Dans le cadre de la Saison 'Street Art 2016 - Bordeaux Métropole", le projet urbain de l'artiste plasticienne Delphine Delas, associé au quartier Belcier (actuellement en totale transformation) a été l'un des 4 retenus, après appel à projets.
Le quartier Belcier partage, avec l'écrivaine Marguerite Duras (décédée il y a tout juste 20 ans), un rapport spécifique à l'histoire coloniale de l'Indochine. C'est ce fil conducteur qui a inspiré l'artiste...

"Rue de Saïgon, rue du Son Tay, rue Bac Ninh dans le quartier Belcier, derrière la gare Saint-Jean, à Bordeaux...
Tout est parti de là : d'une promenade, où j'étais venue en « flâneuse » (au sens employé au 19e siècle pour désigner le poète ou l'intellectuel qui, en déambulant, observe les comportements des individus, et devient une figure essentielle d'une mise en scène de l’espace urbain).

Issu d'une flânerie donc, mon projet s'est trouvé enrichi par l'envie de tendre des fils vers d'autres chemins : ceux de l'Indochine et de Marguerite Duras. Car la modernité dans l’œuvre de Duras n'est-elle pas de proposer un carrefour à plusieurs routes ?… Sa production littéraire, plurielle, complexe, étrange, sa « musica », n'est-elle pas, justement, associée à une écriture de « l'effacement », tendant à estomper le sens, plutôt qu’à le restituer ?.

Dans mon projet «Belcier, ce quartier-là», on se rapproche de cette idée. Celle de se perdre dans les rues, pour aller chercher une histoire qui va s'effacer avec le temps, avec la destruction sous-jacente de ces murs. On est dans la transformation imminente d'un espace urbain. Celle d'un quartier qui se déconstruit pour se reconstruire, ou inversement. Il n'y a, ainsi, plus d'ordre par où a réellement commencé l'histoire.

Mais il y a bien cette certitude que tout est parti de ces trois noms de rues et des châteaux d'eau de Belcier, de l'Indochine et de Duras.
Il a fallu alors créer des ponts entre eux. Il a fallu marier l'impossible. Il a fallu... Pourquoi cette urgence ? Parce que dans l'idée transversale de réunir des concepts, il y a ce que l'on veut raconter, l'importance de l'aventure, la richesse de la diversité, la complexité et, comme dans l'écriture de Duras, quelque chose d'obsédant et de polymorphe.
C'est ainsi que la « polymorphie » de mon projet a pris corps : collages ou peintures sur les murs de certaines rues (avec visages d'Indochinois, de Duras enfant, de sa famille, de ses paysages lointains), projection de mapping sur les 2 châteaux d'eau, lecture théâtrale de Duras, musique, vidéos, ou expositions de dessins...

Je crée tous ces supports pour questionner sans cesse les limites et les définitions des genres associés à ce projet. Se réinventer, réinventer l'espace urbain, vivre au rythme de ces changements, les souligner, les mémoriser, les archiver ou peut-être les oublier..
Mais toujours dans le but d'explorer les possibilités de création de l'art urbain, du Street art..."

Delphine Delas a bénéficié d'une subvention du Ministère de la Culture, en partenariat avec le Fonds d’aide à la création et le soutien de Bordeaux, Bordeaux Euratlantique, Bordeaux Métropole, La Mémoire de Bordeaux Métropole, Les Archives de Bordeaux Métropole, la SNCF et l’association Marguerite Duras.

La bibliothèque Flora Tristan, partenaire associé, présentera (à partir du 13 septembre) une exposition retraçant le processus de cette création, ainsi qu'une lecture théâtralisée le samedi 17 septembre à 17h, et une pièce de théâtre le samedi 1er octobre à 17h.

==> Voir ci-contre le déroulement des "5 actes" de ce projet original (reliant art urbain, histoire et littérature),... ainsi que la galerie d'images associée et quelques liens utiles.