Avant de se lancer dans l'inventaire et le conditionnement d'un fonds, il est important d'en avoir pris la mesure et d'en avoir identifié la spécificité: les différents items, la logique de classement ou de numérotation. Il sera ensuite plus facile de programmer les différentes actions et surtout l'ordre dans lequel elles doivent être menées.

  1. Le classement d'origine correspond-il à une logique d'activité ?
    Le classement d'origine permet d'identifier les usages des différents phototypes: tirages contact, tirages de lecture, tirages de diffusion, tirage d'exposition. Dans le cas d'un fonds de photographe, il est normal de trouver différents tirages de la même image. La photographie est par essence un multiple qui permet d'obtenir des objets à la fois semblables (même image) mais offrant des matérialités différentes, en termes de formats, supports, cadrages, valeurs de gris. Il n'y a donc pas lieu de rassembler les différents tirages d'une même image: on risque de perdre des informations et chaque type de tirage appelle souvent un conditionnement différent.
  2. Les différents items sont-ils déjà pourvus d'une numérotation ?
    Il est utile de vérifier si les items ont déjà été numérotés, d'identifier la logique de numérotation, le lien déjà opéré entre les épreuves et les négatifs.
  3. Les négatifs sont-ils rangés avec les tirages contact ?
    Pour une bonne conservation, il convient de séparer les tirages des négatifs car les supports souples peuvent devenir des sources d’altération. Chaque négatif doit faire l’objet, dans la mesure du possible, d’un conditionnement individuel. Certains cas posent question quand, par exemple, le tirage est collé sur la pochette du négatif. On peut conserver les deux ensemble, reconditionner le négatif et conserver le contact sur sa pochette d’origine tant que l’état de cette dernière ne le met pas en danger ou reconditionner les deux. Si on rompt le lien physique, il faut veiller à garder un lien intellectuel entre les éléments.
  4. Le fonds comporte-t-il des négatifs souples en nitrate de cellulose ?
    Fabriqué de 1889 à 1950, le nitrate de cellulose (ou celluloïd) est la première matière plastique utilisée comme support cinématographique et photographique. Hautement inflammable, il est interdit en 1951 et remplacé par l’acétate de cellulose commercialisé depuis les années 1920. Les supports en nitrate de cellulose se dégradent à température ambiante et doivent faire l’objet d’un conditionnement à part. Certains films de plus de cent ans se sont bien conservés, d’autres, plus récents, sont devenus poisseux et libèrent des acides corrosifs. Même si cela n’est pas toujours facile, cette opération de tri est importante pour plusieurs raisons. Les nitrates peuvent entraîner la dégradation des autres supports situés à proximité. Ils sont aussi soumis à la législation applicable aux produits dangereux. Si la masse totale de nitrate de cellulose que vous conservez (tout fonds confondu) dépasse 50 kilogrammes, vous devez faire une déclaration à la préfecture (direction des politiques publiques, bureau des installations classées pour la protection de l’environnement). Rappelons que les photographies présentent moins de risque que les bobines de films cinématographiques, car le nitrate de cellulose est sous forme de masse moins compacte.
  5. Dans quel ordre mener les différentes tâches ?
    Avant de se lancer dans l’inventaire ou le classement d’un fonds, il convient d'identifier au préalable l'ensemble des tâches à réaliser pour les conduire dans le meilleur ordre et avec un maximum de sécurité(tri, classement, inventaire, dépoussiérage, marquage, conditionnement, numérisation, etc.)
    Un premier tri peut permettre de prendre connaissance des différents items et déterminer un plan de classement et d’inventaire. Le dépoussiérage, le marquage et le reconditionnement peuvent être réalisés de façon conjointe et entrepris à l’occasion d’une opération de numérisation. L’inventaire informatisé et l’indexation peuvent être menés de façon parallèle. Il n’est pas recommandé de numériser avant d’avoir inventorié. Il est plus facile de documenter un fonds déjà inventorié et conditionné.
  6. Comment marquer les photographies ?
    Les étiquettes autocollantes, les feutres, les encres, peuvent être des sources d'altérations chimiques par transfert ou diffusion. Les timbres secs peuvent se transformer en emporte-pièce et découper le papier ou casser la gélatine. Avant d'utiliser un crayon HB, un timbre sec ou une encre validée par la Bibliothèque nationale de France il convient de se demander préalablement si le marquage a une vocation antivol (marquage indélébile) ou une vocation d'identification (marquage réversible). Pour ne prendre aucun risque, on peut aussi envisager un marquage sur le conditionnement neuf.