Suite à un diagnostic prescrit en 2015 par le Service régional de l’archéologie de la Drac Occitanie, sur une parcelle d'environ 800 m² située dans la ville basse d’Auch, une fouille préventive, réalisée par une équipe de l’Inrap, a mis au jour les vestiges d’une vaste demeure aristocratique antique.

Au cours du Bas-Empire de luxueuses résidences, agrémentées de thermes et de sols en mosaïque, apparaissent dans l’antique cité d’Elimberris (Auch, Gers). C’est l’une d’entre d’elles qui vient d’être découverte lors de la fouille préventive, débuté fin avril, sous la direction de Pascal Lotti de l’Inrap et le contrôle scientifique et technique du Service régional de l’archéologie.

Domus et mosaïques

Dès le premier jour de décapage, des mosaïques, non détectées lors du diagnostic, ont été découvertes dans plusieurs pièces de la domus à seulement 50 cm de profondeur.

Les vestiges actuellement mis au jour s’inscrivent dans un corps de bâtiment, long de 28 m et large de 10 m. Au moins trois pièces chauffées par le sol (hypocaustes rayonnants) sont agrémentées de mosaïques polychromes différentes. Deux d’entre elles présentent des motifs géométriques, composés d’octogones et de carrés pour l’une, de "cocardes" pour l’autre. Plus vaste, la troisième est un tapis de figures géométriques et florales complexes. Sont aussi présentes des mosaïques murales, attestées par des tesselles de pâte de verre noir bleuté, vert ou rouge, dont les fragments ont été retrouvés dans les gravats antiques scellant les sols.

Ces mosaïques se rattachent sans ambiguïté à un "style aquitain" qui se développe, durant la fin de l’Antiquité, dans le sud-ouest de la Gaule. Bien connus dans certaines grandes villae rurales, ces pavements sont plus rares en milieu urbain, toutefois, Bordeaux (33), Éauze (32) et désormais Auch (32) en ont livrés.

Au cours de son histoire, la domus a connu deux profondes restructurations architecturales. Ainsi, une des mosaïques tardives en recouvre une autre appartenant à un état antérieur de la demeure.

La fin du IVe et le début du Ve siècle signent l’abandon de la demeure aristocratique. Elle est alors l’objet d’une campagne de récupération systématique de matériaux : les murs sont épierrés, les dallages de marbre arrachés, les carreaux de chauffage prélevés, amputant ainsi une partie des mosaïques.

Découverte exceptionnelle

Au vu de l’intérêt scientifique et patrimonial de premier plan de cette découverte, la Commission territoriale de la recherche archéologique Sud-Ouest a statué, le 16 mai dernier, sur le caractère de découverte exceptionnelle de ces mosaïques, décision permettant la mise en place de moyens renforcés. L'opération sera donc prolongée et devrait s'achever fin septembre 2017.

Dépose des mosaïques

Les mosaïques seront entoilées, puis déposées en juillet/août, c'est-à-dire prélevées afin d’être restaurées. Ainsi pérennisées elles pourront être présentées au public. Un rapport sera réalisé par les archéologues, les résultats les plus marquants publiés et un projet collectif de recherche autour d’Auch pourrait naître.

Coût de l’opération

Le coût de cette opération est en totalité pris en charge par le Fonds national pour l’archéologie préventive (FNAP).