En présence du Préfet du Haut-Rhin, Louis Laugier ; du Directeur du C2RMF, Jean-Michel Loyer-Hascoët et de la Directrice régionale des affaires culturelles du Grand Est, Christelle Creff, le musée Unterlinden a inauguré, le 1er juillet 2022, la fin de cinq années de restauration de ce joyau de l’art du Rhin Supérieur.

 

Pour mener à bien ce projet exceptionnel, défendu par la Directrice du musée Pantxika Béguérie de Paepe, une aide de l’État de 250 000€ a été octroyée sur les 720 000€ que compte l’opération (soit 35%), pour une œuvre qui appartient à l'État mais a été déposée à la Ville de Colmar aux lendemains de la Révolution.

Le mécénat d’entreprises et de particuliers a également été fortement mobilisé - cet engagement citoyen, particulièrement stimulé en France depuis la loi Aillagon de 2003 qui permet des déductions fiscales substantielles (60 % pour les entreprises, 66 % pour les particuliers), oblitérant ainsi les recettes de l’État au profit de projets culturels structurants.

Mathis Gothart Nithart, dit Grünewald, Retable d’Issenheim, vue d'ensemble
Mathis Gothart Nithart, dit Grünewald, Retable d’Issenheim, vue d'ensemble

Deux groupements de restaurateurs et de photographes mobilisés tout au long de la restauration

Deux groupements de restaurateurs et de photographes, ont mené avec dextérité les interventions sous la houlette d’Anthony Pontabry pour les panneaux peints, et sous la direction de Juliette Lévy pour les sculptures.
Cette opération extraordinaire a révélé des teintes chromatiques vives et extrêmement subtiles, qui peuvent décontenancer le regard habitué aux anciens vernis jaunissants. La cohérence visuelle a également été redonnée par les dégagements des repeints du XVIIIe siècle sur les sculptures et révèle un ensemble d’une immense qualité artistique.

Le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF)

Les équipes des départements de la recherche et de la restauration du C2RMF, Service à compétence nationale, ont fortement été mobilisées pour accueillir les œuvres, mener gratuitement les campagnes d’imagerie et de recherches scientifiques pointues nécessaires au diagnostic de ce bien, et ainsi orienter les comités et les restaurateurs dans leurs choix déontologiques et techniques.

Mathis Gothart Nithart, dit Grünewald, Retable d’Issenheim, sculptures avant et après restauration
Mathis Gothart Nithart, dit Grünewald, Retable d’Issenheim, sculptures avant et après restauration

Présentation du retable d’Issenheim

Cette œuvre, caractéristique de l’art du Rhin Supérieur, a été commandée pour la commanderie des Antonins d’Issenheim, célèbre pour guérir du feu de Saint-Antoine ou mal des ardents (ergotisme).

Les volets peints de ce polyptyque sont attribués à Mathis Gothard Nithard, plus connu sous le nom de Grünewald (1475-vers 1528) ; la partie sculptée serait quant à elle de Nicolas de Haguenau et son atelier. L’ensemble a été exécuté entre 1512 et 1516.

Destiné à orner le maître-autel de l’église, le retable se voit doté d’un programme iconographique qui illustre la vie de Jésus et celle de saint Antoine l'ermite (vers 251-356), patron de l'ordre hospitalier des Antonins.

Mathis Gothart Nithart, dit Grünewald, Retable d’Issenheim, crucifixion en cours de restauration
Mathis Gothart Nithart, dit Grünewald, Retable d’Issenheim, crucifixion en cours de restauration

Montant de l’opération

Maitrise d’ouvrage : Société Schongauer
Coût global de l’opération depuis 2015 comprenant l’étude préalable, la structure d’évacuation en cas de sinistre, la restauration : 1,4 M€ TTC
Coût de la restauration : 720 350€ TTC dont 250 000€ de subventions de la DRAC Grand Est
Mécénat : 1,1 M€ de mécénat, à 80 % par le mécénat d’entreprises et des donateurs particuliers et à 20 % par la Société Schongauer.

La réouverture des salles du cloître

Les salles dédiées à la création artistique de la fin du XIVe siècle et du début du XVe siècle seront également inaugurées le 1er juillet 2022. Elles témoignent des aspects de la production artistique de cette période, et de l’identification de personnalités comme des styles propres des centres de création tels que Strasbourg ou Colmar.