Mesdames et messieurs les ministres, chers collègues,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
La France est peut-être le seul pays qui oublie qu’elle est un pays francophone. Ou plutôt, elle a longtemps voulu l’oublier. Le nier. Parce que nous étions mal à l’aise. Parce que le mot francophonie rimait avec colonie. L’erreur serait d’en rester là. De ne pas y toucher, par peur de mal faire. De mal dire. Mais enfin, ce serait laisser la francophonie au passé. Notre responsabilité, c’est justement d’en faire une politique du présent, une politique d’avenir. Et le présent comme l’avenir, pour la France, c’est l’ouverture.
Ce n’est pas le repli. Ce n’est pas le mépris. C’est le dialogue. C’est la diversité culturelle. Notre langue en est le premier vecteur. La langue française est un espace qui ne connaît pas de frontière. Qui ne connaît pas de nationalité. Un espace de partage. D’échanges. De rencontre. Cette langue est une chance. La chance d’accéder à d’autres cultures. La chance de s’enrichir, grâce à d’autres littératures, d’autres manières de voir, de penser. Elle nous permet de bâtir des ponts, avec le monde entier, sur lequel circulent les idées, les savoirs, les œuvres… Des ponts à double sens. Je suis là pour les soutenir. Les bâtir. Les multiplier. Avec mes collègues du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères – Jean-Yves LE DRIAN, Jean-Baptiste LEMOYNE. Avec Leïla SLIMANI, que je salue chaleureusement. Nous avons noué une complicité toute particulière, dès notre première rencontre. Je m’en réjouis. Je me réjouis que la francophonie puisse compter sur son talent, son engagement.
Nous avons beaucoup à faire. Je souhaite d’abord bâtir des ponts pour que notre culture s’enrichisse des artistes francophones venues d’ailleurs. Beaucoup de lieux et de manifestations s’engagent, sur tout le territoire, pour les mettre à l’honneur.
Je veux que nous leur permettions d’être plus visibles, plus audibles, plus accessibles. Ce sont eux qui font vivre la langue. La francophonie, c’est Léopold SÉDAR SENGHOR qui entre à l’Académie française… Ce sont Assia DJEBAR, Amin MAALOUF ou encore Dany LAFERRIÈRE, qui marchent dans ses pas… C’est Alain MABANCKOU qui fait sa leçon inaugurale au Collège de France… Voilà ce qui donne du sens à la francophonie.
Voilà ce qui lui donne du corps. Voilà ce qui lui fait faire de grands pas. La France doit promouvoir la diversité des voix francophones. Je soutiens les lieux et les événements qui les portent. Je pense au Festival des Francophonies en Limousin, par exemple, où je me suis rendue en septembre dernier.
Je souhaite que les lieux labellisés et les institutions du ministère de la Culture s’engagent davantage. Qu’ils mettent à l’honneur les œuvres et les artistes de tout l’espace francophone. Je souhaite que la francophonie irrigue nos salles d’exposition, nos scènes, nos théâtres. Elle a vocation à être partout. Non pas enclavée dans quelques lieux dédiés. Mais partout. Je souhaite donner de l’espace aux artistes francophones qui nous viennent d’ailleurs.
Je vous annonce que je confie aujourd’hui une mission à Xavier NORTH et à Paul de SINETY. Ils seront chargés de me faire des propositions, d’ici juin, sur la façon d’améliorer la politique du ministère pour le soutien et la diffusion des artistes d’expression française dans les lieux que nous soutenons, sur l’ensemble du territoire.
Comme vous le savez, la relance de la politique culturelle en faveur de la francophonie est au cœur de mes priorités. Dans le cadre d’un travail gouvernemental coordonné, celle-ci doit notamment se traduire par une meilleure prise en compte des conditions de création et d’exposition en France des artistes d’expression française venus du monde entier.
Cette mission doit permettre de consulter les différents acteurs. De nombreuses pistes sont à explorer : bourses, résidences, renforcement du soutien à la production, de la durée d'exposition des œuvres, des temps de rencontres avec les publics, avec les programmateurs... Et au-delà des moyens, j'attends aussi des préconisations pour renforcée la conscience linguistique et le lien avec le monde francophone de nos concitoyens.
Et puisque la francophonie est faite de ponts à double sens, je souhaite, en parallèle, renforcer l’accompagnement des voix françaises à l’étranger. L’audiovisuel public joue un rôle important, en la matière. Le rayonnement de la langue et de la création françaises fait partie de ses grandes missions.
Le ministère de la Culture s’engage et continuera de s’engager – à travers ses opérateurs et au-delà – pour soutenir les auteurs, journalistes, chanteurs, cinéastes, comédiens …qui portent leurs œuvres à l’international. Au nom du plurilinguisme. Au nom de la diversité culturelle.
Mesdames et messieurs,
Cette Conférence est un moment doublement important, pour la francophonie. Parce qu’elle la met à l’honneur. Parce qu’elle marque notre ambition, dans ce pays. Et parce qu’elle doit faire émerger des propositions, des idées pour l’avenir. Vous êtes là pour les porter. Je vous souhaite de fructueux échanges. Et une très belle journée.
Je vous remercie.