Découvrez la vie et l'oeuvre de Judith Leyster

Judith Leyster, Autoportrait, vers 1630, Washington, National Gallery

Judith Leyster (Haarlem, 1609 - Heemsteede, 1660)

Rare femme peintre de l'âge d'or hollandais, Judith Leyster apparaît comme le pendant féminin de Frans Hals (1580-1666), tant la fréquentation de l’œuvre de ce dernier se lit dans la manière joviale et enlevée de celle qui fut peut-être son élève. Elle entretenait de fait des liens étroits avec la famille du maître, de trente ans son aîné, comme en témoigne sa présence en 1631 au baptême de l'un des enfants de celui-ci. Elle est de fait l'un de ses plus proches suiveurs par son style, quoi qu’également influencée par son frère, Dirk Hals (1591-1656). Reprenant la thématique des buveurs et des musiciens, ses figures de tavernes portent la même spontanéité que celles du maître, associée à un traitement contrasté de la lumière hérité des Caravagesques d'Utrecht.

Contrairement à beaucoup d'autres femmes peintres de l'époque, elle ne vient pas d'un milieu d'artistes, son père exerçant le métier de brasseur. Pourtant elle est déjà connue dans sa ville natale comme peintre en 1628, alors qu'elle n'a que dix-neuf ans. Portraitiste, peintre de genre, de natures mortes et de fleurs, elle est en 1633 la première femme admise à la guilde de Saint-Luc d'Haarlem. Elle reçoit en outre le titre de maître, lui donnant le droit d'avoir des élèves à partir de 1635, confirmant ainsi sa réputation.

Judith Leyster, La Joyeuse Compagnie, 1630, Paris, musée du Louvre

Parmi ses œuvres les plus connues, son autoportrait (vers 1630, Washington, National Gallery) la montre, pinceaux à la main devant son chevalet, alerte et souriante, dans une attitude d'un grand naturel. Comme souvent au XVIIe siècle, son mariage en 1636 avec le peintre Jan Miense Moelnaer (1609-1668), qui fut lui-même élève de Hals, met fin à sa carrière personnelle : si elle a probablement continué à peindre pour assister son mari, elle dut aussi se consacrer à sa famille. Aussi, est-elle déjà oubliée à la fin de sa vie et nombre de ses tableaux furent alors donnés à d'autres peintres et notamment à Frans Hals lui-même. C'est à la faveur de l'acquisition par le musée du Louvre de l'une de ses toiles en 1893 - La Joyeuse compagnie - que l'artiste est redécouverte, son monogramme étant alors identifié sous une fausse signature de Frans Hals. Dès lors, les recherches ont permis de rétablir le corpus de son œuvre.

Hélène Meyer

Sélection des œuvres de Judith Leyster sur la base Joconde Pop

Bibliographie
Frima Fox Hofrichter, Judith Leyster (1609-1660), catalogue d'exposition, Washington, National Gallery of Art, 21 juin - 29 novembre 2009, Doornspijk, Davaco Publishers, 2009