Histoire du logo "monument historique"
Le labyrinthe de la cathédrale de Reims a inspiré les graphistes chargés de concevoir le logotype destiné à signaler les monuments historiques. Ce logotype, présenté officiellement en 1985 par le ministère de la culture, est d'abord réservé aux monuments historiques classés avant d'être étendu aux monuments inscrits. Dans les années qui suivent, il fait son entrée officielle sur les panneaux de signalisation routière et autoroutière.
Naissance du logo
6 février 1985
Jean-Pierre Weiss, directeur du patrimoine, préside le jury pour la sélection d'une plaque à apposer sur les monuments historiques.
---------------------------
10 septembre 1985
Le 10 septembre, Jack Lang, ministre de la Culture, tient une conférence de presse sur les monuments historiques, au cours de laquelle il annonce la Journée portes ouvertes, le 22 septembre, et inaugure la première plaque "monument historique" posée ce jour-là sur le Palais Royal, en prélude à une campagne destinée à inciter tous les propriétaires de monuments classés à poser cette plaque sur leur immeuble afin de le signaler à l'attention du passant. [...]
Le logo semble avoir connu quelques évolutions dans le graphisme, avec un jeu de contraste dans les lignes plus marqué dans la présentation de 1985 que par la suite.
NB : Le ministère de la Culture et de la Communication a confié la gestion et la diffusion exclusive de la plaque "Monument historique" à l'Union REMPART. Créé en 1966, ce mouvement réunit aujourd'hui plus de 170 associations locales et régionales œuvrant à la restauration et l'animation de sites historiques.
---------------------------
Aux origines : le labyrinthe disparu de la cathédrale de Reims
Le logo s'inspire du labyrinthe de la cathédrale de Reims, débarrassé de ses personnages, avec une rotation de 45° et souvent de couleur rouge foncé.
La signification de ce dessin fréquemment reproduit sur le dallage des nefs des grandes églises du Moyen Âge, n'est d'ailleurs pas élucidé : chemin de Jérusalem ou, plus simplement, signature des maîtres des oeuvres dans la mesure où à Reims, comme à Chartres et Amiens, le labyrinthe recelait dans certains des compartiments la figure des architectes ayant élevé ces cathédrales. Le labyrinthe de Reims a aujourd'hui disparu, par suite d'une décision du clergé qui, au XVIIIe siècle, le fit détruire sous le prétexte que les enfants s'amusaient pendant les offices à en suivre les lignes entrecroisées. Son dessin est parvenu jusqu'à nous grâce à un recueil manuscrit du XVIe siècle conservé à la Bibliothèque Nationale.
---------------------------
Introduction du logo dans la signalisation routière
Lors de la présentation du nouveau logo, Jack Lang évoque d'autres utilisations de ce signal "Monument historique", comme l'élaboration d'un programme de signalisation routière.
source de l'image : http://blog.doctissimo.fr/phedor/autrefoispanneaux-michelin-2265080.html
La signalisation routière des monuments historiques est bien antérieure aux années 1980. En 1954 déjà, les monuments historiques sont signalés sur les panneaux routiers.
Le panneau signalétique se présente alors sous forme d'un pictogramme rectangulaire de couleur crème encadré d'un listel bleu foncé.
Toutefois dans les années 1980, beaucoup reste encore à faire. Lors de la présentation du Plan Patrimoine en conseil des ministres, le 10 septembre 1986, François Léotard (ministre de la Culture depuis mars 1986) reconnaît que la signalisation des monuments historiques sur les routes et autoroutes est encore trop réduite malgré des progrès et des expériences (notamment dans le département de La Manche).
---------------------------
Note d'information. " Signalisation touristique - les cas des monuments historiques ". Février 1987
Cette note introduit le nouvel idéogramme "monument historique" (ID161*) créé par le ministère de la culture ; elle décrit les caractéristiques des panneaux de signalisation avancée et des panneaux de signalisation de position sur lesquels l'idéogramme est apposé et précise clairement les règles d'utilisation et d'implantation de ces panneaux.
Les monuments historiques susceptibles d'être signalés doivent être inscrits ou classés, être ouverts à la visite et présenter un attrait culturel significatif.
> Le panneaux d'indication avancée
Il doit être implanté en rase campagne uniquement, au maximum à 10 km du monument. Il ne peut y avoir plus de 4 panneaux de ce type par monument.
> Le panneau de signalisation de position
De forme rectangulaire terminé par une flèche, il indique sans ambiguïté la direction à emprunter et, éventuellement, le kilométrage. Il est à fond blanc avec listel et caractères de couleur noire. Lorsqu'il signale un monument historique, il comporte systématiquement l'idéogramme de couleur marron.
*Les idéogrammes de type ID sont des pictogrammes placés devant les indications de destination à l'exception des indications d'agglomération. Ils permettent de simplifier la lecture d'un panneau en remplaçant une partie de l'information écrite par une icône. Figurent aussi parmi les idéogrammes de type ID l'appellation « Musée de France » et le label « Jardin remarquable ». Cf. Article 9 de l'arrêté du 31 juillet 2002 modifiant
l'arrêté du 24 novembre 1967 relatif à la signalisation des routes et des autoroutes. JORF du 21 septembre 2002.
---------------------------
La loi Grenelle (ou loi portant engagement national pour l’environnement du 12 juillet 2010) ainsi que le décret du 30 janvier 2012 ont profondément réformé la réglementation relative à la publicité extérieure, aux enseignes et aux pré-enseignes (les panneaux d'indication avancée signalés dans la note de 1987 en font partie) en vigueur.
La loi Grenelle a notamment révisé le statut des pré-enseignes dérogatoires en réduisant considérablement le champ des activités pouvant être signalées par ce moyen : depuis le 13 juillet 2015, ne peuvent être signalées que « les activités en relation avec la fabrication ou la vente de produits du terroir », « les activités culturelles ainsi que les monuments classés ou inscrits au titre des monuments historiques ouverts à la visite » et, à titre temporaire, les «manifestations exceptionnelles à caractère culturel ou touristique ».
Concernant les monuments historiques, le code de l'environnement, dans son article R. 581-67 indiquent qu'« Il ne peut y avoir plus de quatre pré-enseignes par monument, lorsque ces pré-enseignes signalent des monuments historiques, classés ou inscrits, ouverts à la visite. Deux de ces pré-enseignes lorsqu'elles indiquent la proximité d'un monument historique, classé ou inscrit, ouvert à la visite, peuvent être installées à moins de cent mètres ou dans la zone de protection de ce monument. »
Les pré-enseignes dérogatoires ne peuvent, en règle générale, être implantées à plus de cinq kilomètres de l’entrée de l’agglomération ou du lieu où est exercée l’activité qu’elles signalent. Cette restriction est portée à dix kilomètres pour les monuments historiques classés ou inscrits ouverts à la visite.
---------------------------
Sources :
. Lettre d'information du ministère de la culture, 1985-1986.
. CETE Normandie-Centre. Note d'information " Signalisation touristique - les cas des monuments historiques ". (Documentation technique ; Circulation Sécurité ; n° 37). Février 1987
. Arrêté du 22 juillet 1954 « Signalisation routière » - JORF du 23 juillet 1954, page 6961.
. Loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l'environnement
. Décret n° 2012-118 du 30 janvier 2012 relatif à la publicité extérieure, aux enseignes et aux pré-enseignes
. Arrêté du 23 mars 2015 fixant certaines prescriptions d’harmonisation des pré-enseignes dérogatoires