Les Entretiens du patrimoine 2023
Organisés par le Ministère de la Culture, les Entretiens du patrimoine se sont déroulés les 28, 29 et 30 novembre 2023 au musée du quai Branly-Jacques Chirac et à distance.
La direction générale des patrimoines et de l’architecture du ministère de la Culture a renoué avec une tradition remontant à 1988 et interrompue en 2013, en organisant les 28, 29 et 30 novembre 2023 les Entretiens du patrimoine, une rencontre qui a donné l’opportunité à l’ensemble des acteurs du secteur (architectes, conservateurs, restaurateurs, chercheurs, entreprises, associations, etc.) de débattre d’une question située au cœur de leurs activités. Cette rencontre a eu lieu en présence au musée du quai Branly-Jacques Chirac et à distance.
La conservation et la restauration du patrimoine culturel, tous domaines confondus (matériel, immatériel, numérique et naturel) ont connu d’importantes évolutions depuis la Seconde Guerre mondiale et la convention de La Haye pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé. En 1964, la Charte de Venise, axée sur le patrimoine monumental mais dont bien des points peuvent s’appliquer plus largement à d’autres secteurs patrimoniaux, eut l’ambition d’en formaliser les principes pour constituer un cadre de niveau européen, sinon international. D’autres documents internationaux tels la Charte de Florence sur la restauration des jardins historiques (1982), l’ont depuis précisée et complétée.
L’élaboration et la mise en œuvre par l’UNESCO de la convention sur le Patrimoine mondial de 1972, qui réunit dans un même document protection de la nature et préservation du patrimoine culturel, complétée en 1982 par la déclaration de Budapest invitant à mieux associer les citoyens ou « communautés » à la préservation du patrimoine culturel, puis la convention de 2003 sur le Patrimoine culturel immatériel ouvrant notamment la voie à de nouvelles politiques de patrimonialisation des pratiques sociales et savoir-faire hérités du passé, ont entraîné d’importantes évolutions au niveau mondial.
Aujourd’hui, la double révolution verte et numérique, avec ses conséquences politiques, économiques et sociétales, bouleverse les pratiques.
Durant ces trois journées, il a été proposé, à la lumière de ces évolutions, de faire le point sur les pratiques actuelles en matière de conservation et de restauration et d’envisager les évolutions qui apparaîtront nécessaires. Comment contribuent-elles à faire des éléments matériels et immatériels hérités du passé des ressources d’avenir en leur donnant une nouvelle vie ? Quelles techniques, quels matériaux sont mis en œuvre à cet effet ? En quoi la préservation, la restauration du patrimoine évolue-t-elle face aux effets présents et futurs du changement climatique ? Quelle place pour le patrimoine dans la transition écologique ?
Les interventions qui ont ponctué ces trois journées n’ont pas eu la prétention de couvrir l’ensemble de ce vaste sujet mais avaient objectif d’ouvrir le débat et de dessiner des perspectives, à la lumière notamment d’exemples concrets et de retours d’expérience, ainsi que du témoignage d’experts étrangers.
Elles étaient organisées en 4 sessions thématiques :
Session 1 : Quelles évolutions des principes et des pratiques de la restauration ?
En guise d’ouverture et pour une mise en perspective historique du sujet, cette première session retrace les grandes étapes de l’évolution des pratiques, pose la question de la doctrine dans un contexte globalisé et évoque l’apparition de nouveaux acteurs, de nouveaux modes de pensée et d’action.
Session 2 : Restaurer : quelles réponses à l’évolution des usages ?
La conservation, la restauration, la préservation d’un bien culturel ne prennent tout leur sens qu’au regard de sa valeur d’usage pour la société, du statut, du rôle qui lui sont assignés dans l’espace contemporain pour lequel, hérité du passé, il n’a pas été conçu. C’est lui assurer ainsi un avenir en lui maintenant ou en lui restituant une raison d’être.
Cet usage peut être de nature très diverse selon l’élément (matériel, immatériel, numérique ; site, jardin, édifice, objet) et selon sa destination future (conservation in situ ou dans un musée, un service d’archives, accessible ou inaccessible au public, adaptation à de nouveaux usages ou réadaptation à son usage initial, etc.).
Ces données conditionnent fortement le cahier des charges des opérations et les choix opérés pour les interventions, qui pourront aller de la seule conservation préventive à des interventions plus lourdes visant à la restitution de parties manquantes, voire à l’ajout d’apports contemporains.
Session 3 : Matériaux, techniques et savoir-faire : des approches évolutives ?
Les doctrines et principes de la restauration sont conditionnées sur le terrain par la nature et la mise en œuvre des matériaux des objets sur lesquels portent les interventions. Certains objets patrimoniaux, à l’origine conçus comme des œuvres éphémères, sont des cas d’école particulièrement intéressants à examiner de ce point de vue. D’autres sont constitués de matériaux non pérennes qu’il s’agit de stabiliser ou, à défaut, auxquels il faut trouver des substituts, au risque de trahir l’œuvre.
Ces approches et les solutions mises en œuvre ont connu des évolutions pouvant être spécifiques à certains domaines, par exemple celui du textile, constitué d’objets particulièrement fragiles.
Session 4 : Quelle place de la conservation-restauration dans la double transition écologique et numérique ?
Comme tous les domaines, celui de la conservation-restauration du patrimoine est bouleversé par la double révolution verte et numérique. En quoi cette dernière peut-elle être une chance pour le patrimoine culturel ? Comment les données produites par les différents acteurs du patrimoine -professionnels, chercheurs, citoyens- ainsi que le recours à l’imagerie numérique peuvent-ils être aujourd’hui mis au service des interventions ?
La transition verte interroge la place du patrimoine dans les politiques énergétiques et de développement durable, notamment sous l’angle de la restauration. L’inflation législative et réglementaire résultant de ces politiques, de même que les objectifs fixés, posent la question de leur compatibilité avec une bonne conservation et restauration du patrimoine culturel. Cela est spécialement vrai pour le patrimoine bâti ancien comme pour celui du XXe siècle.
Les menaces générées par le réchauffement climatique nous invitent à repenser les approches et les modes d’intervention, notamment le rapport entre patrimoine culturel et nature.
Programme
9h – 9h45 INTRODUCTION
SESSION 1 – Quelles évolutions des principes et pratiques de la restauration ?
Présidente de séance : Marie-Anne Sire, inspectrice des patrimoines, collège Monuments historiques, Délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation, Direction générale des patrimoines et de l’architecture
9h50 - 10h20 « Genèse et évolution du cadre juridique : la pluralité des registres normatifs »
Marie Cornu, juriste et directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique, spécialiste du droit des biens culturels
10h20 - 10h50 « Les grandes étapes de l’évolution des pratiques de restauration patrimoniale »
Olivier Poisson, inspecteur général des patrimoines honoraire, collège Monuments historiques
10h50 - 11h10 PAUSE
11h10 - 11h40 « Évolution des pratiques de restauration du patrimoine urbain et paysager, en lien avec l’évolution des législations »
Pascal Planchet, professeur de droit public à l’Université Lumière Lyon II
11h40 - 13h10 TABLE RONDE
« Regards croisés sur la notion d’authenticité dans les pratiques de restauration »
Modération : Simon Texier, secrétaire général de la Commission du Vieux Paris
Cécile Duvelle consultante, auparavant cheffe de la section du patrimoine culturel immatériel à l’UNESCO
Riccardo Giordano, architecte en chef des monuments historiques
Toshiyuki Kono, professeur émérite de droit international privé à l’Université de Kyushu
Adeline Rabaté, directrice de la Conservation des monuments et des collections, Centre des monuments nationaux
13h10 - 14h30 DÉJEUNER LIBRE
14h30 - 15h « Application des chartes au contexte africain. Le patrimoine mondial a-t-il figé des monuments évolutifs ? »
Régis Martin, président de la Compagnie des architectes en chef des monuments historiques
15h - 15h40 « D’une réforme à l’autre : la place nouvelle des maîtres d’ouvrage dans la chaîne patrimoniale »
Anne Embs, cheffe de la Conservation régionale des monuments historiques de la DRAC Centre-Val de Loire
Albéric de Montgolfier sénateur d'Eure-et-Loir et vice-président de la Commission des finances du Sénat
15h40 - 16h PAUSE
SESSION 2 – Restaurer : quelles réponses à l’évolution des usages ?
Présidente de séance : Catherine Chevillot, directrice de la Cité de l’architecture & du patrimoine
16h15 – 16h45 « Quel état de référence ? La salle de bal à Fontainebleau »
Vincent Cochet, conservateur en chef du patrimoine, château de Fontainebleau
16h45 - 18h15 TABLE RONDE
« Objets mobiliers qui servent, qui jouent, qui flottent ou qui naviguent… La conservation et la restauration à l’épreuve de l’usage »
Modération : Judith Kagan, conservatrice générale du patrimoine, cheffe du Bureau de l’expertise et des métiers, Sous-direction des monuments historiques et des sites patrimoniaux, Service du patrimoine, Direction générale des patrimoines et de l’architecture
Manuel Lalanne, conservateur du patrimoine, DRAC Nouvelle-Aquitaine
Hélène Lebédel-Carbonnel, inspectrice des patrimoines, collège Monuments historiques, Délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation, Direction générale des patrimoines et de l’architecture
Christian Lutz, expert organologue, technicien-conseil pour les orgues auprès des Monuments historiques
Åsa Tillman, responsable technique du théâtre du château de Drottningholm
9h – 10h30 TABLE RONDE
« La restauration des monuments au regard de leurs usages »
Modération : Pascal Mignerey, chef de la Délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation, Direction générale des patrimoines et de l’architecture
Anne-Laure Garaïos, directrice scientifique du Musée des arts décoratifs de l’océan Indien
Séverine Lepape, directrice du Musée de Cluny - musée national du Moyen-Âge
Sophie Masse architecte des bâtiments de France, cheffe de l’Unité départementale de l'architecture et du patrimoine de Seine-Saint-Denis
Didier Repellin, inspecteur général des monuments historiques honoraire, architecte en chef des monuments historiques honoraire
10h30 – 10h45 PAUSE
10h45 – 11h25 « Doit-on restituer pour assurer la lisibilité et la conservation d'un site archéologique ? Le temple de Mercure au Puys de Dôme et le quartier El Born à Barcelone, deux partis de présentation aux publics »
Jean-Olivier Guilhot, inspecteur des patrimoines, collège Archéologie, Délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation, Direction générale des patrimoines et de l’architecture
Marc Aureli Santos Ruiz architecte et directeur du service de l'architecture urbaine et du patrimoine de la ville de Barcelone
SESSION 3 –Matériaux, techniques et savoir-faire : des approches évolutives ?
Président de séance : Michel Goutal, architecte en chef des monuments historiques
11h35 – 13h15 TABLE RONDE
« Tradition, innovation, développement durable : quels matériaux et quelles techniques pour la conservation-restauration des biens culturels demain ? »
Modération : Isabelle Pallot-Frossard, conservateur général du patrimoine, présidente de la Fondation des Sciences du Patrimoine
Yveline Huguet, conservatrice-restauratrice de collections d’ethnographie et d’histoire naturelle, consultante en conservation préventive
Éleonore Kissel, conservatrice-restauratrice, responsable du pôle Conservation-Restauration au musée du quai Branly-Jacques Chirac
Olivier Morel, restaurateur d'objets d'art, spécialité métal
Bertrand Sainte-Marthe, conservateur-restaurateur, responsable de l'atelier de restauration, reliure et dorure aux Archives nationales
Klaas Jan van den Berg, scientifique en chef à l'Agence du patrimoine culturel des Pays-Bas et professeur à l'université d'Amsterdam, spécialisé dans la science de la conservation et de la restauration des peintures
13h15 – 14h30 DÉJEUNER LIBRE
14h30 - 15h « Les défis de la restauration des bétons »
Elisabeth Marie-Victoire, ingénieure de recherche, responsable du pôle Béton au Laboratoire de recherche des monuments historiques
15h - 15h30 « L’évolution des pratiques en conservation-restauration des textiles »
Patricia dal-Prà, conservatrice-restauratrice, responsable de l’atelier d’enseignements de la spécialité Arts textiles au département des restaurateurs, Institut national du patrimoine
15h30 – 15h45 PAUSE
15h45 – 17h15 TABLE RONDE
« La conservation des biens culturels éphémères ou sujets à l’obsolescence technique »
Modération : Gilles Barabant, responsable de la filière Art contemporain au département Restauration, Centre de recherche et de restauration des musées de France
Cécile Dazord, conservatrice du patrimoine, chargée des problématiques conservatoires spécifiques à l’art contemporain au Département recherche du C2RMF de 2012 à 2019
Lucile Dessennes, conservatrice-restauratrice de documents graphiques, Bibliothèque nationale de France
Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques, inspecteur général des monuments historiques
Isabelle Scappazzoni, restauratrice de livres et documents graphiques aux Archives nationales, expert technique à la Fédération nationale des experts spécialisés en art
17h15 - 17h45 « La participation des communautés à la restauration du patrimoine : le musée du Compagnonnage »
Virginie Tostain, directrice du musée du Compagnonnage
17h45 - 18h15 « Vers la patrimonialisation des pratiques et savoir-faire en conservation-restauration ? »
Isabelle Chave, sous-directrice des monuments historiques et des sites patrimoniaux, Service du patrimoine, Direction générale des patrimoines et de l’architecture
9h
SESSION 4 – Quelle place de la conservation-restauration dans la double transition écologique et numérique ?
Président de séance : Christophe Amsler, architecte, Lausanne
9h20 – 9h50 « Réflexions sur la conservation des jardins patrimoniaux face au dérèglement climatique et à la perte de la biodiversité »
Jean-Michel Sainsard, chargé de mission expertise parc et jardins, Bureau de l’expertise et des métiers, Sous-direction des monuments historiques et des sites patrimoniaux, Service du patrimoine, Direction générale des patrimoines et de l’architecture
9h50 – 10h30 « Le patrimoine littoral face à l’évolution du trait de côte : réflexions, expérimentations et prospectives »
Virginie Serna, conservatrice en chef à la Mission de l'inventaire général du patrimoine culturel, Service du patrimoine, Direction générale des patrimoines et de l’architecture
10h30 – 10h45 PAUSE
10h45 – 12h15 TABLE RONDE
« Habiter un monde fini : impact et opportunités de la transition écologique sur l’aménagement du cadre de vie »
Modération : Emmanuel Nebout, architecte conseil de l’État
Anna Chavepayre, architecte, cofondatrice associée du collectif Encore
Fabienne Couvert, directrice déléguée Architecture, agence AREP
Maël de Quelen, architecte en chef des monuments historiques
Gabriel Turquet de Beauregard, architecte des bâtiments de France, chef de l'Unité départementale de l'architecture et du patrimoine du Maine et Loire
12h15 – 12h50 « Enjeux contemporains des transitions écologique et numérique au service de la restauration »
Ann Bourgès, ingénieure de recherche, responsable adjoint du groupe Objet, département Recherche, Centre de recherche et de restauration des musées de France
Geneviève Pinçon, cheffe du Bureau de la politique nationale des grottes ornées et des sites d'art rupestre, Centre national de la Préhistoire
12h50 – 14h DÉJEUNER LIBRE
14h – 14h30 « Entre poussière et pixel : conserver et numériser aux Archives nationales »
Ludivine Leroy-Banti, restauratrice de documents graphiques aux Archives nationales
14h30 – 16h TABLE RONDE
« Mobiliser les données de la recherche : Notre-Dame, un système d’information "monumental" »
Modération : Pascal Liévaux, chef du Département de la recherche, de la valorisation et du patrimoine culturel immatériel, Délégation à l’inspection, à la recherche et à l’innovation, Direction générale des patrimoines et de l’architecture
Philippe Dillmann, directeur de recherche à l’Institut de recherche sur les archéomatériaux, responsable du Laboratoire archéomatériaux et prévision de l’altération au CEA Paris-Saclay
Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques
Livio de Luca, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique, directeur de l’UMR CNRS/MCC MAP (Modèles et simulations pour l’Architecture et le Patrimoine)
Aline Magnien, conservateur du patrimoine, ex-Directrice du Laboratoire de recherche des monuments historiques
16h – 16h15 PAUSE
16h15 – 17h45 TABLE RONDE
« Changer notre regard sur la restauration : renaturer la culture, reculturer la nature »
Modération : Vania Virgili, directrice de la recherche technologique, Consiglio Nazionale delle Ricerche, Istituto di Scienze del Patrimonio Culturale
Marie-Jeanne Jouveau, architecte et urbaniste du patrimoine, agence Capla
Roch Payet, consultant en conservation préventive
Bruno Phalip, professeur honoraire, Université Clermont Auvergne
Heather Viles, professeur en biogéomorphologie et en conservation du patrimoine, School of Geography and the Environment, Université d'Oxford.
17h45 – 18h CONCLUSION
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