Découvrez la vie et l'oeuvre de Camille Claudel.

William Elborne, Camille Claudel et Jessie Lipscomb dans leur atelier du N° 117 de la rue Notre-Dame-des-Champs, 1887, Paris, ADAGP

Camille Claudel (Fère-en-Tardenois, 1864 - Montdevergues, 1943)

Née à Fère-en-Tardenois, près de Soissons, Camille Claudel est l’aînée d’une fratrie de trois enfants, composée de sa sœur Louise et de son frère Paul (le futur écrivain, poète et diplomate), avec qui elle entretient une relation très proche. C’est à Nogent-sur-Seine où sa famille s’est installée au gré des mutations de son père que Camille, dès ses douze ans, révélant des dons précoces pour le pétrissage de la glaise, reçoit les premiers conseils du sculpteur Alfred Boucher (1850-1934), originaire de la ville.

Lorsque la famille Claudel s’installe à Paris en 1881, Camille loue un atelier, rue Notre-Dame-des-Champs, où Boucher vient corriger ses travaux. Partant pour Florence en 1883, il demande à Auguste Rodin (1840-1917) de superviser désormais les travaux de sa jeune protégée.

Camille Claudel, Portrait en buste d'Auguste Rodin, 1888, Guéret, musée d'art et d'archéologie

En 1884, Camille Claudel entre dans l’atelier de Rodin comme praticienne, puis devient sa collaboratrice, son modèle et sa maîtresse. Sa personnalité et son talent vont éclore lors de cette décennie ; au contact du maître, elle crée des œuvres marquées par un modelé puissant et précis, ainsi que des poses réalistes et expressives. Le groupe Sakountala, couple pétri de désirs, inspiré d’un drame du poète hindou Kâlidâsa, première œuvre vraiment ambitieuse de Claudel, reçoit une mention honorable au Salon de 1888. Entre 1889 et 1891, elle séjourne plusieurs fois avec Rodin au château de l’Islette, en Touraine, où elle amorce le buste de La Petite Châtelaine, qu’elle ne finit que quelques années plus tard.

Camille Claudel, L'Âge mûr, 1893, Paris, musée Rodin

Après dix années de collaboration, d’échanges, de malentendus, elle tire un trait définitif sur cette relation et le couple se sépare ; elle entend ainsi s’émanciper de la tutelle de ce maître trop encombrant et travaille en solitaire. C’est vraisemblablement durant cette période que s’exprime la part la plus créative et personnelle de son œuvre avec La Valse, l’Age mûr, L’Implorante... Elle expérimente également des scènes intimes, qui sont des croquis d’après nature, telles Les Causeuses ou Femme agenouillée devant une cheminée. Le marchand-galeriste, Eugène Blot (1883-1976), assure la diffusion de son œuvre par l’édition de ses sculptures en bronze et lui consacre une exposition dans sa galerie en décembre 1905. A partir de cette date, elle peine cependant à se renouveler et ne trouve pas la reconnaissance à laquelle elle aspire. Camille Claudel s’isole alors de la scène artistique allant même jusqu’à détruire bon nombre de ses œuvres. Elle rencontre des ennuis financiers et sombre peu à peu dans la paranoïa, se sentant en permanence persécutée, ce qui l’éloigne de ses rares amis.

En 1913, à la demande de sa famille, l’artiste, très instable psychologiquement, est internée, d’abord à l’asile de Ville-Evrard, puis, en 1914, à l’asile d’aliénés de Mondevergues à Montfavet dans le Vaucluse. Elle y restera jusqu’à sa mort, dans la solitude et le dénuement, en 1943, à l’âge de soixante-dix-neuf ans.

Musée Camille Claudel, Nogent-sur-Seine

Le musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine, ouvert en 2017, conserve un fonds de référence, tout comme le musée Rodin qui possède une vingtaine de pièces (grâce aux dons consentis par Paul Claudel de quelques œuvres importantes et à des achats postérieurs), la première collection historiquement constituée. Ses sculptures sont également présentes au musée d’Orsay, au musée Sainte-Croix à Poitiers et à La Piscine de Roubaix. Ces institutions lui ont consacré plusieurs expositions ces trente dernières années, dont une grande rétrospective au musée de La Piscine en 2014, et de très nombreux ouvrages ont été publiés sur cette artiste.

Maëva Abillard

Sélection d'oeuvres de Camille Claudel sur la base Joconde Pop

Bibliographie

Rivière Anna, Gaudichon Bruno, Ghanassia Danielle, Camille Claudel : catalogue raisonné, 3e édition augmentée, Paris, Adam Biro, 2001

Rivière Anna, Gaudichon Bruno, Camille Claudel (1864-1943), Au miroir d’un art nouveau, catalogue d’exposition, Roubaix, La Piscine-Musée d'art et d'industrie André-Diligent, 8 novembre 2014 - 8 février 2015, Paris, Gallimard, 2014