"La foule, c'est l'ébauche à côté du décombre ; C'est le chiffre, ce grain de poussière du nombre ; C'est le vague profil des ombres dans la nuit ; O genre humain ! lumière et nuit ! chaos des âmes." Prologue "L’Année terrible", Victor Hugo

Le Musée des Avelines - Musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud présente "1870 - 1871, Saint-Cloud - L’année terrible", une exposition dédiée aux ravages de la guerre franco-prussienne sur la ville de Saint-Cloud pendant le siège de Paris. Et si chacun, évidemment, songe aussitôt au recueil poétique de Victor Hugo publié en 1872 - recueil dans lequel le génie de la littérature et de l’humanisme retrace à la fois la souffrance de cette guerre avec la Prusse et celle de cette guerre civile à Paris qui ensanglantèrent l’année 1870 - "Les gisants" d’Er­nest Pignon-Ernest sont là comme une résonance, une expression intemporelle, incessante et perpétuelle de cette souffrance humaine. Voilà pourquoi, en ouverture de l’exposition, le musée présente cette œuvre du peintre, où le corps sans vie d’un communard s’étale à l’infini sur les marches de la rotonde du musée. Du 31 janvier au 24 mars 2013.  

L’Année terrible se déploie sur deux espaces. La première salle est consacrée à l’évocation du château de Saint-Cloud. Les fastes du palais sous Napoléon III sont notamment illustrés par des vues stéréoscopiques tirées en grand format qui permettent aux visiteurs de s’imaginer à l’intérieur de la demeure. La seconde salle est consacrée à la ville de Saint-Cloud qui a par­ticulièrement souffert pendant le Siège de Paris. Gravures (dont un ensemble exceptionnel d’eaux-fortes de François Pierdon tiré du recueil Saint-Cloud brûlé, 1871), photographies, cartes pos­tales et documents d’archives restituent l’atmosphère effrayante de la ville en ruines, mais aussi sa reconstruction par ses habi­tants.

En ouverture de l’exposition, le musée présente "Les gisants" d’Er­nest Pignon-Ernest, corps sans vie d’un communard s’étalant à l’infini sur les marches de la rotonde du musée. Il s’agit de la reprise d’une photographie rare d’une œuvre de l’artiste. Il avait en 1971, en commémoration de la Semaine San­glante, collé cette sérigraphie de gisant dans de nombreux lieux marqués par cette épisode tragique de la Commune de 1871.

Les Gisants d’Ernest Pignon-Ernest.

Photographie 1971 © Ernest Pignon-Ernest

Toute l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest, grand artiste contem­porain (né en 1942 à Nice) et père fondateur du street art, aux images puissantes, poétiques et politiques, est de donner corps à "l’homme blessé" et à ses souffrances, le sacrifice de l’homme aidant l’homme à grandir. La sérigraphie du gisant est très importante dans l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest. Elle marque l’abandon par l’artiste de la technique du pochoir pour le collage de dessins originaux et de sérigra­phies dans la rue. Lorsque l’on a proposé à Ernest Pignon-Ernest de participer à une exposition sur la Semaine sanglante de la Commune de Paris de 1871, l’artiste s’est plongé dans une recherche documentaire et a choisi de reproduire la photographie d’un gisant communard qui ne ressemble à personne, ses vêtements étant de tout pays et de toute époque. L’artiste n’avait pas prévu d’ "immortaliser" par la photographie cette intervention appelée à disparaître et seule la présence par hasard d’un ami photographe a permis la prise de cet unique cliché au Sacré-cœur au petit matin lors de la dernière nuit avant que le travail ne soit interrompu par l’arrivée de la police. L’image du gisant d’Ernest Pignon-Ernest est devenue un emblème de la Commune et de manière plus géné­rale une image universelle de la lutte contre la répres­sion, elle témoigne de la continuité de l’acte de résis­tance de l’homme." Emmanuelle Le Bail, directrice du musée des Avelines 

L’Histoire

Saint-Cloud a été durant la guerre franco-prussienne le théâtre de sombres événements. C’est du Palais impérial de Saint-Cloud, ancienne demeure princière et royale, que Napoléon III part pour la bataille de Sedan le 28 juillet 1870. Sous l’impulsion de l’impé­ratrice Eugénie, de nombreuses richesses du château sont mises à l’abri. A la suite de la défaite de Sedan et de la chute de l’Empire, les Prussiens marchent sur Paris. Des défenses prussiennes s’installent dans le parc de Saint-Cloud. Des obus français tirés du Mont Valérien, voulant atteindre les batteries ennemies, touchent le palais qui s’embrase mettant fin à près de trois siècles d’Histoire de France. L’exposition "1870-1871, Saint-Cloud, l’année terrible" réalisée essentiellement à partir des collections du musée des Avelines, musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud, met ainsi en lumière un événement majeur de l’histoire locale qui a conduit à la destruc­tion successive du château et de la ville de Saint-Cloud. Recons­truite après la guerre, elle devient une agréable villégiature.

Autour de l’exposition. De nombreux rendez-vous sont programmés : visite guidée gratuite de l’exposition tous les dimanches à 15h30 mais aussi concerts et conférences. Des ateliers pour enfants sont également proposés tout au long de l’événement les mercredis, samedis, dimanches et pendant les vacances scolaires.

Informations pratiques

Musée des Avelines - Musée d’art et d’histoire de Saint-Cloud - 60, rue Gounod – 92210 Saint-Cloud. Tel : 01 46 02 67 18. Entrée libre, du mer. au sam. de 12h à 18h, le dimanche de 14h à 18h. Fermeture : les lundis et mardis