Cette exposition donne à voir pour la première fois un ensemble de chansons et clips vidéo installés dans une scénographie spécifiquement conçue pour l’occasion. Elle constitue à cet égard une étape majeure dans le travail de l’artiste.
Louise Pressager s’empare du micro, ose les couleurs et le grand format
Louise Pressager s’était toujours appliquée à contourner le genre autobiographique. Cette fois, elle s’empare du micro et c’est à la première personne du singulier qu’elle chante ses textes mis en musique par le compositeur et arrangeur Ferdinand. Dans ses nouveaux dessins, elle rompt partiellement avec le noir et blanc de son style graphique habituel pour oser les couleurs et le grand format. Des projections oniriques s’invitent dans ses installations.
A grand renfort de linoléum et de placoplâtre, elle nous propose un parcours fléché analogue à celui que l’on suit dans les magasins de mobilier et de décoration.
Sauf qu’il ne s’agit pas ici de passer d’une pièce à l’autre d’un appartement, mais de naviguer entre les différentes sphères d’un univers cérébral.
Chansons, clips vidéo, grands dessins colorés, objets, suivent ainsi le labyrinthe mental de l’artiste pour habiter et habiller les espaces d’expositions du centre d’art.
Louise Pressager, tournage de la vidéo Je crois que j’oserais te dire je t’aime, 2019. 6 min. et 11 sec. © Adagp, Paris, 2020. Courtesy galerie Laure Roynette
l’angle du jeu est ici le maître d’art
Toutes les thématiques investies le sont sous l’angle du jeu, dans son double sens conceptualisé par le psychanalyste britannique Donald Winnicott.
Il y a d’un côté le playing, ce jeu libre, spontané et créatif auxquels se livrent les petits enfants. Certains psychothérapeutes tentent artificiellement d’en reproduire les conditions entre les murs de leurs cabinets au moyen du transfert.
C’est de cet instrument psychanalytique qu’il est question dans "Rendez-vous manqué", le morceau d’ouverture de l’exposition. Dans les clips des chansons "Bouée crevée" et "Je crois que j’oserais te dire je t’aime", les couleurs chatoyantes des nombreux jouets et déguisements manipulés tranchent avec la gravité des souvenirs abordés, respectivement les violences scolaires et la découverte de l’homosexualité.
Le premier étage est le lieu d’un autre type de jeu, celui que traduit le terme game, enfermé dans les règles strictes auxquelles les adultes choisissent le plus souvent de se conformer.
Les jeux de société en sont l’exemple type. Pour le clip de la chanson "Le râle du pigeon", Louise Pressager a mis au point une réplique parodique du célèbre Twister. Elle l’utilise pour raconter son expérience du travail en open space, dans un langage visuel et textuel flirtant avec les codes du hip-hop.
A la faveur d’un dévoilement inédit, vous êtes l’heure, je suis le lieu, laisse le doute s’installer entre fiction et réalité, entre premier et second degré. L’humour s’efface derrière une autodérision plus discrète, les masques tombent les uns après les autres, et il n’est pas interdit de percevoir un émerveillement sincère derrière certains des artefacts rassemblés ici.
En quelques lignes...
Louise Pressager, est née à Nancy en 1985. Son activité de parolière de chansons a débuté en parallèle de ses études de droit et de sciences politiques. Elle a ensuite mené une double vie d’artiste plasticienne et d’employée de bureau avant de travailler à temps partiel dans un hôpital psychiatrique.
Lauréate du salon de Montrouge en 2014, elle a bénéficié la même année d’une exposition au Palais de Tokyo.
Son travail plastique est aujourd’hui représenté par la galerie Laure Roynette à Paris. Le regard qu’elle porte sur l’existence, qu’elle soit collective ou intime, est d’autant plus tranchant que ses œuvres emploient un langage visuel simple et une grande économie de moyens plastiques et formels.
Informations pratiques
Maison des arts, centre d'art contemporain de Malakoff, 105 avenue du 12-février-1934 92240 Malakoff. Tel : 01 47 35 96 94
Du mercredi au vendredi 12h-18h, samedi et dimanche 14h-18h (entrée libre)
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