Sobriété énergétique : conseils et bonnes pratiques pour les établissement culturels
La crise climatique et la crise énergétique nous montrent les limites de notre modèle actuel, exigeant une sortie accélérée des énergies fossiles. Pour autant, plus de sobriété ne signifiera pas moins de culture : le ministère de la Culture a donc élaboré, en collaboration avec les professionnels du secteur, un ensemble de préconisations visant à atteindre les objectifs de sobriété énergétique fixés par le Gouvernement.
Le Ministère a formulé un ensemble de 8 mesures pour adapter le plan de sobriété énergétique gouvernemental aux problématiques du secteur de la culture.
Mesure 1 – Aménager le niveau et les horaires de chauffage et de climatisation
Les valeurs fixées par le Gouvernement sont de 19°C en période de froid et de 26°C en période de chaleur. En outre, ces valeurs ne s’appliquent que lorsque les locaux sont occupés : en période hivernale, les températures doivent être abaissées de 2°C la nuit, 16° si la durée d’inoccupation est comprise entre 24 et 48h, et elles tombent à 8°C en cas de période d’inoccupation supérieure à 48h.
Le Ministère prend néanmoins en compte les spécificités de certaines filières, pour lesquelles les températures devront parfois être modulées : par exemple, pour la conservation de collections patrimoniales, ou pour assurer de bonnes conditions de travail dans le spectacle vivant.
En pratique :
- Éviter le recours à des chauffages d’appoint individuels, très consommateurs d’énergie
- Étendre le recours au télétravail, par exemple le vendredi : cela permet d’étendre les plages d’inoccupation des locaux.
- Certaines institutions qui accueillent du public peuvent également jouer sur les jours d’ouverture au public et/ou réaménager les circuits au sein du bâtiment, afin de choisir judicieusement les zones à chauffer ou à climatiser.
- Enfin, le Ministère encourage les dépenses efficaces à court terme, pour des travaux à gains rapides, maiségalement à long terme : entretien renforcé, installation de systèmes centralisés et de gestion intelligente des bâtiments…
Mesure 2 – Réduire l’eau chaude sanitaire
La distribution d’eau chaude est obligatoire (articles R. 4228-7 et R. 4228-22 du Code du travail) dans les locaux mis à dispositions des agents et collaborateurs du Ministère de la Culture, de ses opérateurs et plus largement des acteurs du secteur culturel (sous certaines conditions) : le plan de sobriété énergétique fixe à 55°C la température maximale. Néanmoins, elle ne l’est pas dans les sanitaires des établissements recevant du public (ERP), et il est possible de faire des gains d’énergie significatifs en arrêtant la production d’eau chaude sanitaire dans ces espaces.
Mesure 3 – Mieux concilier renouvellement de l’air et économies d’énergie
Il peut être difficile de concilier les recommandations d’aération et de ventilation « tout air neuf » mises en place à la suite de la pandémie de Covid 19, et les impératifs en matière de sobriété énergétique. Le ministère de la Culture recommande à cet effet de privilégier un renouvellement partiel de l’aération à l’air neuf.
En pratique :
La concentration en CO2 est un bon indicateur du renouvellement de l’air. L’installation de capteurs de CO2 peut ainsi être un investissement utile pour optimiser le renouvellement de l’air, et le recours à l’aération et à la ventilation.
Mesure 4 – Assurer la sobriété en matière d’éclairage
Éteindre la lumière quand on sort de son bureau, déjà un réflexe pour beaucoup : les mesures de réduction des plages horaires de l’éclairage sont souvent les premières auxquelles on pense afin de faire des économies d’énergie. Elles ont une forte portée symbolique, même si elles permettent des économies moindres par rapport aux mesures qui touchent au chauffage, à la climatisation…
En pratique :
- Le Ministère encourage le remplacement des lampes à incandescence par des LED (relamping). Attention : le basculement vers un éclairage LED doit se faire en portant attention au résultat pour les usagers, notamment pour la vision.
- Les écrans publicitaires sont particulièrement gourmands en énergie : il est recommandé de réduire l'intensité de leur éclairage, et de raccourcir leur temps d’utilisation journalier.
Mesure 5 – Réduire les consommations liées aux usages numériques
Nos équipements informatiques, ainsi que l’usage des logiciels, peuvent être très consommateurs en énergie. Les solutions qui permettent d’automatiser et de généraliser l’extinction du matériel informatique de bureau (copieurs, ordinateurs…) sont à privilégier.
Pour réduire la consommation d’énergie des centres de données, il est recommandé d’éteindre les machines virtuelles non utilisées, d’identifier les applications qui ne sont plus utilisées, d’activer systématiquement l’option « économie d’énergie » des serveurs physiques, d’identifier les serveurs pouvant être éteints la nuit, et enfin, d’augmenter petit à petit la température des salles serveurs de 19°C vers 23°C.
Les bons réflexes individuels sont eux-aussi importants, et souvent déjà appliqués : éteindre le matériel informatique personnel dès que possible (et non simplement le mettre en veille), travailler sur batteries en ayant fait charger les équipements au préalable la nuit…
En pratique :
- En matière d’investissements : privilégier le passage à des ordinateurs portables, pour éviter les consommations supplémentaires engendrées par une unité centrale, et l’équipement en copieurs multifonctions plutôt qu’en imprimantes individuelles
Mesure 6 – Mieux connaître son potentiel immobilier et sa performance énergétique
Les travaux permettant des gains énergétiques durables ne peuvent être identifiés par une structure que par une connaissance fine de son parc immobilier et de sa performance énergétique.
Il est donc essentiel que les acteurs du secteur culturel réalisent des diagnostics et études thermiques sur leurs bâtiments, qu’ils pourront compléter de bilans carbone, afin de fiabiliser leurs données en matière de consommation énergétique, et d’établir des schémas immobiliers à long terme. Des aides sont déployées pour faciliter l’accès à ces démarches : vous en retrouverez plusieurs sur notre Centre de ressources.
Les Schémas Directeurs Immobiliers Régionaux (SDIR) et les Schémas Pluriannuels de Stratégie Immobilière (SPSI) sont des éléments essentiels à la formulation de la stratégie immobilière de l’État, et tendent à devenir obligatoires afin d’accéder à certaines aides, notamment en termes de rénovation énergétique.
Mesure 7 – Encourager les mobilités décarbonées et l’autopartage pour les équipes
Les transports représentent un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France : proposer des alternatives à la voiture thermique aux agents et collaborateurs est un levier essentiel de réduction des consommations énergétiques du secteur culturel.
Le service public s’appuie d’ors et déjà sur le socle minimal et obligatoire du forfait mobilités durables (dispositif facultatif pour le secteur privé). Mais plusieurs institutions culturelles, publiques ou privées, vont déjà plus loin. Avant tout, il est fortement conseillé d’évaluer les habitudes de transport au sein de l’organisation concernée, afin de planifier des adaptations cohérentes et efficaces au regard des besoins des collaborateurs et de la desserte du lieu culturel concerné. Enfin, pour les établissements recevant du public, une politique d’incitation aux mobilités en interne doit s’accompagner d’une politique analogue en termes d’accueil des publics : voir notre page « Proposer des alternatives pour décarboner les mobilités culturelles » pour plus d’informations.
En pratique :
- Limiter les déplacements professionnels en avion : les politiques au sein des structures vont de l’interdiction stricte pour des déplacements en France métropolitaine, à l’incitation à opter pour le train pour certains trajets bien desservis... Privilégier le train pour vos déplacements professionnels en réduit très significativement l'impact environnemental : ces comportements doivent être encouragés. Lorsque c’est possible, le train doit également être préféré à la voiture, et le covoiturage encouragé.
- Développement des mobilités douces : achat de vélos de prêt, abonnement à un service de vélopartage, création de garages à vélo et de solutions de stockage/rechargement des batteries électriques, mise à disposition d’outils pour les petites réparations, installation de vestiaires et de douches pour les agents et collaborateurs cyclistes… De nombreuses actions, parfois peu coûteuses, peuvent faciliter le choix des mobilités douces.
- Véhicules électriques : déploiement de bornes de recharges, renouvellement de la flotte de service en optant en priorité pour des véhicules électriques
Mesure 8 – Sensibiliser aux écogestes du quotidien
Les écogestes écologiques et de sobriété énergétique sont déjà largement promus par des campagnes de communication au sein du Ministère, de ses opérateurs ou des autres institutions culturelles.
Le Ministère encourage cependant la rédaction d’une charte des bonnes pratiques adaptée à l’établissement, afin d’associer l’ensemble des salariés et de s’assurer de la mise en œuvre des mesures de sobriété énergétique.
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