1.Présentation
La politique musicale et l’action culturelle (1962-1966) fait le récit de l’origine d’une politique. Le premier chapitre permet de comprendre que la question fondamentale n’est pas, concernant le lancement d’une politique musicale, « pourquoi quelque chose plutôt que rien ? », mais « pourquoi cette politique plutôt qu’une autre ? ».
Il montre comment l’enseignement s’est en effet imposé comme fondement de la politique de démocratisation musicale.
Le conservatoire national supérieur de musique dans la politique de l’enseignement musical de Marcel Landowski constitue le modèle institutionnel suivant lequel et par rapport auquel fut conçue et lancée la réforme structurelle de l’enseignement musical spécialisé en France, et ouvre l’étude de la politique de l’enseignement musical.
Même si Marcel Landowski n’intervint pas dans les affaires du Cnsm, sauf en mai 1968, le rôle important qu’il y joua alors conférait à sa politique une légitimité renforcée et lui donna, avec la rédaction d’un Plan de dix ans pour l’organisation des structures musicales françaises, un élan nouveau.
La réforme de l’enseignement musical spécialisé concerne les différents aspects d’une politique d’«accès de tous à l’enseignement musical», menée par étapes et organisée selon un schéma institutionnel pyramidal, en parallèle au système scolaire. Elle crée un modèle d’établissement, le conservatoire à la fois « national » et « de région », autour duquel s’organise l’enseignement musical, sur le territoire, et auquel se rapporte l’organisation des écoles de musique « nationale s» et « agréées » par l’État.
Cette politique de démocratisation de l’accès à enseignement musical professionnalisant permet la formation de nombreux musiciens interprètes professionnels, et crée une nouvelle catégorie de musicien : « l’amateur de haut niveau ».
L’action de Marcel Landowski en faveur de la musique dans l’enseignement scolaire installe durablement une relation interministérielle Éducation Nationale-Culture autour de la musique, car Marcel Landowski a fait de l’éducation musicale à l’école son cheval de bataille.
Il réussit à faire reconnaître l’utilité d’enseigner la musique en tant que «discipline de la sensibilité», en complément des disciplines de la connaissance et développe, en coopération avec l’éducation nationale, les premières modalités de ce que nous appelons aujourd’hui l’éducation artistique et culturelle, pour laquelle il n’a jamais cessé de s’engager.
La politique d’animation musicale de Marcel Landowski inscrit la musique sur le territoire, d’abord à partir de la rénovation des orchestres et du rayonnement territorial de la diffusion, puis en développant des structures d’animation musicale dans chaque région et département.
Voir la vidéo de présentation de l'ouvrage organisée le 7 novembre 2014 au Cefedem Rhône-Alpes
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Docteur en science politique, Noémi Lefebvre est actuellement responsable du Centre d’études sur l’enseignement et les pratiques musicales au Cefedem Rhône-Alpes. Depuis sa thèse portant sur l’éducation musicale en Allemagne et en France (IEP de Grenoble, 1994), elle s’intéresse principalement aux rapports entre musique et politique à travers l’éducation. Elle a publié, en collaboration avec Anne Veitl, dans le cadre des recherches du Comité d’histoire, Maurice Fleuret : une politique démocratique de la musique (La Documentation Française, 2000).
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