Un témoignage du renouvellement iconographique du XIX^e siècle

Le Martyre de saint Gohard, également appelé Assassinat de saint Gohard par les Normands, est un tableau d’Édouard Jolin, jeune peintre nantais, formé à Paris. Monseigneur de Hercé souhaitait en effet que la cathédrale soit dotée d’une représentation du martyre de saint Gohard, évêque de Nantes au IX^e siècle. L’œuvre s’inscrit dans la lignée de plusieurs commandes d’œuvres réalisées au cours du XIX^e siècle représentant des martyrs locaux. Au sein de ce corpus, l’interprétation de Jolin se distingue par sa mise en scène théâtrale, illustrant de manière saisissante l’instant fatidique.

Dans un premier temps exposé à Paris dès 1852, le tableau de saint Gohard rejoint la cathédrale de Nantes deux ans plus tard. Il orne depuis lors le retable de la chapelle éponyme.

Les spectaculaires conséquences de l’incendie de 2020.

Le tableau, proche d’un départ de feu, a été fortement impacté par le sinistre du 18 juillet 2020. Les fortes chaleurs (jusqu’à 800 degrés) et l’humidité provoquée par les eaux d’extinction de l’incendie ont été les principaux facteurs de dégradation de l’œuvre. Le chanci (altération qui opacifie le vernis en lui donnant un aspect blanchâtre) du vernis, certes présent avant le sinistre dans une moindre mesure, s’est considérablement aggravé dans ces circonstances, faisant perdre toute lisibilité à l’œuvre.

En 2022, dans le cadre du chantier de dépollution, l’ensemble des tableaux présents dans la cathédrale ont été déposés et dépollués dans un atelier de restauration construit in situ. Les restauratrices ont alors réalisé des constats d’état détaillés de chaque œuvre. Elles ont ainsi observé les impressionnantes altérations présentes sur Le martyre de saint Gohard : un empoussièrement généralisé, une migration du vernis, des auréoles d’humidité, des craquelures et une déchirure (antérieure au sinistre).

La restauration du tableau a été lancée mi-décembre 2022 : des tests ont été réalisés pour définir un protocole d’intervention et les premiers résultats sont spectaculaires. Le décrassage et le dévernissage révèlent une œuvre d’une grande qualité, avec une attention particulière apportée à la richesse des textiles. L’intervention permettra de redécouvrir cette très belle œuvre d’un peintre local.