Avec la première édition Regard sur la collection, le musée des Avelines, musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud, soutenu par la DRAC Île-de-France, invite jusqu’au 17 septembre le visiteur à égrener un abécédaire amoureux autour de l’exposition "Amours imaginaires".

 

La scénographie appelle à une balade autour de 120 œuvres réunies sous le dais de ce paysage d'ivresses amoureuses. D’époque et de genre variés, elles dessinent les "Amours imaginaires" à travers les différentes facettes de l’amour : la passion, la romance, l’érotisme et la tendresse.

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La nouvelle exposition-dossier proposée est la première d’un cycle intitulé Regard sur la collection. Chaque année le musée des Avelines offrira une thématique dans l’esprit d’une maison de collectionneur. Le Musée souhaite mettre en avant des œuvres - possédant une intention narrative - restées jusqu’alors dans les réserves. 

G.Maille (1800-1842), d'après C-M. Dubufe (1790-1864), Amour, 1831, aquatinte, inv :2018.2.1. (détail) © Ville de Saint-Cloud - Musée des Avelines/A. Bonnet

 

passion – amours mythologiques et littéraires

La mythologie grecque et romaine tend à définir de façon imagée les différentes formes d’expression des passions. Éros est un sujet de choix pour les nombreux peintres et sculpteurs de la Renaissance à l’âge classique.

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Benoît Audran (1661-1721), d’après Pierre Mignard (1612-1695). Les Plaisirs des jardins, avant 172, Eau-forte et burin, 25 x 60 cm, Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 2008.0.3 © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / A. Bonnet

Au château de Saint-Cloud, Mars et Venus accompagnez des Grâces et des Amours est la pièce maîtresse du salon de Monsieur – dit aussi salon de Mars –, décoré par Pierre Mignard (1612-1695) dans les années 1677-1678. Ce type de décor allégorique s’applique également aux monuments du jeune siècle de l’industrie comme le buffet de la gare de Lyon. Le plafond de la salle à manger devait tracer symboliquement la ligne de Paris à Marseille par l’évocation des villes étapes.

Vers 1899, Guillaume Dubufe (1853-1909) réalise une étonnante esquisse où Lyon figure dans un espace circulaire sous les traits d’une païenne nue et rousse, à côté d’un métier à tisser de soyeux, alors qu’à l’opposé du décor chemine une procession mariale ; un petit Eros la couronne de laurier.

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Guillaume Dubufe (1853-1909). Esquisse pour le buffet de la gare de Lyon, vers 1899. Huile sur toile, Ø 73 cm, Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, inv. PDUT1409 © Paris Musées / Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

L’amour et les intrigues amoureuses sont des sujets inspirants pour tous les auteurs, depuis les premiers écrits chrétiens jusqu’aux expressions les plus abouties de l’amour dit courtois au XVe siècle. Le thème de l’amour jusque dans la mort constitue un leitmotiv depuis le milieu du XIXe siècle.

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William Fel (1885-1957), La Mort de Béatrice, 1920. Illustration de l’ouvrage Poèmes inachevés d’Albert Samain (1858-1900). Taille douce, 21 x 33 cm, Saint-Cloud, musée des Avelines, fonds documentaire © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / A. Bonnet & Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Flore accroupie, (après 1870), Porcelaine dure, biscuit de Sèvres, 46 x 27 x 18 cm Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 527 © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / A. Bonnet

romance – promenades galantes

Quand l’amour se fait romance, il s’exprime par le transport de l’âme, de soi vers l’être aimé. Avec ses parcs et jardins, Saint-Cloud est le lieu privilégié des promenades galantes dont la tradition se fixe dès le XVIIe siècle au sein de la bourgeoisie et de l’aristocratie, comme un prolongement de l’amour courtois.

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Gaston La Touche (1854-1913). Les Amoureux, 1893. Pastel sur papier marouflé sur toile, 80 x 43 cm, Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 2021.3.3 © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / A. Bonnet & Albert Duvivier (1842-1927) d’après Édouard Dantan (1848-1897), Je vous aime, 1884. Illustration de l’ouvrage Une page d’amour, tome I, d’Émile Zola (1840-1902). Eau-forte, 30,5 x 21,5 cm, Saint-Cloud, musée des Avelines, fonds documentaire © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / DR

La Lanterne Démosthène, haute de dix-huit mètres et juchée sur le rond-point de la balustrade, dans le parc de Saint-Cloud, inspire une gouache d’auteur anonyme qui suggère ainsi merveilleusement le lien étroit entre le décor et les personnages qui semblent en émaner. Gaston La Touche (1854-1913) teinte ses œuvres d’un réalisme romanesque comme le suggère Les Amoureux.

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La Lanterne de Démosthène, entre 1803 et 1814. Gouache sur papier, 55,8 x 78,8 cm Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 95.5.1 © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / A. Bonnet

fantaisie – la sensualité amoureuse

La sensualité est un puissant moteur d’expression artistique. La psychanalyse engage, dès la fin du XIXe siècle, à dépasser l'aspect symbolique des images par l’expression de fantaisies.

Le récit illustré est principalement produit par des artistes masculins, à destination d'un public qui l'est aussi. En ce sens, William Fel, est aussi associé à l’édition de Poèmes (1917) de l’académicien Henri de Régnier. Ses en-têtes et culs-de-lampe sont mis en regard d’aquatintes d’après les dessins de Gaston La Touche. Entre les deux artistes, les styles diffèrent mais sont unifiés par l’emploi des mêmes couleurs qui témoignent d’une pensée collective, probablement née au plus proche de l’auteur.

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Louis Mortier, d’après Gaston La Touche (1854-1913), L’Heure Heureuse, avant 1917. Illustration de l’ouvrage Poèmes d’Henri de Régnier (1864-1936). Aquatinte, 30.5 x 22,8 cm, Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 04.4.10 © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / DR & William Fel (1885-1957). Illustration de l’ouvrage Poèmes d’Henri de Régnier (1864-1936). Lithographie, 30,5 x 22,8 cm, Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 2016.2.8 © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / DR

tendresse – amours filiales

La représentation de l’enfant entouré de l’affection de ses proches est un sujet qui passionne les créateurs de toutes les disciplines. Le musée des Avelines conserve une Vierge à l’enfant de l’école siennoise où amour mystique et amour maternel ne font qu’un. En dehors des sujets religieux, le cadre intimiste de la maison devient à partir du XVIe siècle un espace protégé de représentations d’instants passés avec les enfants. Espace protégé y compris chez les Grands lorsqu’il s’agit de s’extraire du pouvoir.

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École siennoise. Vierge à l’enfant, 13ème siècle. Tempera reportée sur panneau de bois, 36 x 27 cm, Saint-Cloud, musée des Avelines, inv. 69.1.9 © Ville de Saint-Cloud – Musée des Avelines / A. Bonnet

Le château de Saint-Cloud, pour Napoléon 1er, est un lieu de villégiature privilégié pour interagir avec celui que l’on nomme "l’Aiglon" depuis sa naissance le 20 mars 1811. Un ensemble de quatre gravures figure le père et son fils en une tendre réciprocité, ayant pour toile de fond le cabinet de travail de l’empereur. Le thème de la jeunesse retient les artistes qui livrent d’attendrissants portraits d’enfants, seuls ou au sein de leurs propres familles. Souvent porteuses d’un message sociologique, les œuvres figurant le cercle familial constituent un exercice singulier dans la carrière d’un artiste, comme l’autoportrait.