L'hôtel de ville de Charleville-Mézières, les peintures murales de l'auberge "A la couronne verte" à Barembach, la Villa Scheyder à Schiltigheim et la Maison dîmière à Magstatt-le-Haut rejoignent la liste des monuments protégés au titre des monuments historiques.


Sur proposition de la Commission régionale du patrimoine et de l'architecture du Grand Est (CRPA), quatre monuments du Grand Est ont été inscrits sur la liste des édifices protégés au titre des monuments historiques, par arrêté de la Préfète de région du 7 juillet 2022 :

L'hôtel de ville de Charleville-Mézières (Ardennes)

Inauguré en 1933, l'hôtel de ville de Charleville-Mézières mêle les styles gothique, Renaissance et Art déco. Cet édifice monumental se voulait "la vitrine" d'une ville qui a su sortir des gravats de la Première Guerre mondiale.

L'Auberge "A la Couronne verte" – peintures murales à Barembach (Bas-Rhin)

Ces peintures murales, conçues en 1899 pour la salle du café de l'Auberge "A la Couronne verte" à Barembach témoignent de la parfaite maîtrise du trompe-l'œil du peintre-décorateur Camille Braun. Elles révèlent également le climat politique de l'époque et l'attachement de l'artiste à la France.

La Villa Scheyder à Schiltigheim (Bas-Rhin)

Cette villa, de style régionaliste et pittoresque, qui porte le nom de son architecte et premier propriétaire, Franz Scheyder, est stylistiquement unique dans cette commune du Bas-Rhin, mais illustre parfaitement les "sensibilités des constructions de la petite bourgeoisie de Schiltigheim à la fin du XIXe siècle".

La Maison dîmière à Magstatt-le-Haut (Haut-Rhin)

Cette maison dîmière, datée de 1588, est l'une des plus anciennes maisons de la commune de Magstatt-le-Haut, dans le Haut-Rhin. Elle présente toutes les caractéristiques des vastes maisons du XVIe siècle.

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Auberge "A la Couronne verte" : détail du ciel et Hôtel de ville de Charleville-Mézières, vue de la charpente
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Villa Scheyder à Schiltigheim : vue de la façade sur rue et Maison dîmière de Magstatt-Le-Haut. Détail de la date portée sur le linteau de la porte d’entrée

Présentation détaillée des monuments

Charleville-Mézières (Ardennes)

Hôtel de ville

Date de construction : de janvier 1927 au 16 juillet 1933 (inauguration)
Date de l'inscription : 7 juillet 2022

Hôtel de ville de Charleville-Mézières, façade
Hôtel de ville de Charleville-Mézières, façade

Dans la nuit du 10 au 11 novembre 1918, juste avant la signature de l’Armistice, la ville de Mézières est fortement bombardée. La mairie, l’hôpital et une multitude d’habitations sont détruits, faisant apparaître une vaste clairière de ruines dans ce qu’il reste du centre-ville.

La municipalité choisit les architectes Eugène Chifflot et Robert Colle en 1924 pour dessiner et exécuter les plans de deux grands immeubles : le bâtiment dit communal et l’hôtel de ville.
Les deux architectes ne s’arrêtent pas à l’enveloppe architecturale de l’hôtel de ville, ils s’attardent aussi sur sa disposition intérieure et ses décorations.

Les travaux de gros-œuvres débutent en juillet 1928 et s’achèvent en 1930. Les enveloppes budgétaires dédiées aux dommages de guerre permettent de payer les coûts de construction.

La présence de personnalités politiques importantes durant la pose de la première pierre, le 9 octobre 1927, et durant l’inauguration le 16 juillet 1933, montre l’intérêt de cet édifice et son poids sur son territoire.
Cet hôtel de ville est la vitrine d’une ville qui a su sortir de ses gravats, un édifice monumental à la décoration presque présomptueuse.

Hôtel de ville de Charleville-Mézières, escalier d'honneur, repos vers 2e étage
Hôtel de ville de Charleville-Mézières, escalier d'honneur, repos vers 2e étage

 

Barembach (Bas-Rhin)

Auberge "A la Couronne verte" – peintures murales

Date de réalisation : 1899
Propriétaire : privé
Inscription au titre des monuments historiques des décors peints de la salle du café et des immeubles par nature et par destination, le 7 juillet 2022

En entrant dans la salle de l’auberge "A la Couronne verte", on est immédiatement séduit par l’atmosphère de café qui y règne. Une douce chaleur flotte dans l’air, que les boiseries et le mobilier viennent renforcer, tout comme les peintures murales, et notamment le plafond ouvert sur un ciel bleu d’été.
L’œuvre du peintre-décorateur Camille Braun (1878-1943) à Barembach pose autant de questions sur le petit patrimoine que sur l’histoire du café lui-même – près de cinq générations de cafetières d’une même famille s’y sont succédées ! – que sur l’histoire des conflits en Alsace.

Auberge "A la Couronne verte" : vue des peintures murales du mur est
Auberge "A la Couronne verte" : vue des peintures murales du mur est
Vue de l’auberge "A la Couronne verte", à Barembach
Vue de l’auberge "A la Couronne verte", à Barembach

Schiltigheim (Bas-Rhin)

Villa Scheyder

Architecte : Franz Scheyder (1876-1949)
Date de construction :  1906
Propriétaire : commune de Schiltigheim
Inscription en totalité au titre des monuments historiques le 7 juillet 2022

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Du nom de son constructeur et premier propriétaire, la Villa Scheyder est facilement repérable en raison de son style régionaliste pittoresque et aussi des crayons de couleurs gigantesques signalant l’entrée de l'école maternelle Jacques Prévert de Schiltigheim.

L’architecte Franz Scheyder ne l’habite que quelques années avant qu’elle ne devienne siège de la Raboterie strasbourgeoise, puis siège du Service des Eaux et de l’Assainissement (SDEA) du Bas-Rhin.

En 1980, la commune rachète la maison et y installe, dans l’annexe arrière, l’école maternelle.

En 2013, un projet d’extension de l’école est souhaité mais n’aboutit pas.

La Villa Scheyder est désormais protégée dans sa totalité.

Villa Scheyder à Schiltigheim : détail de la tête d’Alsacienne couronnant la baie sur rue
Villa Scheyder à Schiltigheim : détail de la tête d’Alsacienne couronnant la baie sur rue
Villa Scheyder à Schiltigheim : façade sud
Villa Scheyder à Schiltigheim : façade sud

Magstatt-le-Haut (Haut-Rhin)

Maison dîmière
Maison dîmière de Magstatt-Le-Haut : vue de la façade sud
Maison dîmière de Magstatt-Le-Haut : vue de la façade sud

Architecte : non connu
Date de construction :  1588 (date portée) 
Propriétaire : privé
Inscription au titre des monuments historiques le 7 juillet 2022 : la Maison dîmière en totalité et le four à pain

L’Empereur Charlemagne décrète la dîme obligatoire : en moyenne un dixième des récoltes ou de la production – dîme, du latin decima pars, soit dixième partie – devra être prélevé au profit de l’Eglise, pour une répartition au sein du clergé et des pauvres.

Les divers types de produits ainsi versés – animaux d’élevage, céréales, vin, etc. – mais aussi le prélèvement en espèces, définissent en conséquence des lieux de collecte spécifiques : des bâtisses de pierre, pour la bonne conservation de la collecte, et sécures aussi, pour l’impôt en espèces.

Leurs architectures sont souvent imposantes, de plan rectangulaire, avec des caves et des greniers vastes, à proximité de l’église.

En Alsace et dans l’ensemble de la Région Grand Est, il existe moins d’une dizaine de maisons (ou de granges) aux dîmes/ dîmières ou dîmeresses protégées au titre des monuments historiques.

Maison dîmière de Magstatt-Le-Haut : vue du four à pain
Maison dîmière de Magstatt-Le-Haut : vue du four à pain

La protection au titre des monuments historiques

La protection au titre des monuments historiques est un statut juridique qui permet de protéger un bien mobilier ou immobilier de la destruction ou de la dénaturation. Les notions de rareté, d’exemplarité et d’intégrité des biens sont prises en compte. Par cette protection, l’État en reconnait la valeur patrimoniale.

La Commission régionale du patrimoine et de l'architecture (CRPA) et la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA) formulent des avis sur les demandes de protection (respectivement inscription ou classement).  
La demande de protection peut émaner des services de l'État, du propriétaire ou de tout autre acteur y ayant intérêt.

Les immeubles ou parties d’immeubles, bâtis ou non bâtis(comme les jardins, grottes, parcs, vestiges archéologiques...) et les objets mobiliers (meubles par nature ou immeubles par destination, comme les orgues) sont susceptibles d'être protégés.

En savoir plus sur la protection
Consulter la liste des édifices protégés dans le Grand Est par département