Découvrez la vie et l'oeuvre d'Adélaïde Labille-Guiard

Adélaïde Labille-Guiard, Autoportrait entourée de deux de ses élèves, 1785, New York, Metropolitan museum of Art

Adélaïde Labille-Guiard (Paris, 1749-id.,1803)

La carrière d'Adélaïde Labille-Guiard, parmi les meilleurs portraitistes de son temps, sans cesse comparée à Elisabeth-Louise Vigée-Lebrun sa concurrente, est significative des difficultés d'ascension d'une femme peintre à la fin de l'Ancien Régime. D' un milieu de marchands parisiens - son père était propriétaire d'une boutique de mode -, elle se forme d'abord aux techniques réputées féminines du pastel et de la miniature. Mentionnée comme membre de l'Académie de Saint-Luc en 1769, année de son mariage avec le peintre Nicolas Guiard, elle exerce déjà professionnellement à 20 ans avec succès. Cette académie permettrait en effet aux femmes d'exposer et de se faire connaître jusqu'en 1777, année de sa fermeture sur pression de l'Académie royale. Elle était alors en plein essor et comptait 130 femmes parmi ses membres. Dès lors celles-ci se tournèrent vers le Salon de la correspondance ou tentèrent la sacro-sainte Académie.

Adélaïde Labille-Guiard, Madame Elizabeth, 1788, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

C'est grâce au soutien du peintre François-André Vincent, membre de l'Académie, à la fois son ami d'enfance, son compagnon et son futur mari, qu'Adélaïde poursuivit cette ambition. Il l'initie à la peinture à l'huile et lui envoie plusieurs de ses amis académiciens comme modèles : convaincus par son talent, les peintres Vien, Voiriot, Bachelier et Suvée appuieront sa candidature. Mais sa première exposition au Salon de 1783, en même temps que Vigée-Lebrun, suscite la diffusion d'un pamphlet injurieux à l'égard des deux femmes, sous prétexte qu'elles exerçaient un métier d'homme et mettant en doute leur vertu, vivant seules et séparées de leur mari. Le succès d'Adélaïde se confirme au Salon de 1785 avec son exceptionnel Autoportrait entourée de deux de ses élèves (New York, Metropolitan museum of Art), témoignant de son enseignement à des femmes. Ses portraits de Mesdames, tantes du roi, et de Mme Elisabeth, soeur du roi (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et du Trianon) lui valent une célébrité accrue et le titre de peintre des Mesdames en 1787. Peignant jusqu'en 1800, à l'exception des années de la Terreur, elle sut renouveler sa clientèle, au premier rang de laquelle Robespierre (Versailles, musée national des châteaux de Versailles et du Trianon).

Adélaïde Labille-Guiard, Le peintre François Vincent, 1er quart du 18e siècle, Paris, musée du Louvre

Excellant dans le portrait officiel à l'huile, elle est avec Vigée-Lebrun l’une des principales portraitistes de la gent féminine, alors que ses portraits d’hommes ont essentiellement servi sa carrière. On compte aujourd'hui environ 70 oeuvres de l'artiste, dont une dizaine de magistraux portraits en pieds, mais encore aucune monographie n'a été consacrée à cette artiste de grand talent.

Hélène Meyer

Sélection d'oeuvres d'Adélaïde Labille-Guiard sur la base Joconde Pop

Bibliographie
Auricchio Laura,  Adélaïde Labille-Guiard: Artist in the Age of Revolution, Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 2009