Le Frac Nouvelle-Aquitaine Méca rouvre ses portes le 23 juin avec l'exposition collective Narcisse ou la floraison des mondes, manifestation des regards d'artistes contemporains sur la fleur, élément considéré a priori comme un sujet ornemental. A travers de nouvelles interprétations et autres investissements concernant cet élément végétal, l'exposition rassemble une centaine d'oeuvres de toutes disciplines des arts visuels.

L'exposition Narcisse ou la floraison des mondes interroge de nombreux thèmes  : la hiérarchie des genres artistiques, la fabrique industrielle du vivant, la morphogénèse, le mouvement écoféministe, la pensée sauvage... Les artistes multiplient les points de frottements avec cet élément végétal encore pour beaucoup inconnu, car seulement un cinquième des fleurs ont fait l'objet de recherches. Narcisse n'est plus dès lors le héros mythique qui domine et consume la terre, mais la métaphore de l'humain en pleine métamorphose, souhaitant changer pour survivre. Une fleur embrassant les contraires. Le narcisse est la fleur métaphore du printemps qui s'ouvre à la floraison des mondes.

Pierre et Gilles, Le désespéré, 2013, photographie peinte, 100cm de diamètre, collection privée de Bernard Magrez © photo Pierre et Gilles

La fleur constitue donc une entité ambiguë, entre force et fragilité, intimité et société. Elle constitue le sexe ambivalent de la plante, enjeu de prédation, par nature politique. L'exposition, très prolifique, se décline en une série de 12 chapitres, avec une progression dans le récit menant des conditions de la fleur pour exister jusqu'à son avenir (parmi et avec nous) en passant par ses différents états de métamorphoses. 

Sophie Grandval, Pensées et Chardons, © Sophie Grandval, huile sur toile, courtesy de la Bernard Chauchet Gallery

L’exposition, dans sa globalité, offre à l’entité de la fleur une nouvelle visibilité, quand on se penche sur la hiérarchie des sujets de l’histoire de l’art. Si elle est omniprésente dans l’art contemporain, les siècles passés depuis la Renaissance ne l’ont associée qu’au motif et à la nature morte, au bas de l’échelle des sujets picturaux. Il faut attendre le XXe siècle avec le mouvement écoféministe, Arts and Craft et l’Arte povera, pour développer un regain d’intérêt envers la fleur. Sixtine Dubly en fournit des pistes : « Que ce soit Wolfgang Laib, qui expose le pollen qu’il ramasse dans la forêt ou Thu Van Thran, qui dénonce le colonialisme et l’emploi de pesticies au Vietnam. Ces œuvres matérialisent un changement de paradigme initié au XIXe siècle. Elles traduisent une fleur plus nourricière et guérisseuse que séductrice et artificielle, plus matricielle. » Et actuellement, seulement un cinquième des plantes a été scientifiquement étudié.

Suzanne Lafont, Science, fiction, 2019, double diaporama synchronisé (digital Full HD), dimensions variables, © Suzanne Lafont

Commissaires de l'exposition  : Sixtine Dubly et Claire Jacquet

Exposition du 23 juin au 22 août 2020. Frac Nouvelle-Aquitaine Méca, Méca 5, Parvis Corto Maltese - 33 800 Bordeaux. Tél.  : 05 56 24 71 36. Ouverture du mardi au samedi de 13h à 18h30. Le 1er dimanche du mois de 13h à 18h30,  le 3ème jeudi de chaque mois jusqu’à 21h. Fermé les jours fériés