Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication, a inauguré jeudi 18 février le nouveau cycle d’expositions du Palais de Tokyo. Le centre d’art contemporain parisien poursuit son exploration de la création d’aujourd’hui.
Le creuset de la création
Au Palais de Tokyo, l’aventure est (toujours) au bout du couloir. Son nouveau cycle d’expositions, qui a été inauguré jeudi 18 février par Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication avec Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo, ne déroge pas à la règle. Comme à l’accoutumée, ce « lieu de la rencontre entre nous-mêmes et l’art de notre temps », mêle sans esprit de chapelles, artistes reconnus et créateurs émergents. À côté d’une très grande figure de la création contemporaine – le trop discret Jean-Michel Alberola, absent depuis vingt ans des grandes rétrospectives parisiennes – on découvre neuf propositions artistiques, dont le style et le projet tour à tour séduisent, surprennent ou questionnent. Les artistes présentés constituent un témoignage éclatant de la vitalité de la création d’aujourd’hui.
Une grande diversité
Une scène de la création contemporaine dont la ministre de la Culture et de la Communication aura pu aussi apprécier – notamment à l’issue d’entretiens avec plusieurs des artistes présentés – la grande diversité. Diversité de supports (du film de Louidgi Beltrame aux installations de Sara Favriau et de Martin Soto Climent, des graffitis de Babi Badalov aux collages de Stéphane Calais, en passant par les néons de Jean-Michel Alberola et les peintures des frères Quistrebert). Diversité de sujets (de l’engagement au détournement en passant par l’introspection et le jeu). Diversité des artistes eux-mêmes (grande variété de générations, de parcours et de nationalités). Qu’ils soient plastiques, poétiques, politiques, ludiques, frénétiques ou optiques, les travaux exposés au Palais de Tokyo explorent chacun à sa manière les chemins variés – et passionnants – de la création d’aujourd’hui.
"Arpenter l'intervalle" et "Anémochories" : les artistes présentés au Palais de Tokyo
> Alberola, une conversation engagée et distante Véritable événement dans l’événement, la rétrospective consacrée à l’œuvre de Jean-Michel Aberola – l’un des artistes majeurs de la scène française des quarante dernières années – révèle un artiste à la fois engagé et distant. À l’écoute des problèmes de son temps (est-ce un hasard s’il définit son travail comme une « conversation » ?), il les filtre avant de les restituer à son public. Ainsi, avec Zénobie, reine de Palmyre, il évoque à sa manière (cultivée et fragmentaire) les destructions et pillages en Syrie et en Irak. Alternant peintures, néons, installations, dessins, esquisses, fragments ou films, l’artiste poursuit, de son propre aveu, une très riche « Aventure de détails ». Il convoque Kafka, Stevenson, La Boétie, Godard ou Debord, mais aussi Pavlov et Marx, pour parcourir, avec un salubre recul, les vertiges et vestiges de notre société.
> Les autres propositions Florian et Michael Quistrebert, The Light of the Light / Louidgi Beltrame, El Brujo / Simon Evans, Not Not Knocking On Heaven’s Door / Sara Favriau, La redite en somme, ne s’amuse pas de sa répétition singulière / Stéphane Calais, Les roses et les verts (une fête galante) et Automne Hiver / Vivien Roubaud, Œuvres in situ in Anémochories / Shana Moulton, Œuvres in situ in Anémochories / Martin Soto Climent, Frenetic Gossamer / Babi Badalov, For the wall, for the world