La naissance des villes nouvelles s’est accompagnée d’une campagne sans précédent de promotion de l’art public. Encouragés par la législation du 1 % artistique scolaire déjà utilisée pour les grands ensembles, les aménageurs ont rivalisé d’inventivité dans le déploiement d’œuvres d’art dans l’espace urbain.
Le projet ne visait pas à réconcilier simplement l’art et la ville, mais bien la ville et la société française au moment du coup d’arrêt donné aux grands ensembles. Au-delà d’un supplément d’âme, l’art public s’avère une utopie urbaine à part entière. La disparition des établissements publics d’aménagement conduit aujourd’hui à s’interroger sur le statut d’œuvres exposées à l’érosion du temps et des hommes. Si leur présence participe pour certains à l’image de la ville actuelle, elles constituent pour d’autres un héritage encombrant. Alors que la période de fondation avait conduit au dialogue entre artistes et aménageurs, les quinze dernières années ont vu s’affirmer d’autres acteurs, à commencer par les habitants, ex-pionniers devenus riverains soucieux de leur cadre de vie, et leurs élus, promus gestionnaires d’un environnement qu’ils n’ont pas forcément élaboré.
C’est ce patrimoine et ses enjeux passés et présents que les contributeurs de ce livre analyse, loin d’une histoire artistique des villes nouvelles qui a longtemps fait figure de mythe, en tentant de différencier son appropriation selon les lieux, les époques et les acteurs. Il s’agit de comprendre l’espace artistique de villes qui, tout en étant encore très largement en devenir, font déjà figure de « ville-musée ».
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