En novembre 2013, Aurélie Filippetti a confié à Anne Brucy une mission de réflexion sur l’avenir de l'offre régionale et locale de France 3. Ancienne directrice de France Bleu et de France 3 Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Anne Brucy a remis son rapport le 1er juillet. Selon elle, « loin d’être un « problème » pour France Télévisions, le réseau régional de France 3 est l’atout majeur du service public, pour faire face aux enjeux du secteur audiovisuel ».
« L’avenir de France 3 sera régional ou ne sera pas »
A partir d’une étude des attentes et des besoins des téléspectateurs en matière de télévision régionale et locale, et d’une analyse de la situation actuelle de France 3, Anne Brucy est arrivée à une conviction : « L’avenir de France 3 sera régional ou ne sera pas ». « Notre étude le démontre sans ambiguïté, poursuit-elle : France 3 est aux yeux des Français une chaîne régionale et nationale. Cette double identité fonde sa légitimité et constitue, sans aucun doute, le marqueur de service public le plus fort des offres de France Télévisions ». Pourtant, face aux difficultés rencontrées (« audiences décevantes, coûts trop importants, organisation inadaptée ») et à défaut d'une « stratégie claire et partagée par l’État et France Télévisions », l'entreprise risque une « remise en cause de sa pérennité ».
« Aux yeux des Français, France 3 est à la fois une chaîne régionale et nationale. Cette double identité constitue, sans aucun doute, le marqueur de service public le plus fort des offres de France Télévisions »
Plusieurs scénarios
L'ancienne directrice de France Bleu et de France 3 Nord-Pas-de-Calais-Picardie préconise donc plusieurs scénarios de réformes pour « refonder » France 3 :
- « La chaîne régionale doit s’emparer de l’univers numérique pour s'adresser à tous les publics et en particulier aux plus jeunes ; gagner en réactivité au plus près de l’événement régional et donner la pleine mesure de toutes les richesses des territoires, au travers d’une offre élargie d’information et de services de proximité » ;
- « Le réseau devra également repenser ses implantations et ses zones de diffusion, pour accompagner la nouvelle carte des territoires et adapter son offre à leur grande diversité. Cela suppose de revenir sur la division éditoriale artificielle en quatre pôles. Il pourra, dans les territoires pertinents, initier des expériences d’offres de complément, diffusées sur des canaux dédiés » ;
- « Une telle réforme appelle une mobilisation générale des équipes régionales, qui doivent faire évoluer leurs pratiques pour moderniser leur action ; mais aussi de France Télévisions dans son ensemble, qui doit considérer France 3 comme une chaîne unique, dont les offres nationale et régionale doivent être harmonisées » ;
- « Cette réforme appelle enfin des choix clairs de la part de l’État et de la direction de l’entreprise, qui doivent définir les conditions d’un succès durable d’une refondation de l’offre de proximité de France Télévisions ».
Renforcer le caractère régional de France 3
En avril dernier, Anne Brucy confiait au Courrier du Parlement qu’elle avait mené sa réflexion sans « aucun a priori, si ce n’est renforcer le caractère régional de France 3 ». Il s’est agi de « dessiner un projet éditorial à partir des attentes des publics et des missions de service public. D’où des études d’audience puis un appel d’offres pour des études qualitatives, dont les nouveaux usages numériques »
Par ailleurs, « les contenus et les missions d’un service public de télévisions de proximité », a souligné Anne Brucy, ont été au cœur de son travail : « Ce corpus doit déterminer l’offre éditoriale, l’organisation qui en découle et les implantations régionales et locales de France 3. Il est aussi important de réfléchir aux zones de couverture et à la proportion de l’offre régionale dans les programmes de France 3 ».