Pour ces jeunes collégiens âgés de 11 à 16 ans, récemment arrivés en France et issus de cultures et de parcours scolaires divers, l'apprentissage du français représente souvent un défi considérable. Parler, s'exprimer, se faire comprendre et comprendre l'autre est pourtant essentiel à leur intégration. Conscient de la complexité de la langue de Molière, Anthony Heuzé, professeur spécialisé dans l’enseignement du Français Langue Seconde (FLS) pour des élèves allophones, a cherché un moyen d'en faciliter l'apprentissage et de susciter l'engagement de ses élèves. Il a choisi le slam, un art oratoire à mi-chemin entre le rap et la poésie.
Un outil pédagogique accessible
Le projet se déroule tout au long de l'année scolaire et culmine avec la réalisation d’un film révélant les performances des élèves. Dès le début, l'objectif est clair : écrire et interpréter un texte en français sur un sujet qui leur est cher. « L'idée est de permettre à ces élèves d'apprendre le français autrement, de transmettre un message personnel, explique le professeur. Le slam, avec sa dimension rythmique et musicale, atténue la pression liée à l'oral et permet aux élèves de s'exprimer plus librement. » Le visionnage des enregistrements vidéo permet aux élèves de prendre conscience de leurs progrès et au professeur d'identifier les points à améliorer, que ce soit la prononciation, la diction ou la grammaire.
Vers un épanouissement des jeunes
La réussite du projet se mesure à l'aune des progrès réalisés par les élèves. Certains, initialement timides et réservés, prennent plaisir à s'exprimer devant la caméra et s'affirment progressivement. D'autres découvrent la richesse de la langue française et la possibilité de jouer avec les synonymes, les rimes et les sonorités. Au-delà de l'acquisition des bases linguistiques, le slam leur permet de développer des compétences orales clés pour leur avenir, que ce soit pour poursuivre leurs études, trouver un stage ou s’insérer dans le monde professionnel.
L'impact de ce projet dépasse l’apprentissage de la langue : il favorise la cohésion du groupe, stimule la motivation et renforce la confiance en soi. Les élèves découvrent le plaisir de jouer avec les mots, de manipuler la langue et de s'exprimer de manière créative. « Ils se réalisent en tant qu'êtres humains », observe Anthony Heuzé. En mettant en lumière leur volonté d’apprendre et de s’intégrer, le projet slam contribue à changer le regard porté sur ces jeunes
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