Il avait passé sa vie à photographier la condition humaine dans ce qu’elle a de plus rude, Sebastião SALGADO s’est éteint à l’âge de 81 ans.
Né en 1944 au Brésil, Sebastião SALGADO avait débuté ses études à São Paulo. Très vite engagé, il avait ferraillé contre la dictature militaire avant d’être menacé de prison. En 1969, il avait fui son pays natal pour rejoindre Paris et l’ENSAE. Après une première vie plongée dans les rapports économiques, il avait changé brusquement de trajectoire, prenant conscience que son bonheur à lui se trouverait dans les images plus que dans les chiffres.
Sa carrière de photographe avait ainsi débuté, au mitan des années 70, au sein de prestigieuses agences de photographie. Dans les années 80, il avait parcouru l’Amérique latine pour donner à voir les conditions de travail des mineurs et pour donner à penser le système productiviste de l’époque.
En étendant son travail aux migrations, aux conflits armés, à la pauvreté et aux crises climatiques, Sebastião SALGADO était devenu le photographe des vies brisées. Non sans détracteurs, il avait réussi, à travers la profondeur du noir et blanc, à y déceler la beauté et à leur redonner de la dignité.
Naturalisé français, son lien avec notre pays avait été définitivement scellé lorsqu’il avait été élu en 2016 à l’Académie des Beaux-Arts, au fauteuil de Lucien CLERGUE. Ses années d’académicien avaient été marquées par un engagement sans faille au service d’une institution dans laquelle il avait su trouver sa juste place.
Encore récemment, pour sa dernière exposition, Sebastião SALGADO avait choisi la France et les Franciscaines de Deauville pour mettre en lumière certains de ses plus grands clichés.
Il laisse derrière lui une œuvre immense, témoignage du réel dans ce qu’il a parfois de plus cruel. Un réel dont il n’avait jamais détourné le regard pour que le monde puisse, à son tour, le regarder en face.
J’adresse, à sa famille, à ses proches et à ses compagnons de doublage, mes condoléances les plus sincères.
Rachida DATI
Ministre de la Culture