Le bâti ancien alsacien d’avant 1948 (dit "anciens"), porteur de valeurs patrimoniale et paysagère, constitue un tiers du parc d'habitation régional et représente un enjeu pour les économies d'énergie. Les rénovations doivent tenir compte de ses caractéristiques propres pour ne pas dénaturer l'aspect architectural ni créer de désordres techniques.

Ces bâtiments se distinguent en effet de ceux de la période 1949-1973, en étant en général moins énergivores et en présentant un fonctionnement hygrothermique très différent.

L’étude-conseil de l’État est en libre téléchargement.

La rénovation du parc bâti existant constitue un enjeu majeur pour atteindre les objectifs de moindre consommation d’énergie et d'émission de gaz à effet de serre :

  • en 2012, près de 45% de l’énergie finale consommée en France provient du résidentiel et du tertiaire, chiffre ramené à 38% en Alsace, dont 25% par les seuls logements1.

Dans le cadre du Plan de rénovation énergétique de l'habitat, la Direction régionale de l'environnement, de l’aménagement et du logement d'Alsace (DREAL) et la Direction régionale des affaires culturelles d'Alsace (DRAC) ont lancé une étude "Habitat ancien en Alsace : énergie et patrimoine".

Cette étude est librement disponible via des fiches et rapports à télécharger en bas de cette page ou sur le site de la DREAL :

  • huit fiches (méthode générale et une fiche par type de bâti étudié) ;
  • des rapports techniques ;
  • un état de l’art des pratiques de rénovation.

Publiée en deux phases, "Comprendre" (septembre 2014) et "Agir" (septembre 2015), l’étude "Habitat ancien en Alsace : énergie et patrimoine" a été menée par le CEREMA-Est et le cabinet d'architecture Oziol-De Micheli, en association avec l'ensemble des partenaires locaux engagés dans la rénovation énergétique des bâtiments.

Une typologie thermique du bâti antérieur à 1948 a d’abord été définie, pour la première fois en Alsace. Sept logements représentatifs ont été sélectionnés, instrumentés et étudiés (paramètres physiques, hygrothermie) pendant sept mois :

  • l’appartement en immeuble mitoyen des faubourgs
  • l’appartement en immeuble de rapport mitoyen
  • la maison dite de maître construite en briques
  • la maison indépendante en maçonnerie
  • la maison d’habitation en maçonnerie dans un corps de ferme
  • le logement dans un corps de ferme à colombages
  • la maison à colombages avec schlupf

Ces observations ont permis de modéliser sept logements-types grâce à un logiciel de thermodynamique, sur lesquels un large panel de gestes de rénovation énergétique a été testé et comparé.

Différents matériaux d’isolation ont pu être comparés (avantages, risques, coûts). Trois scénarios de rénovation ont été proposés pour chaque type, et évalué selon cinq critères : gain énergétique, confort d’été, diminution de l’effet de paroi froide en hiver, absence de risque lié à l’humidité dans les murs, respect de l’aspect patrimonial et architectural. Les coûts de travaux ont été estimés, tant en termes de rentabilité que de soutenabilité, et ont été comparés au coût de l’inaction en euros et tonnes de CO² non émises.

L’étude révèle les qualités du bâti ancien alsacien avant rénovation :

  • étiquette-énergie proche voire au-dessus de la moyenne nationale, ce qui représente des performances thermiques plutôt bonnes compte tenu du climat local rigoureux ;
  • très bon confort d’été, lié à sa bonne inertie, quasi absence de ponts thermiques, équilibre hygrothermique ;
  • espaces-tampons (caves, appentis, …) et "Schlupf" (espaces vides d’environ 80 cm de large entre les maisons) au rôle bénéfique du point de vue thermique.

L’étude démontre les bons résultats en termes de gain énergétique obtenus grâce aux travaux :

  • une amélioration énergétique importante (BBC-rénovation) peut être atteinte tout en respectant les caractères principaux des façades, des toitures et des menuiseries.
  • D’autres approches sont également possibles pour gagner une à deux classe d’étiquette-énergie, en favorisant d’autres critères : limiter les coûts, agir par étapes ou encore privilégier une préservation plus complète de la qualité patrimoniale et architecturale du bâti.
  • L’étude montre aussi que le bon entretien du bâti et la limitation des fuites d’air est déjà en soi une action efficace.

L’étude met en exergue des points de vigilance :

  • les actions de rénovation énergétique impactent le confort d’été, de manière plus ou moins importante suivant les scénarios ;
  • la pose d’un isolant thermique extérieur a un impact important sur l’aspect architectural du bâti ancien (dans l’étude, cette solution n’a été testée que dans un cas particulier) ; la pose d’un enduit extérieur isolant est parfois possible ;
  • la conservation et/ou l’amélioration des fenêtres et portes existantes s’avèrent presque équivalente à leur remplacement du point de vue énergétique lorsque les murs sont isolés, permettant de concilier performance et préservation complète de la valeur architecturale des façades ;
  • Le choix de l’isolant et la qualité de sa mise en œuvre sont essentiels pour préserver l’équilibre hygrothermique initial des murs anciens ;

Pour conclure, l’étude met en évidence que l’approche de la rénovation énergétique du bâti ancien doit être multi-critères.

Ce travail a été mené en partenariat avec de nombreux acteurs du territoire :

Conseil Régional d’Alsace, Conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, Eurométropole de Strasbourg, Communauté d’agglomération de Mulhouse, CAUE 67 et 68, ADEME, Points Rénovation Info Service, Parcs naturels régionaux des Vosges du Nord et du Ballon des Vosges, Pôle de compétitivité Énergivie-Fibres, Caisse des Dépôts, FNAIM, Bailleurs sociaux, FFB, EDF,CAPEB, ASMA/MPF, Ordre régional des architectes, AART-A.

1Source: ASPA 14040401-ID, version du 19.05.2014