60 edificios o conjuntos notables son objeto de fichas sintéticas que combinan texto e ilustraciones. Se presentan también 16 expedientes que proponen un análisis profundo de 16 edificios o conjuntos notables seleccionados de la lista general y visibles a partir de las fichas resumidas y documentadas por un simple enlace.
6.Carros - Ville nouvelle de Carros-le-Neuf
références documentaires : Pré-inventaire des Trente Glorieuses - Alpes-Maritimes, 2005-2008
dénomination : Urbanisme et aménagement du territoire
rédacteurs : Jean-Lucien Bonillo, Raffaella Telese - Laboratoire INAMA / ENSA Marseille
auteurs, dates : Henri Béri, architecte en chef, avec Gérald Hanning et Charles Delfante, architectes urbanistes, Allard, G. Dikansky, Leyrit, Palmero, architectes collaborateurs, H. Toscan architecte d'opération, 1965 ; 1970-1975
protection, label : édifice non protégé
Historique :
En 1962, sous l'impulsion de la Chambre Economique de la Côte d'Azur et la pression des industriels Niçois, le préfet des Alpes-Maritimes et les services de l'Etat mènent des études de localisation dans la Vallée du Var d'une nouvelle zone industrielle qui désengorgerait les structures du littoral. Le préfet, M. Pierre Jean Moatti, choisit en décembre 1962 le site de Carros pour l'accueil de cette industrialisation dite non-polluante. Ce sont les prémisses de la réalisation sur la rive droite du Var d'une zone industrielle d'échelle départementale dont la première pierre sera posée en 1968.
Cette mutation économique entraîne sur Carros le projet d'un imposant parc de logements. Prévoyant une rapide augmentation de la population de la commune, sans doute attirée par les nouvelles opportunités de travail, le Conseil Général adopte fin 1963 un projet de "ville nouvelle" (au sens commun et non pas juridique du mot) pour 10 000 habitants. Trois architectes de renom sont choisis pour dessiner la nouvelle Carros et démarrent leurs études du site en 1965.
A cette époque, le travail d'urbaniste de Charles Delfante est déjà reconnu au niveau international et de nombreux plans d'urbanisme auxquels il a participé ont été primés (prix d'urbanisme pour la ville de Bagnols-sur-Céze, avec Georges Candilis, en 1959 ; pour Firminy-vert, avec André Sive et Marcel Roux, en 1961). Henri Béri et Gérald Hanning avaient travaillé longuement à la reconstruction de la ville d'Alger au sein de "l'Agence du plan" dont Gérald Hanning sera le directeur pendant cinq ans (en 1962 il mettra au point une méthode d'analyse du territoire basée sur la trame foncière, un outil d'interprétation et de composition du paysage urbain et rural qui sera par la suite développé en métropole au sein de l'IAURP et adopté par de nombreux urbanistes). Parallèlement au plan de Carros, ils collaborent aussi à la construction de la station intégrée Isola 2000.
Après la cession gratuite des terrains par la municipalité de Carros (Pierre Jaboulet, maire) la concession de l'opération d'aménagement est accordée à l'Office Départemental HLM de Nice en juillet 1968. Le chantier de construction, démarré en 1970, est abandonné par les entreprises intervenantes en 1973. Les difficultés financières de l'Office HLM de Nice et le retard dans les livraisons de logements consécutifs à la construction de la station de ski Isola 2000 engendrent la suspension de la concession et l'arrêt des travaux en 1973. A cette époque seule la zone A est partiellement achevée.
Le projet de ZAC pour la zone B (300 logements) est lancé fin 1975 avec la nouvelle collaboration de l'architecte Ricardo Bofill.
Description :
L'expérience professionnelle et les grandes capacités d'analyse et de planification d'Henri Béri, Gérald Hanning et Charles Delfante sont à la base d'un plan moderne et innovant. Les nombreuses similitudes qui le relient aux "villes nouvelles" réalisées quelques années plus tard, font du plan de Carros le Neuf un cas d'étude de grand intérêt dont les qualités vont bien au delà des disfonctionnements et des malfaçons de la phase de construction.
Le plan du nouveau Carros est issu d'une phase d'analyse du territoire très minutieuse qui permettra aux architectes d'élaborer une proposition apte à conjuguer les impératifs du programme à l'orographie du site et aux attentes de la municipalité. L'étude préalable fait ressortir des axes majeurs qui vont marquer la composition d'ensemble : le lit du Var, le pont de la Manda, la ligne de crête, les courbes de niveaux... Selon la méthode de composition urbaine conçue par Gérald Hanning pour la reconstruction d'Alger (la trame d'Alger) et testée pour la première fois dans le quartier des Annassers en 1951, une rigoureuse trame orthogonale est tracée comme support du plan. Une première grille est définie par les axes perpendiculaires et parallèles au pont de la Manda et une deuxième par leurs diagonales. Cette trame oblique est l'élément qui rapproche l'expérience de Carros de celle des Annassers : là comme dans les Alpes-Maritimes, les immeubles sont disposés parallèlement les uns aux autres en suivant des axes obliques sur les crêtes tandis que les maisons individuelles suivent les pentes.
Cette trame permet de bien situer les immeubles sur les courbes de niveau et entraîne des jeux d'orientation grâce aux angles possibles de 45°, 90°, 135°.
Sur cette base géométrique calée sur les caractéristiques du site, sont délimitées deux zones d'habitation. La zone A, dans la partie haute de la ville, comporte exclusivement des logements HLM avec des commerces en pied d'immeuble.
Cette partie est la seule réalisée selon les données du projet d'Henri Béri, Gérald Hanning et Charles Delfante. La zone B, dans la partie basse du terrain, est occupée par des logements privés collectifs ou individuels, réalisés pendant la deuxième tranche de construction basée sur un nouveau plan d'ensemble conçue par Ricardo Bofill. Entre les deux zones résidentielles, un centre-ville, qui rassemble la Mairie, quelques bureaux publics, des commerces et des équipements culturels, fait la liaison (un bureau de poste, un poste de police municipale, des équipements scolaires et sportifs, une "maison pour tous", un centre commercial en plein air, un centre culturel, une piscine...et une église un peu à l'écart).
S'agissant de la zone A, la plus conforme à l'esprit original du projet, quelques éléments de choix peuvent être précisés. Une seule cellule de base a été utilisée pour l'ensemble des 10 000 logements conçus. Cependant trois variantes d'assemblage de cette cellule unique ont permis d'obtenir une grande diversité des façades et des volumes qui se concrétise essentiellement en trois types de bâtiments : les bandes, avec deux logements par palier et escalier intérieur; les chaînettes, avec escaliers extérieurs qui desservent un seul logement par étage et permettent de maîtriser les différences de niveau du terrain avec des deminiveaux ; les tourettes, avec trois logements par étage et escalier central. Suivant le type de logement, une trame ou deux peut éventuellement être ajoutée à la cellule de base pour augmenter la surface habitable. Les éléments de construction sont préfabriqués et modulaires.
Les façades, quel que soit le nombre d'étages (de 3 à 6), sont caractérisées par trois registres et comportent au rez-de-chaussée des arcades homogènes, consacrées aux commerces. Au-dessous des toitures rouges qui marquent le couronnement, la partie des étages courants de logements est diversifiée par la composition de trois types d'ouvertures obtenues à partir d'un élément modulaire de base. Cette composition des façades, qui revisite sous une forme moderne l'architecture du village perché, et aussi le nombre réduit des étages, sont des choix imposés par la municipalité, soucieuse de ne pas dénaturer le site par une architecture trop hétérogène avec celle du vieux village de Carros.
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