Chaque année, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) produit un Rapport au Parlement sur la langue française. Pourquoi et avec quels objectifs ?
La remise de ce Rapport est une obligation inscrite dans la loi du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française, dite « loi Toubon ». Cette loi garantit l'usage du français dans des domaines essentiels de la société comme la consommation, la publicité, l’audiovisuel, le travail, l'enseignement ou encore les services publics. Notre mission, à la DGLFLF , est de coordonner cette politique linguistique et d'en assurer le suivi via ce rapport annuel. Ce rapport vise à informer les parlementaires et le grand public sur l'application de la loi, mais aussi à sensibiliser tous les acteurs - institutions, associations, experts et citoyens - sur l'importance du français comme ciment de notre société. Avec plus de 6 000 exemplaires diffusés, il constitue un véritable levier pour encourager de nouvelles initiatives en faveur de la langue française et du plurilinguisme.
Quels sont les enjeux de cette politique publique et comment se sont-ils traduits en 2024 ?
J’en vois trois : le premier est celui du français en tant que « langue de la République », comme l'affirme l'article 2 de notre Constitution. La loi Toubon joue un rôle essentiel : en garantissant un accès en français à l'information, à l'éducation, à la culture et aux services publics, elle est un pilier de notre cohésion sociale.
Ensuite, les enjeux du numérique et de l’intelligence artificielle sont devenus prépondérants aujourd’hui. Sans régulation, ces technologies risquent d'uniformiser nos modes de pensée et de marginaliser notre langue. Le XIXe Sommet de la Francophonie et le Sommet de l'IA à Paris ont permis de poser des jalons solides pour un espace numérique en français, dynamique et protecteur. La création du centre de référence pour les technologies des langues à Villers-Cotterêts illustre notre volonté de structurer une stratégie durable.
Enfin, la maîtrise du français demeure un enjeu d'inclusion sociale. Avec 4 % des adultes en situation d'illettrisme, nous devons agir pour garantir à chacun un accès à la langue.
Quelles sont les priorités à venir ?
Notre action doit s'appuyer sur les attentes des citoyens et sur des données concrètes. C'est pourquoi nous avons mené, en 2024, deux enquêtes qui orienteront nos politiques à venir.
La première, réalisée par Harris Interactive, révèle un attachement profond des Français à leur langue. Trente ans après son adoption, la loi Toubon est bien connue du public (51 % des Français en ont entendu parler) et largement soutenue (91 % estiment qu'elle garantit l'égalité entre citoyens). Une majorité (63 %) souhaite même son renforcement, une piste que le Parlement pourrait explorer.
La seconde enquête, menée par OpinionWay pour Eloquentia, met en évidence l'importance de l'oralité pour les jeunes. Si 71 % des 16-24 ans estiment que la maîtrise du français est essentielle pour réussir, 49 % jugent difficile de s'exprimer à l'oral. Nous allons donc lancer en 2025 le dispositif « Prenez la parole ! » pour former les jeunes à la prise de parole et aux métiers de la culture.
Partager la page