Comment les entreprises culturelles survivent-elles au départ de leur créateur ou de leur dirigeant ? Dans les secteurs culturels comme dans l’ensemble des secteurs économiques, la question de la transmission se pose le plus souvent au moment de la cessation d’activité du dirigeant. Rarement anticipée, peu préparée et souvent mal vécue, la transmission est pourtant essentielle à la préservation des emplois, des compétences et de la diversité du tissu entrepreneurial. Les repreneurs doivent faire face à des problèmes d’accès au financement et expriment un besoin d’accompagnement et de sensibilisation.
Selon le type d’activité, les différents secteurs culturels présentent toutefois des caractéristiques différentes face à la question de la transmission/reprise. Pour les activités proches de la création et de la production (galeries d’art ou production cinématographique par exemple), la reprise est assez rare et ce mode de création d’entreprise serait même à l’opposé de l’esprit de l’entrepreneur culturel qui se lance pour affirmer une vision artistique. Dans ces activités, les entreprises se structurent autour de la constitution d’un catalogue, cédé lors de la cessation d’activité.
Dans les activités proches de la diffusion et du commerce (librairies et théâtres privés par exemple), la crise économique de 2008 marque une rupture. En 2006, 60% des créations se faisaient par reprise, contre 32% en 2010. Deux principaux dispositifs d’aide spécifiques à la transmission/reprise existent depuis plus de vingt ans, signe que l’enjeu n’est pas nouveau pour ces secteurs – l’ADELC pour les librairies et l’ASTP pour les théâtres privés, répondent à un double objectif : maintenir la diversité en évitant une trop forte concentration d’une part, et permettre à des repreneurs, professionnels du secteur, de reprendre ces entreprises.
Dans les activités culturelles qui se situent entre création et commerce (architecture et production audiovisuelle par exemple), la faiblesse ou les difficultés de transmission/reprise illustrent un manque de structuration des entreprises du secteur. Depuis vingt ans, une partie des agences d’architecture se sont transformées pour se développer, exporter leur savoir-faire et mieux protéger juridiquement et socialement leurs équipes, une mutation vers le modèle de l’entreprise qui facilite aujourd’hui la vente et la transmission des agences. Mais l’accès des jeunes ne disposant pas de fonds propres à la reprise d’entreprise reste une difficulté. À l’instar du secteur de l’architecture il y a vingt ans, celui de la production audiovisuelle semble souffrir d’une trop grande atomisation des sociétés, qui freine leur capacité de développement et de conquête de marchés à l’international, et décourage la reprise de l’entreprise en cas de cessation d’activité.
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