accompagnement des porteurs de projet, en liaison avec les services de l’État, son réseau de délégations régionales et ses 500 bénévoles.
Merci à la Française des Jeux pour son soutien et son implication ; C’est grâce à vous tous que la première édition a connu un tel succès.
Un succès qui nous permet d’attirer de nouveaux partenaires : je remercie la Monnaie de Paris de nous rejoindre dans cette aventure, de s’engager dès cette année.
Un succès, comme en attestent les chiffres : 269 monuments aidés, dont 197 protégés au titre des monuments historiques. Parmi ces derniers, 85% des opérations d’ores et déjà lancées. Si nous avons pu les lancer, c’est grâce à la mobilisation sans faille des services du ministère : la direction générale des patrimoines, les directions régionales des affaires culturelles, et tout particulièrement les conservations régionales des monuments historiques.
Je veux les remercier. Surtout, presque 12 millions de tickets à gratter vendus – dont plus de la moitié au cours du premier mois. C’est autant de tickets que de visiteurs aux Journées Européennes du Patrimoine !
Pour accompagner cet élan populaire, le ministère de la Culture a déployé des moyens nouveaux. Nous avons augmenté les plafonds des taux de subvention des monuments soutenus dans le cadre de la mission « patrimoine en péril » : Jusqu’à 40% pour les monuments inscrits – contre 20% habituellement, et jusqu’à 60% pour les monuments classés au titre des monuments historiques – contre 40% habituellement.
En outre, nous avons débloqué des crédits nouveaux pour neutraliser les prélèvements fiscaux qui s’appliquent au Loto. En 2019, nous continuerons.
Le Loto n’a pas seulement permis d’apporter des ressources nouvelles à la protection de notre patrimoine.
Il a permis à nos concitoyens d’y participer. C’est là sa plus belle réussite.
Car les Français ne veulent plus être seulement spectateurs de la culture ; ils veulent aussi en être acteurs. Ils ont pu proposer des monuments à restaurer via des plateformes dédiées, mises en place par la Fondation du patrimoine et le ministère de la Culture. Surtout, ils se sont mobilisés en nombre pour les jeux lancés par la Française des Jeux.
Je forme le vœu qu’ils soient plus nombreux encore en 2019. Cette année, nous pérenniserons le dispositif. Et nous l’améliorerons : En renforçant la diversité dans les projets sélectionnés. Et en retenant un plus grand nombre d’édifices non protégés au titre des monuments historiques. Parce qu’ils sont tout aussi essentiels que les édifices qui le sont.
C’est pour tout cela que nous sommes là aujourd’hui. C’est pour tout cela que nous avons besoin de vous. Parce que vous êtes au contact du terrain, au contact du patrimoine en péril. J’en profite pour saluer le travail que vous menez avec les conservateurs régionaux des monuments historiques ; et au sein des commissions régionales du patrimoine et de l'architecture, et de la commission nationale. Parce que vous êtes, enfin, des partenaires indispensables ; des relais incomparables, pour permettre l’appropriation du patrimoine par tous.
Chers amis,
A la veille de cette nouvelle édition du Loto du patrimoine, je vous invite à déposer vos projets sur la plateforme participative de la Fondation du Patrimoine. Soyez force de proposition !
Je suis là, le ministère est là, pour vous écouter. Pour dialoguer. Pour échanger.
Pour recevoir vos idées d’édifices à retenir pour l’édition 2019. C’est le but de ce moment ensemble.
Un dernier mot, avant de vous laisser la parole. Notre patrimoine, nous devons le mettre en lumière.
Nous devons aussi en valoriser les métiers, montrer sa diversité, créer des vocations : le Pass Culture peut nous y aider. Nous avons lancé son expérimentation au début du mois.
Je vous invite tous à vous y inscrire : à proposer des activités, des ateliers, des rencontres, aujourd’hui dans les 5 départements-test – la Guyane, le Bas-Rhin, l’Hérault, la Seine-Saint-Denis – et demain partout en France.
Je vous remercie.