25.0826 - Le Brasilia
au sud-ouest de la ville, Sainte-Anne, le 8e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0826, p16. 2005
Label Patrimoine du XXe siècle, 2000
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Le Brasilia
21, boulevard Barral, quartier Sainte-Anne 13008
Lambert 3 : latitude 3.05664 ; longitude 43.264
Accès : métro n° 2 : rond-point du Prado
bus 22 : rond-point du Prado - Les Baumettes, bus 23 : rond-point du Prado - Beauvallon, bus 21 : Canebière - Luminy
propriétaire : Syndicat des copropriétaires du Brasilia
programme : Immeuble d'habitations de 221 logements et commerces.
Maître d'ouvrage : SCI Barral, G. Laville, gérant, Sulitzer.
dates, auteurs : Permis de Construire 1962, livraison 1967.
Fernand Boukobza, architecte.
Entreprise, G. Laville.
site : Proche de la Cité Radieuse, Terrain de 6000 m2. Altitude 9,60 m. Secteur d'habitation discontinue, E sur le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949 (Ville verte).
plan de masse : Immeuble courbe, sur pilotis, orienté est ouest. Épannelage : immeuble R+21
bâti : Ossature en béton armé, remplissage parpaings isothermes et contre cloison. Cadres de baies préfabriqués. Distribution par coursives intérieures. Bon état général.
sources : AD : 2071 W 13 (41.453), 165 W 202
Revue Architecture Française n° 305, 306, 1969
Contexte :
Dans le cadre du Plan Directeur d'Urbanisme de 1949, le Secteur sud est considéré comme une zone résidentielle de choix. Il appartient au domaine dit de la ville verte qui vise à protéger le caractère verdoyant des grandes propriétés en évitant leur découpage. Le règlement de la ville verte favorise les constructions d'ordre discontinu, d'une certaine densité ménageant de faibles emprises au sol. Le couvert végétal est conservé voire protégé. Tout cela implique des constructions à la fois hautes et espacées.
Les propriétaires des terrains proches de la Cité Radieuse, liés à la construction mécanique, vont détacher un terrain pour une opération de logement.
Les projets d'élargissement de voies et le cadre réglementaire de la ville verte laissent peu de marge de manoeuvre à l'auteur. La forme cintrée de l'immeuble, ainsi que sa dénomination, viendrait d'un voyage du maître d'ouvrage dans le nouvelle capitale Brésilienne.
Description :
En définitive ce n'est pas la ville verte qui est au rendez-vous mais un immeuble très urbain à l'angle de deux voies. Avec plus de vingt étages, l'immeuble ouvre sa courbe concave plein nord afin d'obtenir le plus grand développé de façade au sud. Cette orientation s'oppose à celle de la Cité Radieuse liée à son axe héliothermique, très peu adapté aux conditions climatiques de la région (est et ouest en soleil bas). La courbe paraît une manière d'éluder toute déférence envers la "maison du Fada", solution qu'on peut retrouver pour plusieurs immeubles proches du célèbre bâtiment.
Néanmoins l'architecte s'est volontairement inspiré des idées de Le Corbusier sur plusieurs points. Les pilotis abritent l'unique entrée en rez-de-chaussée d'où part une batterie d'ascenseurs desservant les appartements par onze coursives intérieures.
Les appartements eux-mêmes sont en duplex traversants, orientés nord-sud : on retrouve là l'organisation caractéristique d'une unité d'habitation.
Par contre certains éléments diffèrent du modèle tels que le sous sol accueillant un certain nombre de places de parkings et un petit centre commercial situé en rez-de-chaussée hors de l ‘emprise de l'immeuble.
Dans le pur style international, l'édifice décrit une géométrie élémentaire de segment cylindrique. Les pilotis en revanche donnent une image plus articulée d'un berceau supportant l'édifice.
Les douze portiques de béton et leur poutraison, disposés en faisceau, sont largement saillants par rapport au corps de l'immeuble, donnant une impression de force. Cette forme expressive des pilotis se retrouve dans les bandeaux d'allège dont l'ajour horizontal est marqué par un dais de béton saillant formant une division de la trame constructive.
Cet élément est caractéristique de l'influence du brutalisme japonais de l'époque.
Les escaliers extérieurs, le hall d'entrée, et le centre commercial sont des volumes circulaires qui affirment leur autonomie vis-à-vis de la structure de l'immeuble, mais aussi la virtuosité de l'auteur à composer avec le même motif. On pense naturellement à la bibliothèque de Clamart par l'Atelier de Montrouge en 1965.
Enfin l'élément le plus significatif du Brasilia est son escalier de secours. S'il emprunte encore à la Cité Radieuse, il est l'expression d'une plus grande liberté plastique transformant un élément fonctionnel en véritable objet sculptural.
Desservant un niveau sur deux, il se développe en double révolution autour de deux noyaux différents.
L'alternance de doubles spires entre deux passerelles vers le bâtiment donne lieu à quelques organisations singulières avant de prendre un rythme de colonne sans fin. L'émergence des fûts au-delà des volées, l'absence de couronnement et leurs hauteurs différentes rejoignent l'idée de la tour comme "ascenseur vers le ciel" des premiers modernes.
Le cadre de ville verte n'aura pas pu les développer mais la confrontation urbaine avec la Cité Radieuse reste fructueuse, donnant une nouvelle lecture aux immeubles proches comme Le Trioulet et La Verdière.
Auteur :
Fernand Boukobza,
né en 1926 en Tunisie, diplômé en 1956, Atelier Castel Hardy, travaille chez A. Devin sur l'immeuble Sulfur City.
Il est l'auteur de plusieurs programmes privés :
lieux de culte : Synagogue de Sainte-Marguerite, 1973,
bureaux : siège IBM, 1968,
usines : Compagnie Fruitière, 1967,
et maisons particulières.
Dans le domaine du logement collectif, on lui doit :
816 logements HLM pour la Phocéenne d'Habitation,
Le Castellas en 1965, avec P. Jaume, P. Mathoulin et P. Jameux,
1 249 logements HLM, La Castellane en 1970 avec P. Mathoulin, P. Meillasoux et P. Jameux.
Fichiers associés :
- Carte du 8e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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