La Société nouvelle
Fin 1873, à l’initiative de Monet, est fondée une Société anonyme coopérative d’artistes-peintres, sculpteurs, etc., dite Société nouvelle.
Naissance de la Société nouvelle
Fin 1873, à l’initiative de Monet, est fondée une « Société anonyme coopérative d’artistes-peintres, sculpteurs, etc. », dite « Société nouvelle ».
Cette société se fixe trois objectifs (« Chronique des Arts et de la Curiosité », 17 janvier 1874, p. 19) :
- Premièrement, « l’organisation d’expositions libres, sans jury ni récompenses honorifiques.
- Deuxièmement, la vente desdites œuvres.
- Troisièmement, la publication d’un journal exclusivement relatif aux arts ».
Statuts
Avant même sa création, l'organisation de la « Société nouvelle » fait l’objet de controverses entre les membres du groupe. L’association prend finalement la forme d’une société coopérative. Suivant les conseils de Paul Alexis, un homme de lettres ami de Zola, elle s’inspire des différentes chambres syndicales qui voient alors le jour, et dont l’objectif est de veiller aux intérêts professionnels de leurs membres.
Fonctionnement
« Le siège social est fixé à Paris, provisoirement chez M. A. Ottin, trésorier, rue Vincent-Compoint, n° 9.
Le fonds social, qui pourra être augmenté, soit par l’adjonction de nouveaux sociétaires qui devront chacun souscrire au moins une action de 60 fr. payable en douze termes, soit par toute donation qui pourra être faite à la société, est fixé à 1,200 fr. Chaque associé devra en plus verser, chaque mois, la somme de 5 fr. dans la caisse sociale ; il lui sera délivré une action toutes les fois que ses versements atteindront la somme de 60 fr. L’action ne pourra être cédée qu’à des associés et avec l’autorisation du conseil d’administration.
Jusqu’au jour de la première assemblée générale, la société est provisoirement administrée par MM. Pissarro, Mettling, Rouard, Feyen-Perrin, Meyer, de Molins, Monet, artistes-peintres.
Le conseil provisoire de surveillance est composé de MM. : Béliard, peintre ; Ottin, sculpteur ; Renoir, peintre.
En conséquence de ces nominations, et par suite du versement du douzième des actions, la société est définitivement constituée.
Les produits sociaux se composent : 1° des droits d’entrée aux expositions ; 2° des prélèvements opérés sur les ventes ; 3° et de toute autre recette quelconque. Ces produits, après prélèvement des dépenses seront partagés entre les associés proportionnellement à leurs mises » (« Chronique des Arts et de la Curiosité », 17 janvier 1874, p. 19).
Une société ouverte
Alexis précise : « Ils veulent unir des intérêts et non des systèmes ; ils souhaitent l’adhésion de tous les travailleurs » (Rewald, 1, p. 350). La participation est donc dénuée de toute contrainte esthétique, ce qui présente un avantage : une ouverture possible à toute forme d’expression, et un inconvénient : une absence d’unité stylistique. « Degas désirait qu’on associât aux promoteurs de l’exposition un certain nombre d’autres peintres, tandis que Monet et ses amis [Renoir et Sisley] préféraient rester entre eux ». (Rivière, « Renoir », p. 43). Ce désaccord se renouvellera à chaque exposition, jusqu’en 1886. L’absence d’unité stylistique brouille l’image des expositions, la presse s’en fera régulièrement l’écho. Toutefois, cet espace de liberté va favoriser l’apparition d’expressions nouvelles. Degas, mais aussi et surtout Pissarro, s’intéressent beaucoup aux jeunes artistes, ce qui les amène à inviter certains d’entre eux à se joindre au groupe. L’intronisation de Caillebotte, puis de Mary Cassatt, par Degas, se passe bien, et l’une et l’autre deviennent des membres à part entière du groupe. Gauguin, introduit par Pissarro, est moins bien accepté. Mais personne ne pardonne à Degas l’introduction de Raffaëlli.
Pissarro nous apparaît aujourd’hui particulièrement clairvoyant. Pourtant, ses choix (Gauguin, Redon, Seurat, Signac…) suscitent de vives oppositions parmi ses confrères impressionnistes.
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