Imaginaires archéologiques, sous la direction de Claudie Voisenat, Paris, éditions de la Maison des sciences de l'Homme, 2008, 274 pages.

Pourquoi cette passion, jamais démentie en France depuis deux siècles, du grand public pour l'archéologie ? Est-ce parce que l’irruption dans le présent des traces d’un passé soudain tangible paraît offrir la possibilité d’un rapport direct avec les hommes qui les ont laissées ? L’archéologie, discipline douée d’une indéniable puissance évocatrice, ouvre la porte à de multiples réactions individuelles, de l’émotion esthétique à la naissance d’une vocation, de la reconstruction de véritables récits historiques à la production d’une oeuvre littéraire ou plastique.

Les apparitions de l’art préhistorique, la sidération du jeune archéologue tombé amoureux de la jeune morte antique Gradiva, les controverses sur l’Atlantide, les quêtes folles des chercheurs de trésor, l’invention artistique de la civilisation pessinoise, l’amour exigeant des propriétaires de grottes ornées : les auteurs étudient ici dans le détail quelques-uns de ces imaginaires produits par l’expérience archéologique.

Ces contributions s’inscrivent dans une généalogie qui, depuis le recueil des légendes attachées aux mégalithes par le folklore préhistorique de la fin du XIXe siècle à la sociologie et à l’anthropologie des sciences aujourd’hui, interroge le rapport imaginaire, créatif et souvent passionnel que les hommes entretiennent avec leur passé enfoui.