Avec la disparition de Pierre-Alain Parot, le monde du vitrail perd l’un de ses acteurs les plus novateurs. Au cours d’une riche carrière de plus de cinquante années, il a puissamment contribué aux mutations de l’art du peintre verrier. Fort de la maîtrise absolue d’un métier séculaire, il a mis ses réflexions et sa pratique au service du patrimoine et des artistes.

Après des études à l’École nationale supérieure d'art de Dijon, il prend la succession de son père, peintre verrier à Dijon, en 1972. C’est l’ancrage dans un métier transmis, l’acquisition d’une tradition d’atelier, dans laquelle il ne s’est jamais laissé enfermer.

En un temps où la spécialisation des différentes facettes du métier de peintre verrier devient indispensable, Pierre-Alain Parot s’inscrit comme élément moteur de ses diverses transformations.

Innombrables sont les verrières historiques passées entre ses mains. Les vitraux de la cathédrale Sainte-Marie d’Auch, ceux de la cathédrale de Soissons, chantiers qui bénéficient du plan de relance du ministère de la Culture, et plusieurs verrières de la cathédrale Notre-Dame de Paris sont les dernières auquel Pierre-Alain Parot a accordé ses soins vigilants. Associant expérience, sensibilité et goût marqué pour les sciences, il avait en effet rejoint l’élite des « conservateurs-restaurateurs. Son écoute, ses échanges sur le fond, sa recherche d’approfondissement en laboratoire de questions difficiles ou inédites avec ses partenaires du ministère de la Culture, traduisaient une curiosité sans cesse en éveil.

Créateur autant que restaurateur, il a mené d’incessantes recherches autour du verre de couleur et de son inscription dans l’espace. Il a marqué de sa personnalité l’efflorescence exceptionnelle du vitrail en France, stimulée par la commande publique, à laquelle la délégation aux arts plastiques du ministère de la Culture a su donner un élan particulier. Nombreux sont les binômes qu’il a formés avec les artistes : Matthew Tyson, à la cathédrale de Saint-Claude ; Gérard Collin-Thiébaut, pour les cathédrales de Tours et de Cahors ; Udo Zembock, pour le très original décor du parking « Cathédrale » à Troyes… Mais c’est sans doute en travaillant, à partir de 1995, aux vitraux de l’église de Talant avec Gérard Garouste qu’est trouvé l’accord parfait avec le peintre, dans la quête d’une harmonie porteuse de spiritualité.

Œuvrant dans un tout autre univers, celui de l’innovation, qu’il affectionne particulièrement, il obtint, en 2016, avec la photographe Véronique Ellena, le prix « Liliane Bettencourt pour l'intelligence de la main ». Cette distinction a récompensé toute la nouveauté de son « vitrail aux Cent Visages », installé en 2015 dans la cathédrale de Strasbourg à l’occasion de son 800e anniversaire. Le projet avait conduit, cette fois, à la mise au point d’une technique inédite d'impression numérique durable, preuve que l’art du vitrail est bien de notre temps.

Gardons de Pierre-Alain Parot le souvenir de sa silhouette élégante, de son ouverture d’esprit, de sa flamme si féconde pour l’art du vitrail, dont il a exploré bien des chemins.