Steven Hearn en association avec Olivier Saby remet le 25 juin à Aurélie Filippetti à la Gaité Lyrique à Paris un Rapport sur le développement de l’entrepreneuriat culturel en France. L'objectif ? : « Permettre le développement de ces entreprises qui accompagnent et facilitent la création, rendent possible sa diffusion, en imaginent la transformation ». Principaux extraits d'un entretien avec Steven Hearn, le fondateur de l’agence Troisième Pôle, président de Scintillo (Source : Irma)

« Culture et entreprise »

« Même si les choses évoluent pour les acteurs publics et privés, il n’est pas toujours naturel de rapprocher culture et économie. Mais si l’on sort de la vision classique, on se rend compte que les entreprises dans le secteur culturel ont toujours existé, qu’il en existe toujours et qu’il s’en crée chaque année. Prenons par exemple les labels de musique, les tourneurs, les galeristes, les salles de spectacles, certaines compagnies. Culture et entreprise ne sont donc pas antinomiques et ne l’ont jamais été. L’idée de ce rapport n’est pas de privatiser la culture, ni de transformer tout le monde en entrepreneur et d’en finir avec le soutien public à la création ou au patrimoine. Il s’agit de mieux prendre en compte ces entreprises, pour leur permettre de se développer. »

« Investissements et épargne»

« Il n’est donc pas aisé de trouver en France des investisseurs privés, d’où la proposition de créer un outil piloté par la banque publique d’investissement (BPI). Il existe aussi potentiellement une autre source de financement : l’épargne des particuliers qui pourrait être orientée vers les entreprises du secteur culturel. La culture bénéficie d’une aura particulière, dont elle pourrait bénéficier dans ce cadre. Et cela pourrait aussi avoir un effet rebond sur les banques, pour les décider à financer les entreprises culturelles. »

Pour la première fois en France, l’entreprise du secteur culturel doit être reconnue comme un acteur économique à part entière, qui galvanise notamment la création artistique, l’innovation, l’emploi et l’attractivité du territoire

« Organisations et structures»

« Les spécificités des entreprises culturelles doivent être affirmées, revendiquées et défendues. C’est pour cela que nous proposons la création d’une représentation des entrepreneurs culturels. S’organiser, se structurer, c’est aussi formaliser une force de négociation, une capacité de lobbying, pour se faire reconnaître comme des agents économiques à part entière. Et au-delà d’une représentation, il faut également créer des dispositifs structurants, ou accompagner et renforcer ceux qui existent. »

« Clusters  et travail collaboratif»

« Les clusters (pôles de compétitivité et grappes d'entreprises) sont des outils tout à fait adaptés. Sur les territoires, ils produisent cette dynamique d’association entre acteurs et pouvoirs publics, de mélange d’innovation et de culture, dans une logique de financements croisés. L’échelle régionale pourrait être le bon niveau de réflexion pour la création de clusters. Les régions ont la compétence économique et culturelle, et nous sommes dans un double mouvement de décentralisation au niveau national, et de régionalisation au niveau européen. L’idée serait aussi de pouvoir associer directement les Drac sur ces projets, pour les ouvrir à l’entrepreneuriat. Les lieux de création et les entreprises doivent hybrider leurs approches. »

« Ressources et communication »

« Le rapport suggère la création d’un site Internet ressource sur l’entrepreneuriat culturel. Là aussi, il faut s’appuyer sur l’existant. Le travail mené par le collectif Merci (réseau d’opérateurs culturels mettant en œuvre des dispositifs d'accompagnement à l'entrepreneuriat culturel sur tout le territoire national français) est une bonne base. Sur la question du rapprochement entre culture et innovation, dans une perspective entrepreneuriale, l’événement Silicon Valois qui s'est déroulé au ministère de la Culture et de la Communication le mois dernier a été un premier temps fort de communication. »

Retrouvez l'intégralité de l'entretien sur le site de l'Irma (Centre d'information et de ressources sur les musiques actuelles)