Chère Isabelle Gallimard,
« Vallette, il édite, il édite,
À deux comme à mille exemplaires.
C’est un vrai zigue, un pur, un père :
Vous verrez qu’il fera faillite.
Oh ! Ce n’est pas un sybarite
Comme monsieur Natanson frère.
Vallette, il édite, il édite.
C’est vrai qu’il édite Aphrodite,
Mais il mangera de la terre
S’il édite tous ses confrères.
A-t-il trouvé quelque pépite ?
Vallette, il édite, il édite.
(…)
On parle, on crie, on jure ;
(…)
C’est le bruit farouche des fleuves.
C’est le grand ronron de la mer,
Et Vallette lit des épreuves. »
Cette « quasi ballade » à la louange du Mercure de France et de son
fondateur Alfred Vallette est signée Paul Fort et André Ferdinand Hérold.
Nous sommes en 1897. Depuis, il n’y a pas eu de faillite, et rue de Condé,
on continue à lire des épreuves. C’est la maison sur laquelle, chère
Isabelle Gallimard, vous veillez avec tant de soin et de talent.
À l’heure où la maison Gallimard fête son centenaire, votre nom est
synonyme à lui seul de chapitres entiers de l’histoire de la littérature et des
idées en France.
Avec vos parents Claude et Simone Gallimard, vous habitez rue de
l’Université, partageant la cour avec la maison d’édition. Vos ambitions
vous portent toutefois ailleurs, loin des manuscrits, des piles de livres et de
l’odeur du papier. La sociologie exerce sur vous son attirance, puis le
cinéma et la télévision : monteuse, puis adaptatrice d’oeuvres littéraires
pour Antenne 2, votre passion pour la littérature demeure une constante, et
vous rejoignez Gallimard en 1985, pour vous occuper des droits
audiovisuels. Depuis 16 ans, en succédant à votre mère, vous êtes à la
tête de cette formidable aventure qui porte le nom de Mercure de France.
Le Mercure de France a été fondé par un groupe de jeunes gens, mibohèmes,
mi-étudiants, mi-poètes, mi-journalistes. Nous sommes en 1889,
au café François 1er. Ce qui les réunit, lorsqu’ils reprennent le flambeau du
défunt Mercure Galant, c’est avant tout l’envie de donner voix aux
entreprises littéraires d’avant-garde. Au sommaire du premier numéro paru
le premier janvier 1890 : Mallarmé, Rémy de Gourmont, Jules Renard,
Saint-Pol-Roux, Villiers de l’Isle-Adam.
Le Mercure de France est aussi le premier éditeur à faire connaître
Nietzsche en France, par son traducteur Henri Albert qui anime au
Mercure la chronique des lettres allemandes. Rue de Condé, la revue a
aussi toujours été fidèle à ses poètes et en a même fait sa marque
distinctive : Maeterlinck, Verhaeren, Laforgue, Francis James… Claudel et
Gide occupent alors une place centrale dans le fonds du Mercure de
France, plaçant d’emblée la revue au coeur de la modernité littéraire
française.
À la fin des années 1950, le Mercure de France est racheté par les
Éditions Gallimard. Tout en en conservant fidèlement l’esprit, votre mère
Simone va enrichir la constellation du Mercure de nouveaux auteurs
comme Pierre Reverdy, Henri Michaux, Pierre Jean Jouve, Yves
Bonnefoy, Georges Séféris, André du Bouchet, Adonis, Pierre Klossowski
et Eugène Ionesco. Le Mercure de Simone Gallimard et de ses grands
directeurs littéraires, c’est aussi l’aventure exceptionnelle du prix Goncourt
à Emile Ajar en 1975, 19 ans après son premier Goncourt sous le nom de
Romain Gary.
Sa réussite, le Mercure de France la doit sans conteste aux qualités de
gestionnaires et à l’intuition de ses directeurs, en premier lieu celles
d’Alfred Vallette, de Georges Duhamel, de votre mère. Avec un tel
héritage, assurer la continuité est un défi considérable. En 1995, vous
prenez la direction du Mercure. En créant de nouvelles collections comme
« Le petit Mercure » ou « le goût des villes », vous élargissez l’image de la
maison d’édition. Vous avez également à coeur d’exhumer des textes
puisés dans les classiques inédits ou introuvables : vos affinités électives
vous portent alors vers Dolto, Aragon ou encore Georges Bataille. Le
Mercure continue avec vous d’être à l’avant-garde des aventures et des
prises de risques littéraires. Je pense notamment au choix de votre mère
d’éditer Andréï Makine, qui recevra à la fois le Goncourt et le Médicis en
1995, fait unique dans l’histoire littéraire ; ou encore le Goncourt de 2007
Gilles Leroy, également du Mercure de France.
En 1999, vous entreprenez la réédition de texte d’une collection aux
accents proustiens : « Le Temps Retrouvé ». Ce sont avant tout des
mémoires et des correspondances qui, sans votre apport, seraient restés
dans l’oubli. Avec vous, le Mercure continue également de débusquer les
talents : vous vous engagez sur des premiers romans, contribuant ainsi au
renouvellement de la création littéraire avec un flair remarquable.
La présidente directrice générale des éditions Mercure de France porte
haut l’exigence d’une maison qui joue un rôle fondamental dans le
paysage culturel français. C’est donc avec un très grand plaisir et avec
toute la reconnaissance qui vous est due, chère Isabelle Gallimard, qu’au
nom du Président de la République, nous vous faisons Officier dans l’ordre
national du Mérite.
Cher Jean-Yves Tadié,
Malraux écrivait dans ses Antimémoires que la vérité d'un homme, c'est
d'abord ce qu'il cache. Les auteurs dont on s’entoure sont des
compagnons de labyrinthe, des compagnons de secret. L’homme de
lettres que vous êtes a abordé au plus près, et plus profondément que
quiconque, le secret et les liens mystérieux qui lient un auteur à son
oeuvre.
Par votre travail d’universitaire, de critique, de biographe et d’éditeur, vous
êtes un confident des plus grandes et des plus belles pages de la
littérature française, après avoir ausculté les secrets des oeuvres de Proust
bien sûr, mais aussi notamment de Walter Scott, de Dumas, de Malraux
dont vous aurez préfacé non seulement les Ecrits sur l’art mais aussi deux
inédits passionnants des années 1930, de Céline, de Gracq ou encore de
Sarraute.
Un goût pour l’embarquement vers des terres où le réel et le roman
s’interpénètrent, qui remonte sans doute à votre adolescence, quand vous
découvrez Malraux et Mallarmé. Normalien, agrégé et docteur ès lettres,
ce sera plus tard la lecture de Lawrence Durrell qui vous incitera à partir
comme lecteur à Alexandrie, ouvrant ainsi chez vous un lien profond pour
l’Egypte, première étape d’une remarquable vocation internationale chez le
professeur de la Sorbonne que vous êtes : vous avez en effet dirigé
l’Institut français de Londres et enseigné à Oxford.
Cocteau avait comparé Proust « au capitaine Nemo enfermé dans son
Nautilus. Comme lui, il régnait sur le monde, et les eaux de l’océan figurent
celles où s’enfoncent la pensée ». Ce sont ces « sous-marins intérieurs »
que votre oeuvre n’a eu de cesse d’investiguer.
On se souvient de votre analyse du « je » et du « temps » qui structurent
l’esthétique de l’oeuvre de Proust, et combien elle nous aura ouvert les
yeux sur cette toile du sens entre fiction et réel que dresse la Recherche
du temps perdu. Depuis votre ouvrage majeur sur Proust et le roman,
l’édition en Pléiade qui vous vaut le prix de l’Académie française, jusqu’à la
biographie de l’auteur de la Recherche où l’on apprend tout dans un
propos très dense, sur lui, ses parents, tante Léonie et la maison d’Illiers-
Combray, c’est une somme que vous avez établi, au long cours, sur un
monument de la littérature française. On se souvient aussi de vos cours en
tant que professeur émérite à la Sorbonne, sur Céline notamment, et du
« miroir déformant » à travers lequel il finissait par visionner ses modèles,
ou son souhait secret de devenir l’incarnation même d’un « anti-Proust. »
Et si vous vous êtes penché sur des oeuvres qu’on dit d’autorité, on retient
également votre magnifique travail critique sur Pierre Jean Jouve, Jules
Supervielle, Maurice Blanchot, ou encore Georges Limbour, que vous nous
donnez à aimer et à découvrir.
Mais depuis peu, Jean-Yves Tadié se dévoile lui-même autrement. Depuis
Regarde de tous tes yeux, regarde ! qui nous fait découvrir la curiosité et
l’appétit de votre regard d’enfant pour la littérature et en particulier pour
Jules Verne, jusqu’au Songe musical, on voit s’esquisser un portrait de
votre propre recherche.
Car le grand amateur d’opéra que vous êtes aborde aussi la musique, ce
« tout autre langage » pour reprendre vos termes. Et de même que
Jankélévitch a su montrer que bien des fois, ce n’est pas toujours le
musicologue qui éclaire le mieux les grandes oeuvres musicales, vous
jetez une lumière nouvelle sur la composition qui dit souvent bien plus aux
musiciens avertis que n’importe quel critique classique.
Car encore une fois, l’ausculteur du secret sait aussi se glisser dans
l’intimité des partitions. Le défi est souvent de taille, et vous dites d’ailleurs
dans le premier chapitre de votre Songe musical que « les secrets de la vie
d’un compositeur sont plus opaques que ceux d’un écrivain ». La séduction
de cette redécouverte de Debussy a été couronnée du Prix Pelléas.
Cette vocation à transmettre, on la retrouve évidemment dans votre travail
d’éditeur. Nul meilleur guide que vous pour diriger les collections Folio-
Classique, chez une maison d’édition à laquelle vous avez été fidèle
depuis votre Proust et le roman, et dont on connaît la relation complexe
qu’elle aura précisément développée avec l’auteur de la Recherche :
Gallimard.
Arpenteur du secret et de la mémoire, vous avez également publié une
remarquable étude sur Le Sens de la mémoire avec Marc Tadié,
professeur de neurochirurgie, avec qui vous explorez les liens entre ce que
la science aujourd’hui découvre, et que la création littéraire avait souvent
anticipé. Aujourd’hui, c’est sur Freud que vous vous penchez tout
naturellement, pour ce dernier ouvrage qu’on attend avec impatience,
croisant le portrait du psychanalyste et celui de Marcel Proust.
Cher Jean-Yves Tadié, depuis la « cathédrale du temps » consacrée à
Proust jusqu’à la « cathédrale engloutie » de Debussy, votre oeuvre stoppe
les horloges et rend hommage à la modernité d’autant d’auteurs majeurs
qui deviennent grâce à vous nos compagnons ; tout en préservant le
mystère de leurs oeuvres, dont le geste créateur reste intact sous votre
regard de lecteur magistral.
Cher Jean-Yves Tadié, au nom de la République française, nous vous
faisons Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres.
Cher Bertrand de Feydeau,
Je suis très heureux de rendre hommage aujourd’hui à une personnalité
pour qui l’engagement au service du patrimoine et de la restauration
constitue, bien plus qu’un maintien du passé, une marche vers l’avenir. À
chaque restauration, c’est une autre manière de regarder qui advient, une
autre manière de se situer dans l’histoire et de se projeter dans un avenir
commun.
Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, vous parcours dans le
monde de l’immobilier vous aura fait accéder aux plus importantes
responsabilités, notamment comme directeur financier de l’Union
Internationale Immobilière, puis comme président directeur général d’AXA
Immobilier. Ces prestigieuses fonctions d’administrateur vous ont donné un
statut d’expert à la croisée des enjeux de société. On vous doit ainsi
notamment la restauration de ces monuments historiques, que sont le
château de Suduiraut, dans la région de Sauternes, et l’hôtel de La
Vaupalière, avenue Matignon à Paris, entièrement restauré et reconfiguré
pour devenir le siège social du groupe AXA.
En 1998, l’archevêque de Paris, le cardinal Jean-Marie Lustiger, vous
confie la délicate mission d’examiner le projet de rachat et de restauration
du Collège des Bernardins par le diocèse de Paris, défi presque
insurmontable pour des raisons tant administratives et financières que
techniques. Pendant plus d’un an, vous vous lancez dans une réflexion de
fond sur l’esprit d’un lieu et son actualité. Vous direz plus tard que
« réhabiliter ce lieu était possible car il y a dans ce lieu, une science de la
présence, de l’homme par rapport au volume qu’on lui donne, une science
de l’observation, du savoir-vivre, patiemment intégré par des
communautés d’hommes qui avaient appris à savoir vivre ensemble ».
Devenu en l’an 2000 directeur général des affaires économiques de
l’Archevêché de Paris, économe diocésain selon le titre canonique, vous
êtes naturellement désigné par le Cardinal Lustiger comme maître
d’ouvrage et principal coordinateur des travaux de ce magnifique édifice
cistercien, le seul grand édifice subsistant de l’Université de Paris du
XIIIème siècle.
Anciennement centre de gravité du savoir à Paris tombé dans le domaine
civil après la Révolution française, le Collège des Bernardins aura connu
tous les usages : prison pour galériens, grenier à sel, caserne de pompier
au milieu du XIXème siècle, internat pour l’école de police nationale.
Racheté à la ville de Paris par le diocèse en 2001, il a retrouvé aujourd’hui,
grâce à une collaboration fructueuse entre Hervé Baptiste, architecte des
Monuments historiques, Jean-Michel Wilmotte et vous-même, sa vocation
première de lieu de réflexion et de rencontre, de culture et de recherche,
fidèle à l’esprit de son fondateur, l’abbé de Clairvaux Etienne de Lexington.
Cette restauration remarquable, respectueuse d’un lieu séculaire
désormais doté d’espaces qui permettent sa résurrection au coeur du
Quartier Latin, nous vous en sommes redevables. Ecrin d’exception pour la
diffusion des savoirs, ouvert à l’art contemporain, nouveau point de
dialogue entre l’Eglise et la société, le projet que vous avez mené pour le
Collège des Bernardins est en effet une réussite incontestable.
Après avoir fait se croiser réhabilitation patrimoniale et architecture
contemporaine, vous conduisez, en qualité de président de la Fondation
des Bernardins, un programme de mécénat attractif permettant de faire
vivre et rayonner la production artistique et intellectuelle du Collège.
Par votre soutien à titre personnel à de remarquables projets de
restauration en Poitou-Charentes tels que le château de la Vervolière et le
château de la Tour de Ry, et comme vice-président de l’association des
« Vieilles Maisons Françaises, votre engagement de longue date,
également, auprès de La Fondation du Patrimoine, dont vous êtes viceprésident
et où vous représentez depuis ses origines l’un des membres
fondateurs, en l’occurrence AXA, vous êtes un acteur essentiel de la
politique patrimoniale, à laquelle vous avez insufflé une vision globale et
moderne, en contribuant à élargir ses champs. Si la protection des
paysages ou encore celle du patrimoine industriel et maritime fait
désormais partie des préoccupations de la Fondation du Patrimoine, c’est
aussi parce que vous avez contribué à cette évolution. C’est dans cet
esprit que le président de la Fondation des Bernardins a aussi créé la
Fondation Palladio qui, en soutenant la formation supérieure aux métiers
de l’industrie immobilière et la recherche sur les problématiques urbaines,
en mobilisant des professionnels de l’immobilier, des élus et des
journalistes, contribue à définir une vision d’avenir pour notre patrimoine.
Cher Bertrand de Feydeau, au nom de la République française, nous vous
faisons Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres.
Chère Monique Raimond,
Nous sommes à Londres en 1991. Lors d’une rétrospective de couture,
Pierre Cardin est saisi par votre classe naturelle et vous propose un bout
de chemin à ses côtés. Depuis, vous êtes parvenue à incarner le prestige
et l’exigence de cette grande Maison, jusqu’à en devenir, selon ses mots,
« la meilleure ambassadrice ». Vingt ans pendant lesquels la grande
prêtresse de la communication du groupe Pierre Cardin a tant fait,
notamment pour son rayonnement culturel et ses activités de mécénat à
l’international.
Ambassadrice de la mode française de ces deux dernières décennies,
vous aviez également été « Madame l’ambassadrice » aux côtés de votre
époux Jean-Bernard Raimond, ambassadeur à Rabat, à Varsovie, à
Moscou et près du Saint-Siège, en étant à ses côtés pour représenter la
France auprès des princes, diplomates et artistes de tous les continents,
toujours accueillante, toujours soucieuse de soutenir les hommes
politiques, les entrepreneurs et les intellectuels français. Une fonction de
représentation au service du rayonnement économique et culturel de la
France pour laquelle vous étiez particulièrement bien armée, par votre
formation universitaire à l’Institut d’études européennes à Bruxelles, votre
doctorat d’Etat en Droit, et vos fonctions au Secrétariat général du Comité
interministériel pour les questions de coopération économique européenne
puis d’attachée parlementaire au Parlement européen.
Amatrice de plumes fines, vous êtes à l’origine de la création du cercle
littéraire le Maxim’s Ladies Club depuis 2004 qui a rapidement donné le
jour à un prix littéraire, un lieu où règnent l’écoute et le bel esprit, un lieu où
l’ambiance glamour du Tout-Paris de la Belle époque diffuse encore sa
fragrance mondaine.
En fondant le prestigieux Cercle des amis d’Aix en 1993, vous avez
favorisé et dynamisé le vie culturelle dans tout le pays aixois grâce au
soutien d’artistes, d’hommes et de femmes de lettres qui ont offert à tous
les amateurs d’art des lectures et des récitals dans les écrins les plus
prestigieux du patrimoine privé aixois.
La directrice de la communication de Pierre Cardin que vous êtes est aussi
connue pour un engagement associatif et humanitaire qui vous honore.
À Lyon, votre ville natale pour laquelle vous avez toujours cultivé un
attachement profond et vous avez été conseillère municipale pendant sept
ans, vous fondez en février 2003 l’association « Rayonnement des savoirfaire
», qui vise à soutenir et promouvoir les savoir-faire d’exception en
Rhône-Alpes. Attentive aux pratiques artisanales qui, dans des domaines
aussi diversifiés que le textile, la joaillerie, l’art mobilier ou les métiers de
bouche, s’épanouissent trop souvent dans l’anonymat, vous favorisez la
conservation de notre patrimoine culturel et la transmission des métiers
d’art qui contribuent aussi bien souvent à l’image d’excellence des grandes
marques françaises. Cet engagement, vous savez à quel point mon
ministère le partage.
Au service du dialogue et de l’entraide, vous oeuvrez à la solidarité
internationale par votre action au sein de l’association Care-France, ainsi
qu’à la Fondation pour l’Enfance, établissement d’utilité publique qui se bat
pour la reconnaissance des droits fondamentaux de l’enfant. En septembre
2009, votre sensibilité aux enjeux du développement durable et de
l’économie solidaire se traduit dans la création de l’Agence française de
promotion du Textile biologique (AFPTB), rapidement suivie du label
« AOC » (African Original Cotton) qui se dote d’une ambition remarquable,
avec l’aide de Kady Issabré, la présidente de la Chambre de commerce
France-Mali à Lyon : permettre aux producteurs de coton maliens,
burkinabés et béninois de garantir des récoltes stables et de développer
des structures autonomes de production biologique. Davantage que
l’assistance, vous avez choisi de favoriser l’autonomie et la pérennité
comme critères premiers pour le développement d’économies encore
souvent fragiles.
Sur tous ces points, on peut voir ce qui fait de vous une femme
d’exception : sous l’élégance et le raffinement d’une femme rompue aux
exigences de la représentation, on trouve aussi une citoyenne solidaire
aux engagements remarquables.
C’est pour toutes ces raisons, chère Monique Raimond, qu’au nom de la
République française, nous vous faisons Officier dans l’ordre des Arts et
des Lettres.