Dans l’administration, les carrières des femmes progressent sous le plafond de verre. Au-delà des chiffres, l’analyse des trajectoires des fonctionnaires du ministère de la Culture révèle la dynamique organisationnelle de ces inégalités. Fondée sur les récits de vie de 65 membres de l’encadrement supérieur (administration centrale et Drac), cette étude sociologique met ainsi en évidence des trajectoires aux contours nettement genrés. D’abord, les trois quarts des hommes rencontrés ont une trajectoire ascendante tandis que plus de la moitié des femmes rencontrées ont une trajectoire plafonnée. De plus, les chemins de l’ascension et du plafonnement ne sont pas homogènes, comme le révèle la typologie en cinq grands types de trajectoires. Les trajectoires ascendantes montrent que le ministère de la Culture offre de beaux rebonds de carrière (premier type) quasi-exclusivement aux hommes, ne récompense que quelques bons et bonnes élèves de la mobilité (deuxième type) et autorise de rares carrières féminines exceptionnelles (troisième type). Les carrières plafonnées distinguent pour leur part des piégés de la mobilité (quatrième type), un peu plus souvent des hommes, issus d’autres administrations et qui ne parviennent plus à progresser à la Culture, et des femmes prisonnières de l’autochtonie (cinquième type), ayant effectué toute leur carrière dans l’administration culturelle sans réussir à en gravir les échelons.
Alban Jacquemart, Marion Charpenel, Marion Demonteil, Reguina Hatzipetrou-Andronikou, Catherine Marry
Collection Culture études, 16 p., février 2021
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