A partir du 5 avril et jusqu’au 3 juillet, les visiteurs pourront découvrir ou retrouver les œuvres d’Antoine Caron et de son cercle (peintures, manuscrits, dessins, gravures, tapisseries …). Certaines n’ont jamais été présentées au public. L’exposition s’attache notamment à témoigner ainsi des multiples facettes du génie et du rayonnement de cet artiste oublié et de la polyvalence du métier de peintre à la Renaissance. Pour cette occasion sont réunies, pour la première fois en France depuis le XVIe siècle, les huit tapisseries de La Tenture des Valois commandée par Catherine de Médicis.
La Résurrection du fils de la veuve de Naïm Antoine Caron Avant 1599 Huile sur bois Collection particulière © Sotheby's / Art Digital Studio
Un parcours inédit et des prêts exceptionnels
Réunissant plus de 90 œuvres au cœur du château d’Écouen dans une architecture et un décor contemporains des créations d’Antoine Caron, l’exposition interroge la place de cet artiste indissociable de la Renaissance française comme inventeur, fournisseur de modèles et dont l’influence se perpétue bien au-delà de sa mort.
Amphion Suiveur d’Antoine Caron vers 1614, Huile sur toile, Ecouen, musée national de la Renaissance, Ec. 2103 © RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d'Ecouen) / Sylvie Chan-Liat
L’Adoration des Bergers Suiveur d’Antoine Caron, Dernière décennie du XVIe siècle, Huile sur bois, Ecouen, musée national de la Renaissance, Ec. 2059 © RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d'Ecouen) / Mathieu Rabeau & Femme masquée Antoine Caron, Plume et encre brune, lavis de couleur, principalement rose, vert et ocre, rehauts d'or et d’argent au pinceau ; découpé selon la silhouette de la figure ; collé en plein, Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild, 1694 DR © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage
Le parcours de l’exposition revient sur le profil de l’artiste dans le contexte de sa formation autour du chantier du château de Fontainebleau, notamment à travers ses liens profonds avec les Italiens Primatice (1503-1570) et Niccolò dell’Abate (1509-1571), mais surtout sur les échanges entre peinture, dessin, sculpture et tapisserie.
Fragment d'un Triomphe du Printemps Suiveur d’Antoine Caron, Fin du XVIe-début du XVIIe siècles, Huile sur toile, Nantes, musée d'Arts, 213 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Mathieu Rabeau
Dans ce contexte s’affirme comme emblématique le prêt consenti par la Galerie des Offices de Florence de la célèbre Tenture des Valois, tissée à Bruxelles pour Catherine de Médicis et qui n’a pas revu la France, dans son intégralité, depuis plus de quatre siècles. En filigrane, ce sont des problématiques passionnantes de l’art de la Renaissance qui se tissent : rôle du dessin, relations entre artiste et commanditaire, remise en question des frontières traditionnellement établies entre art majeur et art mineur, entre artiste et artisan.
La Tenture des Valois
La Tenture des Valois a vraisemblablement été commandée par Catherine de Médicis. Elle en fait ensuite don à sa petite-fille, Christine de Lorraine, au moment de son mariage avec Ferdinand Ier de Médicis. Les huit tapisseries n’ont pas été revues ensemble depuis leur arrivée à Florence en 1589. Leur présentation, côte à côte, dans un décor contemporain de leur création, est donc tout à fait exceptionnelle.
La Réception des ambassadeurs polonais aux Tuileries Antoine Caron (d’après), ateliers de Bruxelles (Willem de Pannemaker ?)Fin des années 1570Laine, soie, or et argent doréFlorence, Galleria degli Uffizi, 472© Gabinetto fotografico delle Gallerie degli Uffizi
On associe les compositions à plusieurs dessins de Caron réalisés vers 1573-1574, sous Charles IX. Au moment du tissage, sous le règne de son successeur, Henri III, c’est désormais une imposante galerie de portraits de la famille royale et de la cour qui est mise à l’honneur devant de majestueuses festivités. On sait combien Catherine de Médicis collectionnait les portraits. On retrouve ici son ouverture constante, au-delà de la lignée royale, vers les puissantes maisons du royaume. Dans le cadre d’une compétition internationale, elle cherche aussi à rivaliser avec les plus prestigieuses tentures dynastiques, narrant les hauts faits des grandes figures européennes.
L'assaut d'un bastion en forme d’éléphant © © Palermo Roberto Tous droits réservés au Ministère du Patrimoine et des Activités Culturelles MiBACT, ministère du Gouvernement de la République italienne
La déambulation dans la galerie permet de comprendre la genèse complexe de la tenture, probablement issue des ateliers du Bruxellois Willem de Pannemaker. Les lissiers devaient avoir une documentation variée, évoquée sur les lutrins, comprenant les feuilles de Caron ou des copies, des portraits gravés, dessinés ou peints.
La cour de France quittant le château d’Anet © Palermo Roberto Tous droits réservés au Ministère du Patrimoine et des Activités Culturelles MiBACT, ministère du Gouvernement de la République italienne
Le tissage se situe entre 1575, au moment où Henri III monte sur le trône, et la fin des années 1570, ce que confirment les costumes. Les fêtes de Charles IX sont transposées sous Henri III, dans un croisement stratégique des temporalités. Les grandes heures de la cour de Charles IX sont célébrées sous le règne de son frère comme l’incarnation d’un véritable âge d’or que l’on cherche à ressusciter.
L’Assaut d’une île sur l’étang du château de Fontainebleau © Palermo Roberto Tous droits réservés au Ministère du Patrimoine et des Activités Culturelles MiBACT, ministère du Gouvernement de la République italienne
Dans le contexte tourmenté des Guerres de religion, la tenture répond à un programme dynastique et diplomatique. Alors que la monarchie est sévèrement affaiblie, il s’agit de faire oublier la discorde familiale au profit d’une image fantasmée d’éclat et d’unité, vraisemblablement portée par la reine mère pour ses enfants et son royaume.
L’exposition bénéficie du soutien des plus grandes institutions françaises (Bibliothèque nationale de France, musée du Louvre, Mobilier national, musée d’Arts de Nantes, Mucem de Marseille…) et internationales (Gallerie degli Uffizi de Florence, The J. Paul Getty Museum de Los Angeles, Courtauld Gallery de Londres…).
Image d'en-tête : Auguste et la sibylle de Tibur Antoine Caron Vers 1573 Huile sur toile Paris, musée du Louvre, RF 1938-101 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot
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