Le musée du Louvre compte neuf départements chargés de la conservation des œuvres, chacun ayant déposé des œuvres d'art dans différentes administrations du territoire national (musées mais également préfectures, édifices religieux, etc.), soit en tout 27 085 biens. Les opérations de récolement de ces dépôts sont coordonnées, au sein de la direction du soutien aux collections, par le service du récolement et des dépôts, qui assure leur bonne réalisation et suit les opérations de post-récolement , notamment les suites à donner aux œuvres non localisées.
Une programmation pluriannuelle des missions en région
Conformément aux préconisations de la Commission de récolement des dépôts d'œuvres d'art (CRDOA), le musée du Louvre a établi une programmation pluriannuelle de récolement de ses dépôts en région. Dans le cadre du deuxième récolement décennal (2016-2025), il a déjà réalisé le récolement de sept régions. De mars 2022 à avril 2023, il a mené ces opération en PACA ; la matinée a permis d'en présenter les chiffres.
Deux tables rondes, consacrées l'une à la restauration des dépôts et l'autre à la problématique des sous-dépôts ont clos cette journée riche en échanges et discussions.
Les chiffres du récolements du musée du Louvre en PACA (source : musée du Louvre)
- 23 missions
- 25 villes
- 67 dépositaires
- 1 225 œuvres déposées (après transferts)
- 1 147 œuvres récolées (ont dû être reportés les récolements des dépôts de trois villes, Apt, Barcelonnette et Gréoux-les-Bains, ainsi que ceux des biens issus des fouilles d'Antinoé, dont la gestion, jadis dévolue au département des antiquités égyptiennes, relève désormais du tout nouveau département des arts de Byzance et des Chrétientés en Orient)
- 15 œuvres retrouvées depuis le 1er récolement
- 144 œuvres non localisées
Des mesures qui vont dans le sens des préconisations de la CRDOA
Cette journée a été marquée par l'affirmation de méthodes également prônées par la CRDOA, à savoir la mutualisation des missions et la diffusion la plus large possible de toute information sur les œuvres disparues.
Concernant la premier point, la mutualisation des missions de récolement répond à des enjeux d'efficacité en termes de temps de travail mais aussi de développement durable en réduisant l'impact des déplacements. Au cours de la journée, cette réflexion a d'ailleurs été étendue à la problématique du rapatriement à Paris des œuvres en dépôt nécessitant une restauration. Alors que le taux général de récolement des dépôts d'œuvres d'art de l'Etat est très éloigné de celui prévu par les obligations réglementaires (voir le rapport d'activité 2022 de la CRDOA), la CRDOA milite pour que cette mutualisation menée par le musée du Louvre soit étendue à l'ensemble des déposants : dans ce but, un espace de dialogue sur Osmose, la plate-forme collaborative de l'Etat, a été créé et mis à disposition de tous les déposants.
Concernant le second point, la CRDOA salue l'initiative du musée du Louvre qui a édité un catalogue des objets manquants, pour lesquels une plainte va être demandée, si cela n'est déjà fait. Le musée du Louvre s'est engagé à diffuser ce catalogue auprès de ses dépositaires. La direction régionale des affaires culturelles de PACA doit aussi relayer cette initiative. La diffusion de l'information et des images (quand on en dispose) des biens disparus est le meilleur moyen de favoriser la redécouverte des œuvres disparues lors de leur réapparition en salle des ventes.
Le cas délicat des MNR
"Les Hébreux adorant le veau d'or", tapisserie 1500-1515, 295 cm x 363 cm (OAR 69)
© Musée du Louvre
A la fin de la dernière guerre mondiale, de nombreuses œuvres récupérées en Allemagne ont été renvoyées en France parce que certains indices (archives, inscriptions...) laissaient penser qu'elles en provenaient et avaient pu faire l'objet d'une spoliation. La plupart on été rapidement restituées à leurs propriétaires. D'autres ont été soit vendues, soit confiées à la garde des musées nationaux dans l'attente de trouver leur propriétaire. Elles ont été déposées dans divers musées du territoire national. La région PACA en compte 41 ; un seul est non localisé, cette tapisserie déposée en 1960 au musée Masséna de Nice et disparue depuis 1999. Une plainte a été déposée en mars 2018 par le musée du Louvre auprès de la Brigade de répression du banditisme de Paris.
Les œuvres non localisées
"Vue prise du Mont Dore (Auvergne)" de Catherine Empis, 1833 (INV 4344/LP 509).
Cette huile sur toile fut déposée à l’hôtel du général commandant le 15e corps d’armée devenu le mess des officiers, à Marseille. L’œuvre, récolée en 1980, a disparu entre cette date et 2010
© musée du Louvre
Le récolement permet notamment de faire le point sur les œuvres non localisées. Il s'agit parfois de disparitions très anciennes. Lorsque l'on dispose d'un visuel, il est demandé au dépositaire de porter plainte au poste de police ou de gendarmerie le plus proche du musée pour "recel de bien appartenant au domaine public de l'Etat". Le pourcentage de disparition en région PACA (14 %) reste relativement faible au regard de régions touchées par les guerres mondiales comme la Normandie (61 % de manquants) ou les Hauts-de-France (48 %).
Les restaurations
Mélanie Budin, du service du récolement et des dépôts, au musée Granet d’Aix-en-Provence © CRDOA
La journée a été l'occasion de rappeler que la restauration des œuvres en dépôt, bien qu'à la charge financière du dépositaire, reste de la responsabilité du déposant et doit impérativement, lorsqu'elle est fondamentale, être effectuée au sein du Centre de recherche et de restauration des musées de France, à Versailles.
Dépôts, déposants et récolements
Un dépôt d'œuvre d'art permet de valoriser les collections en les rendant visibles. Ces dépôts sont essentiellement consentis par des institutions (les déposants) au bénéfice d'administrations diverses (les dépositaires) : ministères, préfecture, mairies, ambassades, musées...
Pour assurer leur bonne gestion, les déposants doivent récoler régulièrement leurs dépôts, c'est-à-dire venir vérifier leur état et leur bonne conservation sur place, une fois tous les dix ans.
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