La constitution des collections : une histoire au long cours
Les collections conservées et en partie exposées au musée des Confluences sont d’une extrême diversité qui reflète une histoire riche et complexe. L’origine la plus ancienne remonte à 1777, date d’ouverture d’un cabinet d’histoire naturelle à Lyon, ancêtre du Muséum d’histoire naturelle qui constitue aujourd’hui les parties « science de la vie et sciences de la terre » des Confluences. Cette collection s’est enrichie de pièces extra-européennes rassemblées par Émile Guimet, riche industriel lyonnais, qui souhaitait établir à Lyon un musée des religions comparées, « une usine scientifique » ou encore « un laboratoire d’idées » (les deux expressions sont de lui). Le musée Émile Guimet ouvre ses portes en 1879 mais, déçu par la faible fréquentation du musée situé pourtant à proximité du parc de la Tête d’or, Guimet décide de donner ses collections à l’ État : c’est la naissance du musée Guimet – Paris. Il vend alors le bâtiment lyonnais à une société frigorifique qui le transforme en patinoire. La ville acquiert le bâtiment pour y transférer les collections du Muséum d’histoire naturelle conservées au Palais Saint-Pierre. Édouard Herriot convainc Guimet de rapatrier des objets de Paris, à Lyon. Le musée devient le Muséum d’Histoire naturelle – Émile Guimet. Les ensembles ethnographiques sont complétés par le dépôt des collections du musée colonial de Lyon (qui ferme ses portes en 1947) et la collection des œuvres pontificales missionnaires (Association Française des Œuvres Pontificales Missionnaires) fondée à Lyon par Pauline-Marie Jaricot (1799 – 1862).
Le projet de rénovation du musée
Le transfert de gestion du musée de la ville au département en 1991, en même temps que le musée Gallo-Romain de Lyon – Fourvière, dynamise la politique d’acquisition. Les fonds de référence (entomologie et, plus largement, le patrimoine naturel, ethnologie extra-européenne) sont complétés. Des nouveaux champs s’ouvrent, notamment vers le patrimoine scientifique et technique afin de répondre à la demande des élus de développer un « projet innovant, qui s’articule autour d’un concept original fondé sur la transdisciplinarité des connaissances et la pluralité des approches thématiques qui place légitimement le public au centre de sa démarche culturelle et pédagogique » : c’’est la naissance du projet du musée des Confluences « un lieu à la fois stratégique et moderne, symbolique et prestigieux, dont la localisation est envisagée sur le site du Confluent ». Michel Mercier, alors président du Conseil général du Rhône plaide en juillet 2000 devant l’assemblée départementale la création, à Lyon, « d’un équipement novateur et unique, avec une approche pluridisciplinaire intégrant sciences et sciences humaines et présentant au public la science dans le rapport qu’elle entretient avec la société et les questions qu’elle pose au citoyen d’aujourd’hui. Le musée projeté est un musée thématique expliquant des sujets, et non un musée de collections et d’objets. Le concept propose de faire du public à la fois le point de départ et le point de convergence de l’acte culturel […] Le musée sera un lieu d’éducation populaire permanent qui s’adressera à l’ensemble de la population au-delà du public traditionnel des institutions culturelles »
Un bâtiment comme une métaphore de la complexité du monde actuel
Fort de ce programme théorique, le Conseil général du Rhône lance un concours international de maîtrise d’œuvre sur la base d’un coût d’objectif affiché de 400 millions de francs. L’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au, lauréate, propose une maquette qui mêle verre, acier, béton. L’implantation à la confluence de la Saône et du Rhône et la complexité de mise en œuvre ralentissent considérablement les travaux du musée par rapport au calendrier prévu. Parallèlement, le Conseil général livre, rive gauche du Rhône, un bâtiment de réserve exemplaire, à la fois centre de conservation et d’études pour les chercheurs. Le muséum d’histoire naturelle – Émile Guimet ferme ses portes à l’été 2007. Le transfert des collections commence, en même temps qu’est mené un chantier des collections qui croise les informations contenues dans les multiples et nombreux inventaires dressés au cours des siècles d’existence des collections avec la réalité des ensembles déménagés. Le chantier permet également la mise à niveau des connaissances nécessaires pour l’exploitation des collections et leur future exposition au sein du parcours permanent. Le bâtiment qui sera inauguré en décembre se compose de trois unités architecturales : un socle de béton abritant les espaces fonctionnels (auditoriums, accueil des groupes, espaces privatisables et techniques du musée), le cristal dédié au public et à la circulation des visiteurs, le nuage qui abrite l’ensemble des salles d’exposition : une nouvelle aventure commence pour ces collections historiques !
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