Traversée du temps avec les collections mâconnaises
Le musée des Ursulines à Mâcon conserve des collections riches et diversifiées regroupant plus de 25 000 œuvres qui forment un panorama de l’histoire de l’art de l’Antiquité au XXème siècle. Découvrez-les à travers ces quatre thématiques, de la Gaule romaine à l'art brut, et au fil des collections que le musée a mises en ligne sur Joconde, le catalogue collectif des collections des musées de France.
De l'Antiquité à l'art brut...
> Le trésor de Chenôves, fin 2e siècle-début 1er siècle av JC
> Le trésor de Curtil-sous-Burnand, 3e siècle
> Hippolyte Petitjean (1854-1929)
> Johé Gormand (1905-1963), une poétique de l'art brut
Le trésor de Chenôves, fin 2e siècle-début 1er siècle av JC
La grotte de Chenôves a révélé un drame chez les Eduens, ainsi qu'un trésor qui a permis de définir un nouveau type iconographique de numismatique : le type de Chenôves.
Crédits : ce contenu était originellement publié sur le site Joconde. Il a été constitué en 2016 par Héloïse Schomas (Musées de Mâcon) et Jeannette Ivain du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine.
Découvrir le trésor de Chenôves sur Joconde
Au cours de l'hiver 1933-1934, Eugène Guillard, abbé de Chaudenay, effectue des fouilles dans la grotte du Creux Beurnichot, sur la commune de Chenôves, située en Saône-et-Loire. Dans des niveaux d'occupation d'époque gauloise, les restes osseux d'une dizaine d'individus (une ou deux familles), pour la plupart des enfants, ont été dégagés. D'autres objets ont été découverts dans l'unité stratigraphique : des tessons de pots, écuelles et autres récipients datés de la fin du second Age du Fer, durant la Tène III (période gauloise pré-romaine, fin 2e siècle-début 1er siècle av JC), et quelques petits objets : anneaux métalliques, fibule en fer, perles. Un pillage avait manifestement eu lieu au cours de l'occupation. Les corps ont été laissés sur place sans avoir été inhumés, ce qui laisse à penser à une mort violente.
Dans un couloir qui a échappé au pillage, un trésor de quarante à cinquante monnaies gauloises a été mis au jour. Le musée de Mâcon conserve 42 monnaies issues de ce trésor : 39 provenant de l'abbé Guillard en 1965 et 3 du propriétaire du terrain en 1990. D'après la datation des monnaies et des poteries, le trésor a été enterré au 1er siècle av JC.
Les monnaies qui le composent sont des statères en or de bas titre ou en électrum datés aussi de la Tène III, émis par les Eduens, important peuple Celte installé au centre-est de la Gaule (Allier, Côte d'Or, Nièvre et Saône-et-Loire), dont les capitales furent Bibracte puis Autun - Augustodunum.
Les images figurées sur les pièces sont des réinterprétations des statères de Philippe II de Macédoine, monnaies avec lesquelles certains mercenaires celtes étaient payés durant de grands conflits antiques. Mais l'imagerie des statères de Philippe II a été récupérée et réadaptée aux critères culturels des Celtes.
Les droits de toutes ces monnaies figurent une effigie de profil très simplifiée, avec un fleuron devant la bouche et une coiffure aux mèches en forme de S.
Les revers ont pour base la représentation systématique d'un cheval stylisé avec des variantes : conducteur à forme humaine ou d'oiseau, présence d'un char ou non, et divers symboles de l'art celte, souvent entre les jambes du cheval : une roue, un triskèle, ou une lyre.
La découverte de ce site a révélé un drame chez les Eduens, ainsi qu'un trésor qui a permis de définir un nouveau type iconographique de numismatique : le type de Chenôves.
Le trésor de Curtil-sous-Burnand, 3e siècle
Au 3e siècle, la Gaule romaine connaît une période de grande instabilité qui amène les notables à enfouir des économies monétaires. Ces trésors sont parfois découverts comme celui de Curtil-sous-Burnand.
Crédits : ce contenu était originellement publié sur le site Joconde. Il a été constitué en 2018 par Héloïse Schomas (Musées de Mâcon) et Jeannette Ivain du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine.
Découvrir le trésor de Curtil-sous-Burnand sur Joconde
Le trésor monétaire de Curtil-sous-Burnand, en Saône-et-Loire, dans la région de Bourgogne-Franche-Comté, a été découvert en 1979-1980, lors de travaux de terrassement de la ligne TGV Paris-Lyon. Il est acquis par la ville de Mâcon en 1980 grâce à une subvention municipale exceptionnelle et à la générosité de la SNCF.
Le trésor se compose de 84 antoniniens, pièces de monnaies romaines en bon état, allant du règne de l'empereur Romain Gordien III de 238 à 244, à celui de Gallien de 238 à 258. Il s'agit de monnaies d'une valeur assez importante à l'époque, d'abord réalisées en argent puis en billon (alliage d'argent et de cuivre). On dénombre pas moins de 18 portraits d'empereurs et d'impératrices pour l'ensemble du trésor lequel présente les caractéristiques du trésor de thésaurisation, sorte d'économies.
Pendant le règne de Gordien et jusqu'à la fin du 3e siècle, le titre (proportion de métal précieux) de l'antoninien baisse. Selon la loi de Thomas Gresham (1519-1579, commerçant et financier anglais), la création et la mise en circulation d'une monnaie de qualité inférieure provoque la thésaurisation et la refonte de la monnaie qui circulait antérieurement (pour conserver plus de métal précieux). Ceci explique l'augmentation du nombre de trésors pour cette période de l'Antiquité tardive, comme le Trésor de Mâcon découvert en 1764.
Le trésor aurait été enfoui au plus tard en 259, les monnaies de Gallien fournissant un terminus ante quem (une date butoir). Les raisons de l'enfouissement sont certainement liées à l'insécurité et aux incursions barbares au milieu du 3e siècle, mentionnées par les Panégyriques latins (collection de onze discours d'apparat adressés à l'Empereur par des orateurs gaulois entre 289 et 389), peut-être des Alamans (confédération de tribus germaniques principalement suèves). Postume (général gaulois qui se fit proclamer empereur en Gaule de 260 à 269), attaque notamment plusieurs bandes qui descendent la vallée du Rhône et fait élever des remparts le long des frontières de l'Empire (257-260).
Le trésor, dit de Curtil-sous-Burnand, est exposé au musée des Ursulines de Mâcon, de même que son homologue de Chenôves pour les monnaies gauloises. Les monnaies sont des témoignages historiques précieux, et d'autres musées conservent aussi des collections de numismatique de la même époque : musée des Antiquités Gallo-Romaines d'Aoste, musée archéologique à Dijon, musée muséum départemental des Hautes-Alpes à Gap, musée départemental Dobrée à Nantes, musée Alfred Danicourt à Péronne, musée de Soissons, musée Saint-Raymond à Toulouse.
Hippolyte Petitjean (1854-1929)
Peintre indépendant, anarchiste, influencé par Puvis de Chavannes, puis par Seurat, il participe au cercle des néo-impressionnistes dès 1886.
Crédits : ce contenu était originellement publié sur le site Joconde. Il a été constitué en 2016 par Marie Lapalus (Musées de Mâcon) et Jeannette Ivain du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine.
Découvrir l'oeuvre d'Hippolyte Petitjean sur Joconde
Né à Mâcon en 1854, Hippolyte Petitjean est autorisé par son père à suivre des cours à l’Ecole de Dessin de la ville tout en poursuivant un apprentissage chez un peintre-décorateur. Son talent précoce lui permet d’obtenir une bourse du département de Saône-et-Loire pour étudier, en 1872, à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris où il entre dans l’atelier Cabanel, tout en admirant le travail de Puvis de Chavannes.
Indépendant, Petitjean l’est dans son comportement : anarchiste, anticlérical, engagé dans la défense du capitaine Dreyfus, bohême, mais fidèle à la jeune fille qu’il a rencontrée en 1879, Louise Claire Chardon - dont il aura une fille en 1895, Marcelle –, comme à ses amis Seurat, Luce et à la famille Pissarro. Sa participation (sous le pseudonyme de Jehannet) aux brochures et aux affiches anarchistes de la revue des Temps nouveaux de Jean Grave montre son indéfectible engagement pour les causes qui paraissent justes à toute une génération. L’engagement libertaire se confond avec la pratique du néo-impressionnisme : la plupart des participants ont œuvré pour la cause anarchiste. Ce cercle d’artistes et de personnalités au sein duquel évolue Petitjean sert aussi sa carrière au niveau national et international, rendant possible l’exportation de son œuvre en Belgique et en Allemagne.
Participant au Salon des Indépendants à partir de 1891, Petitjean est un artiste reconnu dans le milieu du premier cercle des néo-impressionnistes.
Paysagiste de la proximité, il prend le temps de noter sur ses croquis, dans sa correspondance ou dans son Journal des voyages (1891), des informations climatiques et botaniques. Il porte aussi une attention à l’architecture vernaculaire, dans des collines du mâconnais où il revient l’été et dans ses découvertes des paysages de l’Ile-de-France. Quelques voyages le conduisent en 1900 dans « le Midi », à Banyuls chez Maillol ou en Hollande en 1913.
La construction de sa maison en bordure du Parc Montsouris, en 1904, devient le cœur d’un dispositif où le travail en atelier alterne avec des excursions à pied ou à bicyclette. La diversité des techniques employées pour le paysage, comme pour les portraits, illustre également la grande liberté de son approche artistique. Hippolyte Petitjean a été essentiellement un artiste de l’intimité comme en témoignent de très nombreuses œuvres (fusains et sanguines).
La synthèse de ses centres d’intérêt le conduit vers une peinture élégiaque (influence virgilienne) tout à fait personnelle. Il aborde également la mythologie dans des Bacchanales qui le conduiront jusqu’à La Danse du printemps, première étape à partir de 1905 d’une série sur les saisons. Puis, dans un corpus restreint, il allonge les arabesques de ses baigneuses pointillistes auxquelles il se consacre jusqu’à sa mort en 1929.
Johé Gormand (1905-1963), une poétique de l'art brut
En 2011-2012, la ville de Mâcon a présenté au musée des Ursulines une importante donation des œuvres et des écrits de Johé Gormand, peintre et sculptrice, que l'on peut rattacher à l'art brut.
Crédits : ce contenu était originellement publié sur le site Joconde. Il a été constitué en 2012 par Benoît Mahuet, sous la direction de Marie Lapalus (Musées de Mâcon) et Jeannette Ivain du Service des musées de France. Les notices du musée sont en ligne sur POP, plateforme ouverte du patrimoine.
Découvrir l'oeuvre de Johé Gormand sur Joconde
Une artiste singulière
Autour du sculpteur Maxime Descombin et de l'Ecole d'Art de Mâcon se développe, dans l'immédiat après-guerre, une intense activité artistique. Les artistes qui fréquentent Johé reconnaissent l'originalité de sa démarche, s'émeuvent de la spontanéité et de la profondeur de son travail. Le musée fera entrer ses créations dans les collections grâce à une importante donation faite en 1970 de ses œuvres et de ses écrits.
Native de Cortambert, près de Cluny, Johé Gormand vit quelque temps à Paris avant de retrouver sa terre natale en juin 1940. Elle s'exprime, dans un extrême dénuement, à travers des sculptures en fil de vigne et en ciment, des peintures réalisées sur drap, torchon ou toile de jute cousus entre eux et tendus sur des châssis sommairement bâtis, des dessins à l'encre de Chine ou à l'aquarelle.
Elle transcrit des visions étranges teintées d'un idéal à l'image de l'humanisme de saint François d'Assise ou de Don Quichotte. Sa cosmogonie engendre autant de Sancho Panza que de Mao, de Lénine ou de Prométhée.
Sans doute traumatisée par la guerre, elle s'attèle à la réalisation d'une importante série d'aquarelles consacrées aux danses populaires symbolisant une gigantesque Ronde de la Paix.
Son œuvre
Son expérience artistique commence à Paris et se termine à Toury, près de Cluny. A travers la représentation de l'espace public et de la danse folklorique, chaque œuvre est intimement liée à la représentation de la foule, au chant des peuples dont elle espère la fraternisation.
Johé Gormand a toujours été associée à l'art brut par les artistes, amateurs et critiques d'art, conservateurs, (Maxime Descombin, le docteur Joly, René Déroudille et Emile Magnien) qui l'ont fréquentée, suivie et reconnue dans la singularité de son expérience.
Son travail étrange, réalisé entre 1940 et 1963 dans un extrême dénuement, semble tout autant destiné à ce que s'accomplisse la «mission purificatrice» que son engagement éthique lui dictait, qu'à révérer une cosmogonie de personnalités politiques ou de divinités et à ériger danseuses, chevaliers errants, animaux ou fées en messagers porteurs de Paix.
L'Artiste en colère, «déchirée entre le politique et le divin », crée intentionnellement des œuvres primitivistes faites de matériaux récupérés ou fabriqués : assemblage de toiles découpées dans des draps ou dans les sacs de toile de jute, échantillons de papier peint pour la peinture, montage sommaire des châssis, fil de vigne, ciment et fossiles pour la sculpture, constituent ses moyens rudimentaires d'expression.
Johé Gormand entreprend en parallèle une œuvre littéraire aussi étrange que riche d'informations sur la quotidienneté de son existence. Constituée à la fois de carnets de jour et de carnets de nuit, elle décrit avec une grande précision l'espace, les activités de sa journée, ses rêves ou ses visions. Les récits obscurs de la nuit répondent aux écrits du jour ; les pensées et les conversations de la journée se transforment en murmures et en cris hallucinés qui surgissent dans l'ombre d'une pièce de la maison familiale.
Une œuvre singulière, troublante, d'une femme seule, à la recherche de la Paix et cachant une grande tristesse. Cette tristesse et ses illusions, peut-être faudrait-il les rechercher dans l'amour de jeunesse qu'un beau sculpteur roumain lui avait repris, en disparaissant après les années de guerre.
Johé Gormand, isolée, discrète, qui cache son travail à sa mère avec qui elle vit à Toury, s'est constituée une abondante documentation iconographique puisée dans des revues auxquelles elle est abonnée - La Chine Populaire, La Chine, Les Etudes soviétiques, Les lettres françaises, Horizons, La Culture et la Vie. - et dont la réception semble être un instant béni. C'est pour elle le moyen de rester «en communication» avec ses «Chers Amis» et de développer une certaine illusion du réel.
«Je sens vivre en moi un grand espoir. comme si j'attendais quelque chose d'heureux» confie-t-elle dans son «Journal de jour»
Sa biographie
14 février 1905, naissance de Marie-Joséphine Gormand (dite Johé). Ses parents, Joseph Gormand et Jeanne Renaud habitent une grande maison à Toury avec pavillon et jardin. Ce sont des agriculteurs-viticulteurs aisés, propriétaires de vignes et de terres. Sa mère tient également l'épicerie du village. Après 1945, le jardin et l'embellissement de celui-ci vont tenir une place importante dans la vie et la survie de Johé Gormand et de sa mère.
Vers 20 ans, Johé quitte le Clunisois pour suivre des cours au conservatoire d'art dramatique à Lyon.
En 1924, son père meurt au domicile familial. La famille, déjà éprouvée par la disparition du fils aîné, trouve alors sa subsistance compromise.
Johé Gormand part à Paris vers 1930 pour devenir comédienne. De cette période date sa rencontre avec Emmanuel Zalma, un artiste roumain qui l'initie à l'art et aux sciences occultes.
A la fin des années 30, elle semble profiter de l'émulation intellectuelle de Montparnasse et participe à l'ambiance festive. En témoignent de nombreux dessins réalisés à l'encre dont l'un est daté de 1939.
En juin 1940, le «couple» passe en zone libre et se réfugie en Saône-et-Loire, dans la maison de Johé où Zalma se cache.
Selon la mémoire familiale, jamais les artistes ne s'affichent ensemble jusqu'au départ de Zalma à l'issue de la guerre. Désormais seule, Johé Gormand vit avec sa mère dans la maison de Toury.
Johé débute un travail nouveau et singulier dont la matrice est constituée de ses rêves et de ses visions. La couleur y est plus expressive, plus spontanée, le signe plus direct tend vers un primitivisme rappelant les premières peintures de Gontcharova et Larionov, faites de formes aux teintes pures, cloisonnées par d'épais cernes noirs à la manière de vitraux, dont l'effet donne à son travail une charge surnaturelle.
Décembre 1950 : première «exposition» de ses œuvres lors d'une séance organisée à l'initiative des Amis de Cluny. Johé y explique son travail.
En janvier 1951 puis en juin 1952, des expositions sont organisées à la Galerie Grange à Lyon. René Deroudille, critique lyonnais, qui tient la chronique artistique dans le quotidien «Le tout Lyon», se montre attentif à son travail et à sa personnalité. De cette période date la série des danses folkloriques. Tour du monde des danses populaires qu'elle effectue, symbolisant la fraternité des peuples qu'elle voudrait voir s'unir par la main en une ronde gigantesque.
Vers 1954-1955, elle découvre l'Association des Amitiés Franco-chinoises lyonnaise. Johé est enfin en présence d'interlocuteurs qui semblent la comprendre et partager ses convictions. Mao devient pour elle la personnification de la promesse d'une ère nouvelle. Désormais, lorsqu'elle entend : Amérique, elle répond : Pékin.
Les premiers portraits des dirigeants communistes datent de cette époque : Mao en figure tutélaire, puis rapidement Lénine, Staline, Jaurès, Thorez, Zhou Enlaï. Dans une sorte de syncrétisme en cohérence avec son idéal communautaire, Johé embrasse pour son œuvre la diversité des spiritualités : bouddhisme et christianisme se confrontent à son idéal politique.
Johé Gormand s'attelle à une création peut-être encore plus troublante : des lettres adressées à son «Grand Père» ainsi qu'à ses «Chers Amis» chinois remplissent la fonction de Manifeste.
Puis, elle écrit sur des cahiers à spirales qu'elle différencie en «Carnet de nuit» et «Journal de jour». Les premiers, énigmatiques, sont la description des rêves ou visions de la nuit qui semblent être une lumière guidant sa création. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles elle laisse une place si large à l'évocation de Don Quichotte dans son œuvre. Les seconds, commencés méthodiquement le 29 juin 1958, font état quotidiennement de son travail artistique, et de ses réflexions en écho constant à la colère et à la tristesse qu'elle renferme. Ils sont également les témoins journaliers du monde extérieur.
Au même moment, Johé Gormand découvre la sculpture. La pauvreté dans laquelle elle vit avec sa mère à Toury explique sans doute cet intérêt tardif. Aussi Johé utilise-t-elle des moyens rudimentaires : fil de fer des vignes, récupéré ou donné par ses voisins, ciment prompt teinté en rose et qu'elle agglomère grossièrement sur l'ossature métallique.
On trouve également, à cette époque, de nombreux dessins et aquarelles représentant la foule dans les espaces publics parisiens. Retour aux sources et à ses premiers dessins. Ses contemporains rapportent qu'elle produisait de mémoire ce thème privilégié.
Dans les années 1958-1963, Johé entretient de nombreuses relations dans le village. Ainsi, les visites ne sont pas rares et son talent de peintre lui permet de donner quelques cours de dessin à des personnes du voisinage.
Parmi les œuvres inachevées retrouvées dans l'atelier en 1963, figure la représentation partielle d'Orphée. Autoportrait symbolique d'une artiste en souffrance.
Johé Gormand meurt le 24 janvier 1963 dans sa maison de Toury.
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